ThaïlandeThaksin Shinawatra va être libéré dimanche
L’ancien Premier ministre de 74 ans va être libéré dimanche après six mois de détention, selon le chef du gouvernement thaïlandais.
L’ancien Premier ministre thaïlandais Thaksin Shinawatra, détenu dans un hôpital en raison de problèmes de santé, va recouvrer la liberté dimanche, six mois après son retour de quinze ans d’exil volontaire, a confirmé samedi l’actuel chef du gouvernement.
«Je sais seulement que ce sera le 18 février. Nous n’avons pas parlé des détails», a déclaré à la presse le Premier ministre Srettha Thavisin, depuis un aéroport de Bangkok avant de prendre un avion pour un déplacement dans le Nord-Est. «Cela se fera en accord avec la loi», a-t-il insisté.
Les médias thaïlandais ont évoqué une libération avant l’aube, dès 05H00 du matin (23H00 en Suisse samedi), mais le dirigeant a assuré ne pas savoir. Dès samedi, des journalistes attendaient devant la maison luxueuse de Thaksin Shinawatra, située dans un quartier tranquille de la capitale Bangkok.
Parcours unique
Le milliardaire âgé de 74 ans, qui divise la Thaïlande depuis plus de vingt ans, s’apprête à refermer un chapitre de son parcours unique en Thaïlande, émaillé de tensions avec la justice reflétant son opposition passée avec l’armée et la monarchie.
Le ministre de la Justice avait indiqué mardi que le prisonnier allait être libéré avant le terme de sa condamnation, en raison de son état de santé.
Initialement condamné à huit ans de prison pour corruption et abus de pouvoir, Thaksin Shinawatra a obtenu en septembre d’une grâce royale qui a réduit sa peine à un an derrière les barreaux.
Avec la confirmation de sa remise en liberté dès dimanche, il n’aura passé que six mois en détention, en très grande partie dans un hôpital de la police, à Bangkok, où il a subi au moins deux opérations chirurgicales selon sa famille. Le traitement de faveur dont il aurait bénéficié a alimenté les interrogations d’experts autour d’un pacte secret entre le clan Shinawatra et les militaires.
Retour négocié
L’entourage du magnat des télécoms aurait négocié le retour du patriarche, en échange de l’intégration dans la coalition gouvernementale dirigée par le parti familial de formations conservatrices pro-armée. Cette alliance controversée a suscité une levée de boucliers de la part des supporters de la vieille garde de Thaksin Shinawatra, qui a longtemps été la bête noire des généraux.
Le milliardaire a dirigé le royaume de 2001 à 2006, jusqu’à un coup d’Etat de l’armée, qui s’inquiétait de la concentration des pouvoirs autour de cette personnalité jugée populiste par ses détracteurs. S’il a été crédité d’une bonne gestion de l’économie, pour reconstruire un pays affecté par la crise de 1997, le dirigeant a souvent été accusé de mélanger ses affaires privées avec celles de l’Etat.
Son style a contribué à couper le pays en deux, entre ses soutiens issus des campagnes du Nord et du Nord-Est, «les chemises rouges», et ses opposants attachés à la monarchie, «les chemises jaunes». Le clivage a aujourd’hui été atténué par l’irruption des réformistes de Move Forward, devenus la principale force de contestation aux yeux des nouvelles générations.
Plusieurs fois condamné
Condamné dans plusieurs affaires qu’il estime motivées politiquement, Thaksin Shinawatra s’était exilé pendant quinze ans, jusqu’à son retour en août dernier.
Depuis l’étranger, le dirigeant a continué à exercer une influence à travers sa famille et son parti, aujourd’hui appelé Pheu Thai, aujourd’hui dirigé par sa fille Paetongtarn Shinawatra. Celle-ci a diffusé samedi une vidéo sur Instagram d’enfants préparant une bannière pour accueillir leur grand-père. «Nous avons attendu ce moment depuis tellement, tellement longtemps», pouvait-on lire.
Thaksin Shinawatra fait également l’objet d’accusations de lèse-majesté pour des propos tenus en 2015, mais la justice thaïlandaise n’a pas encore décidé des suites à donner sur cette affaire.