SportAbécédaire prospectif du sport en 2024 (2/4)
L’année que vient de débuter s’annonce intense pour les sportifs, mais aussi pour ceux qui aiment suivre les athlètes depuis leur canapé. En quatre épisodes, on a essayé d’imaginer ce que sera le sport en 2024. Ou pas. Plutôt pas, en fait…
- par
- Robin Carrel
G comme: Gut-Behrami
La Tessinoise est comme le bon vin, elle se bonifie avec le temps. Mais la Suissesse a son caractère et c’est sur un coup de tête qu’elle a décidé de prendre sa retraite, au soir du premier entraînement de descente à la mi-février à Crans-Montana. Lara Gut-Behrami pensait continuer jusqu’aux Mondiaux de Saalbach en 2025, mais elle en a apparemment eu assez des polémiques qui la poursuivent sans cesse. Une année après avoir dit «Leck mich am Arsch, dass ich noch zum Präsidenten gehen soll» (on vous évite la traduction), sans doute à propos de Marius Robyr, c’est cette fois Christian Constantin qui en a pris pour son grade. Une sombre histoire de copropriété dans le Lavaux, à ce qu’ont pu entendre les suiveurs et la seule vue de la Ferrari de l’omni-président valaisan dans le parking de l’épreuve montanaise a suffi à lui faire prendre cette décision. Finalement, à la surprise générale, elle était de retour dans les portillons la semaine suivante au Val di Fassa. Ouf!
H comme: honteux!
Comme le bilan des Suisses aux Jeux de Paris. Après avoir vécu leur meilleure vie aux JO de Tokyo en 2021 avec 13 médailles, dont une flopée de pas forcément attendue, les athlètes à croix blanche sont rentrés dans le rang. Malgré la classe de Stefan Küng en cyclisme, les exploits de Nina Christen (deux médailles) au tir et la fusée Noè Ponti (un bronze, deux 4es places) en natation, le compteur de breloques s’est arrêté à quatre, comme à Londres en 2012. Soit le pire bilan depuis Barcelone 1992, quand Marc Rosset avait sauvé la patrie, ou encore ceux de Melbourne en 1956, quand le pays avait tout boycotté à part l’équitation qui avait eu lieu en Suède. «Ouais, mais c’est encore une fois la faute des Romands, a expliqué Ralph Stöckli, le chef de mission de Swiss Olympic. Ils ont trop pris l’habitude que les Français fassent le sale boulot à leur place et n’ont pas réussi à tout donner au bon moment!»
I comme: incroyable…
Les plus pessimistes imaginaient des mouvements syndicaux en plein Jeux olympiques de Paris et s’inquiétaient pour les transports publics, notamment. Comment se déplacer entre les sites si jamais la CGT et compagnie décidaient de débrayer en plein pendant les compétitions? Ce scénario «catastrophe» ne s’est heureusement pas présenté, mais c’est bien pire qui s’est produit pour les JO français. Car quelques semaines avant le début des épreuves, ce sont carrément les athlètes en bleu, blanc et rouge qui ont planté un piquet de grève! Du jamais vu et même limite incroyable, même si impossible n’est pas français. Dans la foulée de Martin Fourcade, qui ne sait plus trop comment s’occuper depuis qu’il a arrêté le biathlon, les athlètes français ont décidé de ne pas participer à leurs Jeux pour une vulgaire histoire de revendications de retraite à 32 ans pour tous les Olympiens. Refusé par Emmanuel Macron, qui a décidé d’envoyer ses Ministres sur les compétitions. Au final, la France a récolté zéro médaille.
J comme: Justin Murisier
Blessure, résultats moyens, blessure, contre-performances, blessure, déceptions… Et forcément les moqueries qui vont avec, dans un pays qui ne pardonne rien à ses skieurs, après avoir tant rêvé dans les grandes années. Et bien 2024 est l’année de la vengeance, pour Justin Murisier. Le Valaisan a décidé de se lancer avec bonheur dans les disciplines de vitesse et bien lui en a pris. Après un début de saison prometteur, le cador de Martigny a surpris les suiveurs et remporté la descente de Kitzbühel au mois de janvier, une seconde devant tout le monde. Et tant pis si la neige a commencé à tomber après le dossard 8. Et tant pis si les télévisions du monde entier (enfin, celles que les sports de neige intéressent) se retrouvent à toutes devoir se taper une apparition impromptue de son sponsor du Maté El Tony – une infusion énergisante venue d’Amérique latine et logiquement venue de Lucerne. La chance a tourné et ça nous a fait rêver.
K comme: King Küng
D’un coup de baguette magique, toute la poisse qui a accompagné Stefan Küng lors de sa carrière a disparu. Enfin, les secondes qui filent du mauvais côté, les chutes au pire moment, le coureur de la Groupama-FDJ a pu les oublier. Car le demi-Liechtensteinois a remporté son Graal, le titre olympique, lors de l’épreuve contre la montre des Jeux olympiques de Paris. Devant son fan-club en délire et les quelques Suisses qui se sont massés le long du tracé, King Küng a écrasé la concurrence sur les 32,4 kilomètres du parcours, malgré seulement 150 mètres de dénivelé positif, entre l’Esplanade des Invalides et le Pont Alexandre III. Chez les dames, Marlen Reusser a terminé médaillée. Elle a décidé de s’arrêter à mi-parcours on ne sait pas trop pourquoi, avant de repartir 5 minutes plus tard on ne sait pas trop pourquoi là non plus. Suffisant pour ramener de l’argent…
L comme: Ludovic Magnin président!
Lassés de ne pas dénicher un directeur sportif qui trouve grâce aux yeux de leur entraîneur, les décideurs du Lausanne-Sport finissent par offrir la double casquette au coach vaudois. C’est une réussite, dans la mesure où le LS se sauve à l’avant-dernière journée, à la suite d’une victoire homérique contre Winterthour (2-1), après trois penalties manqués et une tête rageuse de Brighton Labeau à la 94e. Histoire de bien avoir la main sur le sportif, Ludovic Magnin décide alors de s’auto-nommer vice-président des opérations sportives d’Ineos. Il sera d’ailleurs vu sur la promenade des Anglais, au mois de juillet, pour y fêter le maillot de meilleur grimpeur remporté par Egan Bernal sur le Tour de France. Selon Nice-Matin, l’entraîneur de St-Barthélemy en aurait profité pour régler le mercato de l’OGN Nice, avant d’embarquer sur un vol EasyJet en direction de Manchester United.
M comme: Mbappé
Le feuilleton entre Kylian Mbappé et le Paris St-Germain n’en finira jamais! À peine deux semaines avant d’être libre de tout contrat, l’attaquant star a prolongé pour huit ans son entente avec le club de la capitale à la mi-temps de la partie entre la France et l’Autriche de l’Euro en Allemagne, devant les caméras de TF1. Sauf que le Français a fait ajouter de nombreuses clauses à cet accord lui assurant un confortable revenu net de plus de 50 millions d’euros annuels, auxquels il faut ajouter des primes de fidélité tous les six mois de 10 m² du Parc des Princes. A chaque intersaison, le joueur peut toutefois se libérer de son arrangement avec le PSG, moyennant la somme d’un Euro symbolique. L’attaquant s’est aussi assuré du fait que sa photo soit publiée sur l’Arc de Triomphe à chacun de ses buts avec le club parisien.