Présidentielle en République dominicaineLe président sortant réélu au premier tour
Le président sortant de République dominicaine Luis Abinader, ferme à l’égard d’Haïti, a été réélu dimanche soir dès le premier tour.
Le chef d’État dominicain sortant Luis Abinader, qui a fait campagne autour de son bilan économique et sa politique de fermeté vis-à-vis de l’immigration en provenance d’Haïti, a été réélu dès le premier tour de la présidentielle pour un nouveau mandat de quatre ans.
«Le peuple s’est exprimé clairement (…) J’accepte la confiance que j’ai reçue et l’obligation de ne pas décevoir. Je ne vous décevrai pas», a-t-il lancé à ses partisans quelques minutes après que ses deux principaux rivaux ont reconnu leur défaite.
«Je suis et je serai le président de tous les Dominicains et Dominicaines», a insisté Luis Abinader qui était le grand favori des sondages. Il avait fait de la lutte contre l’immigration haïtienne, souvent associée à la criminalité, un des chevaux de bataille de sa présidence.
Haïti, avec lequel la République dominicaine, bien plus prospère, partage l’île d’Hispaniola, s’enfonce dans une crise sas précédent aggravée par la violence des gangs.
Son opposant le félicite
Les résultats complets ne sont pas connus mais selon les recensements partiels du Conseil national électoral (JCE, Junta central électoral) à 22 h 30 locale (4 h 30 en Suisse) avec 21,42% de suffrages comptabilisés, Luis Abinader a recueilli 59,05% des voix contre 26,98% à l’ancien président Leonel Fernandez. Abel Martinez arrive troisième avec 10,76% des voix, les six autres candidats étant loin derrière.
«Ce soir, j’ai téléphoné au président Luis Abinader pour saluer sa victoire électorale et lui souhaiter beaucoup de succès dans son administration», a écrit Leonel Fernandez sur X.
Au siège de campagne du président, quelque 200 militants et partisans de M. Abinader ont crié leur joie, tapé dans leurs mains, convaincus de la victoire. «Quatre ans de plus, quatre ans de plus», ont-ils scandé, a constaté un journaliste de l’AFP.
«Heureuse. Contente! Nous les avons balayés, on va vers le haut. Cela signifie que le pays poursuit le changement, qu’il est en faveur de la démocratie, que nous allons de l’avant», s’est félicité Joney Dotel, 38 ans, psychologue, au Quartier général de campagne de Luis Abinader.
Diaspora
La formation politique de Luis Abinader, le Parti révolutionnaire moderne (PRM) qui avait déjà remporté 120 des 150 municipalités en février, devrait aussi obtenir la majorité des sièges des 190 députés et 32 sénateurs en jeu.
À surveiller notamment, le vote de la diaspora, majoritairement installée aux États-Unis. Elle représente 11% des votants et ses transferts de fonds vers la mère patrie ont pesé pour 9,1% du PIB en 2022, selon la Banque mondiale.
L’opposition a dénoncé dimanche «l’achat massif de votes» par le parti du président, assurant avoir «recueilli des preuves – vidéos, photos», selon Manuel Crespo, un délégué de l’opposition. «Une fois de plus, ils (le PRM) achètent des bulletins de vote», s’est insurgé l’ancien président Danilo Medina (2012-2020), «ils veulent répéter ce qu’ils ont fait en février», lors des municipales. La Commission électorale centrale a indiqué qu’elle n’avait reçu aucune plainte officielle concernant l’achat de votes.
Environ 70% des Dominicains approuvent la gestion de Luis Abinader et notamment sa politique de fermeté à l’égard d’Haïti. Depuis son arrivée au pouvoir en 2020, il a multiplié les opérations anti-immigration et expulsions, et construit un mur sur une partie de la frontière avec Haïti, en proie à une crise politique et humanitaire chronique aggravée par la violence des gangs qui contrôlent une grande partie de son territoire.
Résultats économiques positifs
«Le président Abinader a relevé le pays. Il doit mettre en place des lois plus strictes pour les migrants. Lorsque, nous (les migrants dominicains) allons à Porto Rico ou aux États-Unis dans un canot pneumatique, ils nous renvoient. Ce pays (République dominicaine) est libre et souverain. (On veut) Zéro Haïtien dans ce pays», clame Pedrito Nunez, un militant également présent au QG de campagne.
«C’était prévu (la victoire) et j’en suis très heureuse», se réjouit Mary Pimente, 44 ans. «Là où j’habite, je vois passer un camion (d’expulsion) de migrants tous les jours».
Luis Abinader se targuait aussi de résultats économiques positifs, évoquant une croissance «élevée», une inflation «dans la fourchette» et un faible taux de chômage. La Banque mondiale prévoit une hausse de 5% du PIB d’ici à la fin de l’année, tout comme le FMI, qui souligne le «potentiel» du pays à «devenir une économie avancée» dans les prochaines décennies.
Leonel Fernandez a cependant dénoncé une manipulation des chiffres, soulignant que le panier alimentaire de base a augmenté de 3,56% en 2023 par rapport à 2022.