Attentats du 13 novembre – Au procès du 13 novembre, l’accusé qui n’a «pas de souvenirs»

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Attentats du 13 novembreAu procès du 13 novembre, l’accusé qui n’a «pas de souvenirs»

L’accusé Ali El Haddad A., qui doit rendre des comptes au procès des attaques du 13 novembre 2015, affirme que ses voyages aux Pays-Bas étaient liés à la drogue et non aux armes.

Dans le box des accusés, plusieurs hommes doivent rendre des comptes dans le cadre du procès sur les attentats qui ont endeuillé la France en novembre 2015.

Dans le box des accusés, plusieurs hommes doivent rendre des comptes dans le cadre du procès sur les attentats qui ont endeuillé la France en novembre 2015.

AFP

Sa mémoire lui a fait défaut, mais l’accusé Ali El Haddad A. n’en a pas démordu jeudi au procès des attentats du 13 novembre: ses voyages aux Pays-Bas étaient liés à un trafic de stupéfiants, aucunement à la recherche d’armes pour les commandos. Pull camionneur blanc, cheveux bruns coiffés avec du gel, Ali El Haddad A. semble tendu dans le box.

Ce très proche d’Ibrahim El B., futur kamikaze des attentats de Bruxelles et soupçonné d’être un des logisticiens en chef du 13 novembre, est notamment accusé d’avoir tenté de se procurer des armes aux Pays-Bas avec son ami. «Jamais!» lance à plusieurs reprises le Belgo-Marocain de 37 ans, lors de son interrogatoire sur la logistique des attentats qui ont fait 130 morts à Paris et Saint-Denis le 13 novembre 2015.

Deux filières

Près de deux mois avant les attaques, il rend visite à Ibrahim El B. à Verviers (Belgique). Ali El Haddad A. s’en «rappelle», «mais la date précise» et la présence ou non de l’un de ses coaccusés, Yassine A., cousin de son ami, il n’est «pas sûr». Ils se déplacent ensuite à Liège. «C’est possible, mais franchement j’ai pas de souvenirs», répète inlassablement Ali El Haddad A., de nombreuses fois questionné sur ce déplacement.

Ce voyage intéresse particulièrement l’accusation. L’enquête s’est intéressée à deux possibles filières d’acheminement des armes qui ont servi le soir du 13 novembre, une dans la région de Verviers et Liège, l’autre à Rotterdam, aux Pays-Bas. Mais l’origine exacte des fusils d’assaut utilisés par les commandos jihadistes n’a jamais pu être déterminée.

Butant sur les réponses identiques d’Ali El Haddad A. sur ce déplacement, la Cour d’assises spéciale passe à un autre volet. Début octobre 2015, l’accusé trouve un studio à Bruxelles pour Ibrahim El B. Il ne «se souvient plus très bien», mais Ibrahim El B. lui avait dit être recherché «pour un braquage» et devait «se cacher», affirme l’accusé.

«Jamais acheté de kalachnikov»

Selon les images de vidéosurveillance du hall de l’immeuble, Ali El Haddad A. l’a aidé à emménager et lui a rendu visite dix fois avant le 13 novembre, une vingtaine d’heures en tout, lui apportant notamment de la nourriture, le transportant parfois en voiture. De quoi parlaient-ils? «Rien de spécial. Pas de terrorisme, pas de jihadisme», balaie Ali El Haddad A.

Il se rend deux fois aux Pays-Bas courant octobre 2015, les 7 et 28. Avec Ibrahim El B.? «Non», vitupère-t-il. Le deuxième voyage, à Rotterdam, c’est «pour du cannabis, mais je me rappelle plus la quantité», souligne l’accusé. Dans des échanges téléphoniques avec son cousin, il est question d’acheter des «Clio», deux pour «2200 euros», puis trois autres. «On parle de quoi là», l’interroge le président, Jean-Louis Périès.

«Bah, de résine de cannabis», répond Ali El Haddad A. «Pourquoi autant?» poursuit le magistrat. «Y avait de la demande», lâche l’accusé. Cinq kilos, «c’est pas si énorme que ça». Des noms des fournisseurs et si la transaction a bien eu lieu, le Belgo-Marocain dit ne pas avoir de souvenirs précis. Il ne cherchait pas plutôt à se procurer des armes? «Moi, j’ai jamais acheté de kalachnikov de ma vie, s’emporte Ali El Haddad A. Après, si la police ça l’intéresse de faire des hypothèses.»

«C’est pas courant, quand même»

«Clio», c’est l’anagramme de kilo», relève un de ses avocats, Me Martin Méchin. Un même «kilo» qui apparaissait dans l’une des conversations avec son cousin. «Un kilo d’armes, c’est pas courant quand même», pointait lundi une autre avocate d’Ali El Haddad A., face à une enquêtrice belge.

«Il y a quelque chose qui peut être irritant chez vous, vos «je ne me souviens pas» à répétition. Pourquoi vous le dites si souvent», lui demande Me Méchin. «C’était il y a sept ans (…) On continue à me poser des questions sur ça, pour maintenir l’illusion que l’enquête a été menée de main de maître. Pour moi, c’est clair: tout le monde sait que je n’ai pas vendu d’armes», conclut l’accusé.

(AFP)

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