États-UnisUne première juge noire accède à la Cour suprême
Jeudi soir, Ketanji Brown Jackson, juge noire de 51 ans, a été élue à la Cour suprême des États-Unis par le Sénat. Une confirmation historique.
Le Sénat américain a procédé, jeudi, à la confirmation historique de la juge Ketanji Brown Jackson à la Cour suprême, dont elle sera la première magistrate noire. Tous les élus du parti démocrate et trois sénateurs républicains modérés ont voté pour faire entrer cette brillante juriste de 51 ans dans le temple américain du droit.
Cette magistrate avait été choisie fin février par le président démocrate Joe Biden, qui avait promis pendant sa campagne de nommer, pour la première fois, une femme noire à la plus haute institution judiciaire du pays, vieille de 233 ans. «C’est un jour merveilleux, un jour joyeux, un jour inspirant», a salué le chef des démocrates au Sénat, Chuck Schumer. Comme pour souligner le caractère historique de cette nomination, Kamala Harris, la première femme noire à accéder à la vice-présidence des États-Unis, a présidé la séance de vote.
Que cinq femmes
La confirmation, que la juge Jackson a regardée en direct depuis la Maison-Blanche au côté de Joe Biden, a été accueillie par une ovation debout des démocrates dans l’hémicycle. Sur les 115 juges ayant jusqu’ici siégé à la Cour suprême, il n’y a eu que cinq femmes – quatre Blanches et une Hispanique – et deux hommes noirs, dont l’un, Clarence Thomas, a été nommé par George Bush père et siège toujours.
À la Cour suprême, Ketanji Brown Jackson remplacera le magistrat progressiste Stephen Breyer, 83 ans, qui prendra sa retraite fin juin. Le président Biden n’a eu de cesse de vanter les «qualifications extraordinaires» de cette diplômée de Harvard, qui possède une expérience dans le privé et le public et a été avocate et juge fédérale.
Trump nomme trois juges
Il s’agit pour le dirigeant démocrate de sa première nomination à la Haute Cour. Elle ne changera toutefois pas le rapport de force au sein du prestigieux collège de neuf magistrats, dont la mission est de veiller à la constitutionnalité des lois et de trancher les importants débats de société aux États-Unis, comme l’avortement ou le mariage homosexuel.
Avant Joe Biden, Donald Trump a en effet eu l’occasion de nommer trois juges à la Cour suprême, ancrant l’instance dans le conservatisme, possiblement pour plusieurs décennies. En raison de ce faible enjeu, les élus républicains ont surtout utilisé l’audition de Ketanji Brown Jackson devant le Sénat pour faire résonner leurs thématiques de campagne à sept mois de législatives cruciales, à commencer par la criminalité, qui augmente selon eux à cause du «laxisme» de Joe Biden.
«Vous êtes ici parce que vous le méritez»
En écho à cette thèse, ils ont attaqué la candidate sur son bilan en tant que juge, l’accusant d’avoir prononcé des peines légères dans plusieurs dossiers de pédopornographie, ce à quoi «KBJ» a parfois opposé une certaine lassitude. «Aujourd’hui l’extrême gauche a obtenu la juge de la Cour suprême qu’elle voulait», a fustigé le chef des républicains au Sénat, Mitch McConnell, juste avant le vote.
Les démocrates, qui feront sans aucun doute campagne sur le caractère historique de cette nomination à l’heure où Joe Biden est à la peine dans les sondages, ont au contraire loué son expérience et le soutien dont elle dispose auprès de syndicats de policiers et d’anciens procureurs. «Vous êtes ici parce que vous le méritez» et «personne ne me volera ma joie!» a lancé le sénateur noir Cory Booker lors de l’audition, dans une envolée qui a arraché une larme à la magistrate. Mère de deux filles, Ketanji Brown Jackson est mariée à un éminent chirurgien.