Hockey sur glace: Noah Rod: «Le but, c’est de détruire mentalement l’équipe adverse»

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Hockey sur glaceNoah Rod: «Le but, c’est de détruire mentalement l’équipe adverse»

Le capitaine de GE Servette ne dit pas s’il sera sur la glace ce mardi soir pour le début des Play-off contre Lugano. Mais il a quelques messages à envoyer.

Simon Meier
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Simon Meier
Noah Rod, ici après un but marqué contre Lausanne en novembre passé, est le garant d’un certain état d’esprit au sein du vestiaire grenat.

Noah Rod, ici après un but marqué contre Lausanne en novembre passé, est le garant d’un certain état d’esprit au sein du vestiaire grenat.

BASTIEN GALLAY / GALLAYPHOTO

Avec les Play-off, la saison des grands destins et des petits mystères commence. Alors Noah Rod, blessé contre Fribourg le 5 février puis réapparu quelques minutes devant Ajoie le 4 mars, ne dit pas s’il sera sur la glace ce mardi soir, à l’occasion du début des Play-off. Le capitaine de GE Servette, 26 ans dont bientôt dix en National League, avait en revanche deux-trois autres messages à faire passer avant le début des hostilités. Il l’a fait lundi midi, en une douzaine de minutes, dans le couloir des Vernets.

Cette première question vous est posée au nom de tous les supporters de GE Servette: comment va le capitaine Rod et surtout, sera-t-il sur la glace mardi soir pour l’acte I du quart de finale contre Lugano?

Une autre question.

La première moitié de la question, vous pouvez quand même y répondre, non?

(Sourire). Je vais bien, je suis content de vous voir. 

C’est la vérité?

Oui, je vais bien.

En tant que capitaine, quel message avez-vous envie de faire passer auprès de l’équipe?

Qu'il nous reste deux mois de hockey et qu’il va falloir tout donner, parce qu’on a une bonne fenêtre pour essayer de faire quelque chose de bien. On sait que pour gagner face à une équipe comme Lugano, il va falloir sortir des gros matches à chaque fois.

Le mode Play-off, à part que vous ne répondez pas à toutes les questions, cela change quoi concrètement?

Ça change tout, en fait. Tu essaies de peaufiner tous les détails, que ce soit sur la glace ou en-dehors, à la maison. Tu essaies de récupérer le plus et le mieux possible. Lors des matches, il y a plus d’intensité, d’agressivité, donc de bobos aussi. Il faut vraiment que tout concorde entre la glace et le hors-glace.

«Les meilleurs et les pires moments se passent en Play-off. Chaque action peut t’amener à quelque chose de très bien ou de très mauvais.»

Noah Rod, capitaine de GE Servette

Vu de l’extérieur, on a l’impression que vous entrez dans une bulle. Avez-vous le même sentiment, vu de l’intérieur?

Oui, c’est un peu ça. Par exemple, depuis ce soir (ndlr: lundi) jusqu’à dimanche, je ne verrai presque pas ma femme ni ma fille. Je serai tout le temps avec l’équipe, avec les voyages à Lugano, machin et tout. C’est vraiment une bulle qui se crée. Ce sont deux mois compliqués d’un point de vue familial, mais c’est là qu'il faut donner le maximum pour gagner.

Et à l’intérieur de la bulle, on ne risque pas d’étouffer?

Il faut en effet savoir en sortir de temps en temps. On aura un jour de congé par semaine et il faudra en profiter pour penser à autre chose qu’au hockey, avec les enfants, la famille. Après, on sait que tous les deux jours il y a un match. Donc c’est dur de sortir de cette bulle.

Si on évoque le Noah de 2014, le «gamin» avec sa grille qui s’était révélé en marquant le penalty décisif en quart de finale contre Lugano, ça vous inspire quoi?

C’étaient des très bons moments, d’autant que le club ne s’était plus qualifié pour les demi-finales depuis un petit bout de temps (ndlr: finale en 2010). Les meilleurs moments, tout comme les pires, ça se passe en Play-off. C’est comme ça, c’est là que toutes les émotions sont décuplées. Chaque action peut t’amener à quelque chose de très bien ou de très mauvais.

A titre plus personnel, ce souvenir de 2014 constitue aussi une occasion de mesurer le chemin parcouru entre la jeune tête brûlée et le capitaine posé d’aujourd’hui…

C’est clair que j’ai un autre rôle maintenant. Ça fait dix ans que je suis dans l’équipe, mon rôle a évolué et je me suis battu pour. J’ai réussi à obtenir ce que je voulais - mais pas jusqu’au bout. Il manque toujours ce titre pour compléter mes objectifs avec ce club et c’est pour ça qu’on se lève tous les jours et qu’on travaille dès les mois d’été: ces deux mois de Play-off.

Il y a un souvenir plus récent et moins rigolo lié à Lugano, avec l'élimination du printemps dernier en Pré-playoff. Avez-vous balayé ça de votre tête ou, au contraire, allez-vous vous en servir?

Je pense que les gars vont s’en servir. En tout cas moi, je vais m’en servir. Ce n’est pas de leur faute, si on n’a pas fait les Play-off l’an passé - c’est à cause de notre début de saison catastrophique. Mais c’est eux qui nous avaient porté le coup final et voilà: ça reste dans nos têtes.

Noah Rod, capitaine des Aigles depuis 2018, rêve de ramener le trophée de champion de Suisse aux Vernets.

Noah Rod, capitaine des Aigles depuis 2018, rêve de ramener le trophée de champion de Suisse aux Vernets.

BASTIEN GALLAY / GALLAYPHOTO

Avez-vous prévu un petit truc spécial en termes de motivation, un discours à l’équipe?

Les coachs s’occupent des discours - en tout cas au début. Ça fait plus d’une semaine qu’on se prépare et on a déjà eu l’occasion de se parler. Nous avons eu une bonne discussion avec les joueurs il y a quelque temps, où chacun a pu donner son opinion, son avis. 

«Tous les moyens sont bons pour montrer qu’on est tous des machines et que soir après soir, on va arriver comme des trains.»

Noah Rod, capitaine de GE Servette

Est-il possible d’avoir un petit extrait de cette discussion?

Non. 

Les Play-off, c’est aussi le côté provoc’, intox, sur la glace comme en-dehors. Trouvez-vous cet aspect utile voire amusant?

Je n’y accorde pas tellement d’importance. Je pense que si on est confiant, si on sait ce qu’on doit faire sur la glace et qu’on le fait bien, il n’y a pas besoin de jouer à ça. Il y a des équipes, c’est leur arme - ils font un peu avec ce qu’ils ont aussi. Il y a parfois des situations où c’est la meilleure arme. Alors ça devient plus agressif, avec les coups, les insultes - ça fait partie du jeu. Mais je ne pense pas que ce sera le but premier des deux équipes de jouer à ce jeu-là. On n’est pas une ligue de garage non plus, où les gars sont payés pour se battre. Nous, on est quand même là pour gagner des matches en pratiquant du beau hockey et je pense que ce sera la même chose pour Lugano.

Si on était l’adversaire de ce GE Servette-là, on penserait quand même à employer ces armes…

Oui, peut-être. Je pense qu'on est prêt. Notre équipe a beaucoup de talent, mais elle peut aussi jouer très physique - il n’y a pas que des petits gabarits. Et les gars sont prêts à tout pour gagner. Donc peu importe ce qu’il faudra faire, on jouera pour gagner.

Quelle est la chose la plus folle que vous ayez faite pour gagner un match de hockey?

Ce ne sont pas des trucs de malade. Mais on va au contact, il y a des bagarres et il faut s’y coller. Parce que le but, c’est vraiment de détruire mentalement l’équipe adverse. On sait qu’on a aussi nos atouts pour faire ça. On utilisera tout ce qu’il faut. 

Et ça commencera ici, dans le couloir qui mène à la glace des Vernets…

Tout, le moindre regard, peut jouer un petit rôle. Ça commence ici dans les couloirs et ça se finit sur la glace. Tous les moyens sont bons pour montrer qu’on est tous des machines et que soir après soir, on va arriver comme des trains.

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