Guatemala: Le parti du président élu temporairement suspendu

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GuatemalaLe parti du président élu temporairement suspendu

Le parti Semilla du président élu Bernardo Arévalo, qui doit prendre ses fonctions le 14 janvier, a été suspendu temporairement lundi par le Tribunal suprême électoral.

Bernardo Arévalo à Guatemala City le 20 août 2023.

Bernardo Arévalo à Guatemala City le 20 août 2023.

AFP

Le Tribunal suprême électoral (TSE) du Guatemala a suspendu lundi, à la demande d’un juge, le parti Semilla du président élu Bernardo Arévalo, qui doit prendre ses fonctions le 14 janvier après que l’instance a également officialisé la victoire du social-démocrate.

«La Direction générale du registre des citoyens (…) décide de suspendre provisoirement l’inscription en tant que personne morale du Comité pour la constitution du parti politique Movimiento Semilla», indique la résolution du tribunal électoral.

Après le premier tour de la présidentielle le 25 juin, le juge Fredy Orellana avait ordonné, sur demande du procureur Rafael Curruchiche, au TSE de suspendre Semilla et d’enquêter sur des anomalies présumées concernant l’enregistrement de membres lors de sa formation en 2017. Les États-Unis considèrent Fredy Orellana et Rafael Curruchiche «corrompus».

Le TSE n’avait pas suivi l’ordre du juge au motif qu’il est impossible de suspendre un parti en plein processus électoral. La Cour constitutionnelle du Guatemala avait alors garanti la tenue du second tour à la date prévue entre les deux candidats qualifiés, Bernardo Arévalo et Sandra Torres.

Résultats officialisés

Le 20 août, Bernardo Arévalo est sorti largement vainqueur avec plus de 60% des suffrages. Son adversaire a dénoncé une supposée «fraude» durant l’élection. Lundi, le directeur du registre des citoyens, Ramiro Muñoz, a respecté l’ordre du juge Orellana en justifiant du fait que le processus électoral était terminé.

L’ordre du juge est «absolument illégal», a lancé en conférence de presse Bernardo Arévalo, ajoutant que la résolution du TSE ne faisait que «respecter» cet ordre. «Il y a un processus de persécution politique, faisant usage des instruments de la justice et des institutions judiciaires de manière illégale contre le Mouvement Semilla et notre candidature», a estimé le président élu, confirmé lundi par le TSE.

Selon des avocats, la suspension de Semilla n’a pas de conséquence sur l’entrée en fonction de Bernardo Arévalo. En revanche, elle peut affecter les membres du parti au Congrès et les empêcher par exemple de présider des commissions parlementaires.

En marge de l’annonce de la suspension de Semilla, le TSE a officialisé les résultats du second tour donnant Bernardo Arévalo vainqueur. Son mandat de quatre ans doit démarrer le 14 janvier, a déclaré le secrétaire général du TSE, Mario Velasquez.

«Système corrompu»

Quasiment inconnu à quelques mois du scrutin, Bernardo Arévalo a été mis dans la lumière par le procureur Curruchiche qui a lancé une croisade contre lui et son parti afin de le faire disqualifier, sans succès. Les procédures intentées contre le social-démocrate ont aussi bien éclipsé la campagne de son opposante que suscité un sentiment de solidarité chez les électeurs, face à une institution très discréditée dans le pays.

«Au Guatemala, nous assistons aux dernières estocades du système corrompu qui a coopté pendant des décennies les institutions publiques et fait aujourd’hui usage du système judiciaire de manière illégale contre Semilla», a dit à l’AFP Nino Matute, conseillère municipale du parti dans la capitale.

«Ils poussent à la limite la résistance des citoyens, ce qui pourrait facilement dériver vers une explosion sociale que nous ne voulons pas au Guatemala», a-t-elle estimé. «Nous les Guatémaltèques méritons un meilleur pays et de célébrer tous ensemble ce nouveau printemps qui, aujourd’hui et par décision populaire, est représenté par Bernardo Arévalo et Karin Herrera, président et vice-présidente» confirmés par le TSE, a mis en avant Mme Matute.

Les poursuites contre Semilla, impulsées par le parquet de la procureure générale Consuelo Porras, elle aussi considérée par Washington comme «corrompue», ont entraîné plusieurs manifestations pour réclamer sa démission.

(AFP)

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