BienneLes anciens abattoirs sauvés par le patrimoine!
Les autorités municipales ne pourront pas détruire des immeubles délabrés qui ont perdu leur vocation première: ils sont désormais protégés.
- par
- Vincent Donzé
La destruction des anciens abattoirs de Bienne semblait inéluctable, liée à la construction d’une autoroute de contournement, mais un premier miracle s’est produit avec l’abandon du projet de la branche Ouest de l’A5, vivement contestée au sein de la population. Un deuxième miracle a été annoncé cette semaine par «Le Journal du Jura»: pourtant appelé à réduire drastiquement sa liste de bâtiments dignes de protection ou de conservation, le Service bernois des monuments historiques a inclu les abattoirs dans son nouveau répertoire.
Une révision de la loi cantonale mentionne qu’au maximum 7% de toutes les constructions peuvent être déclarées dignes de protection. Du coup, ce sont 11 000 édifices qui ont perdu leur lustre, soit la moitié de l’inventaire.
Pendant 115 ans
Utilisés par les bouchers pendant 115 ans, jusqu’en 1992, les anciens abattoirs de Bienne font leur entrée dans le projet d’inventaire révisé et leur prestige a doublé. Problème: aucune rénovation n’a été entreprise ces 30 dernières années: les autorités ayant jugé leur maintien déraisonnable économiquement.
L’inventaire révisé est un projet contre lequel les propriétaires peuvent prendre position jusqu’au 20 octobre et, le cas échéant, déposer une demande contre l’inscription, mais leurs moyens juridiques sont limités: le dernier mot appartient au canton et une fois un édifice inventorié, sa radiation ne peut être demandé que dans le cadre d’une procédure ultérieure d’autorisation de construire.
Communauté d’intérêts
La menace de démolition éloignée, la communauté d’intérêts des abattoirs est gonflée à bloc, mais les finances de la Ville sont aussi délabrées que les anciens abattoirs. Le service d’urbanisme dira ce qui pourrait être mis en œuvre.
Au printemps dernier, les parlementaires biennois ont accepté un postulat interpartis suggérant une utilisation culturelle, sous le titre «Construire l’avenir: utiliser le potentiel des abattoirs de Bienne». Selon les signataires, l’aire des anciens abattoirs ne devrait être ni vendue ni louée comme actuellement pour le stationnement, mais mise à la disposition de la population en général et des sociétés en particulier.
200 000 francs par an
Les anciens abattoirs sont actuellement loués par la Ville à des entrepreneurs ou à des artistes pour un revenu annuel d’environ 200 000 francs. Le groupe d’intérêts «Centre culturel – Les Abattoirs de Bienne» y loue un local pour divers projets socioculturels.
La Suze qui coule sous le site pourrait être remise à ciel ouvert. «Je me souviens, pour avoir vécu à côté étant enfant, qu’on lavait les bêtes dans la rivière avant de les tuer», a déclaré publiquement la directrice des Finances Silvia Steidle.
Menu végétarien
Des animations sont prévues les 16 et 17 septembre prochains pour célébrer 30 années sans abattage. Le menu sera végétarien…
À Monthey, les anciens abattoirs sont devenus le «P’tit théâtre de la Vièze» en 1990. Un an plus tard, ceux de Sierre ont servi la culture alternative. Idem à La Chaux-de-Fonds depuis 2013, avec les expositions du «Quartier général» dans un espace placé sous la protection du patrimoine en 1988.