PakistanL’ex-Premier ministre fait appel de sa condamnation
Les avocats d’Imran Khan, qui a commencé à purger sa peine en prison, ont déposé les recours pour suspendre sa condamnation pour corruption.
Les défenseurs de l’ancien Premier ministre pakistanais, Imran Khan, ont fait appel mardi, de sa condamnation pour corruption. Celui qui souhaitait se présenter aux élections prévues d’ici à la fin de l’année, après avoir été chassé du pouvoir par une motion de censure en avril 2022, a été condamné samedi par un tribunal à trois ans de prison. Il avait aussitôt été arrêté à son domicile et transféré dans une prison de la ville d’Attock, à environ 60 kilomètres de la capitale Islamabad.
L’avocat de l’ex-Premier ministre, Gohar Khan, a indiqué qu’une demande «de suspension temporaire de la décision» et «de remise en liberté sous caution» avait été déposée. Si elle n’est pas annulée, cette condamnation l’empêchera de se présenter aux prochaines élections. «Le tribunal examinera l’affaire demain et, comme la peine est courte, nous espérons qu’Imran Khan sera libéré sous caution» dans quelques semaines, a ajouté l’avocat. «Actuellement, il n’y a pas d’État de droit au Pakistan, nous nous précipitons d’un tribunal à l’autre», a déclaré une autre de ses avocates, Mishal Yousafzai.
Un matelas à même le sol
Lundi, le porte-parole de M. Khan, Raoof Hasan avait déclaré que M.Khan était détenu dans des «conditions déplorables, indignes d’un être humain». «Mais il a bon moral», avait-il ajouté. Le septuagénaire est détenu dans une cellule dite «de classe C», où il dort sur un matelas à même le sol, avec juste assez de place pour un tapis de prière, selon M. Hasan. Une requête a été déposée pour que l’ex-Premier ministre soit transféré dans une «cellule de classe A», plus confortable et généralement réservée aux personnalités.
Accusée d’avoir reçu, lorsqu’il était au pouvoir, des cadeaux dont il a sous-estimé la valeur avant de les revendre au prix fort, l’ancienne star de cricket reconvertie en politique estime que ces poursuites sont motivées par des considérations politiques visant à l’empêcher de se représenter. M. Khan est poursuivi dans plus de 200 affaires depuis son départ du pouvoir. Toute personne condamnée pour une infraction pénale est généralement exclue des élections ou de l’exercice d’une fonction.
L’actuel Premier ministre Shehbaz Sharif a annoncé dimanche que le Parlement serait probablement dissous mercredi, quelques jours avant la fin prévue de son mandat. Cela donnerait au nouveau gouvernement intérimaire jusqu’à la mi-novembre pour organiser des élections. Elles pourraient cependant être retardées après la publication samedi des données du dernier recensement du pays. La commission électorale doit redessiner les limites des circonscriptions, ce qui, selon le ministre de la Justice Azam Nazeer Tarar, entraînerait probablement un retard. «Si Dieu le veut, l’affaire ne dépassera pas 50 à 60 jours», a déclaré le ministre à la télévision.
L’arrestation et la détention d’Imran Khan pendant trois jours dans le cadre de la même affaire en mai avaient déclenché des heurts meurtriers dans la rue entre des dizaines de milliers de ses partisans et la police. La quasi-totalité des dirigeants de son parti, le Pakistan Tehreek-e-Insaf (PTI), avaient par la suite été arrêtés ou contraints de se cacher, les obligeant à mettre en place un organe décisionnel de remplacement.