AutomobilismeLa saison commence véritablement ce week-end
Les cinq premiers GP de la saison peuvent être considérés comme une répétition générale. À Barcelone, les écuries amènent quasi toutes des monoplaces revues et corrigées.
- par
- Luc Domenjoz
Nouveaux ailerons
Le problème principal apparu depuis le début de la saison? Le marsouinage, terme nouveau inventé en voyant ces monoplaces de F1 plonger puis remonter sans cesse en ligne droite, phénomène que personne n’avait anticipé et qui est dû à l’effet de sol – cet effet aérodynamique entraîné par les ailes d’avion inversées placées sous les monoplaces. Ce qui a conduit à un phénomène de «bouncing» qui affecte plus ou moins certaines écuries – les Mercedes en étant particulièrement victimes.
Aperçu dès les premiers essais privés de février, le problème n’a cessé d’être le casse-tête des ingénieurs. Avec le temps nécessaire pour trouver des solutions puis développer de nouvelles pièces, c’est ce week-end, à Barcelone, que les équipes amènent des nouveautés censées apporter des solutions.
Chez Mercedes, notamment, on espère que le nouvel aileron arrière aperçu dans le paddock du circuit de Catalunya permettra d’enrayer ce phénomène de marsouinage.
Ce week-end espagnol semble critique pour l’écurie championne du monde, après un début de saison calamiteux qui voit Lewis Hamilton ne pointer qu’à la sixième place du classement, avec… 69 points de retard sur Charles Leclerc.
Ferrari et Red Bull ont aussi amené de nouvelles pièces aérodynamiques. Pour la Scuderia, il s’agit de reprendre la main. Si l’écurie est toujours en tête du classement des constructeurs, elle ne compte plus que six points d’avance sur Red Bull. Sans leurs nombreux abandons, les Red Bull seraient largement en tête aujourd’hui.
La Scuderia le sait et aligne ici une F1-75 profondément remaniée, avec l’espoir de reprendre l’avantage en conditions de course – les Ferrari se montrant toujours très rapides en version de qualification.
«Je suis surpris de constater que Red Bull ne cesse d’améliorer sa voiture de course en course», lâche tout de même Mattia Binotto, le patron de Ferrari. «Ces deux dernières courses, ils ont apporté plusieurs modifications qui leur ont permis de gagner deux dixièmes sur nous. Avec le budget plafonné (140 millions de dollars par an par équipe), je ne sais pas comment ils peuvent trouver les moyens de faire ça. J’espère qu’à un certain moment, leurs développements s’arrêteront, sinon je vais me demander comment ils les financent. Nous, nous avons été contraints de nous limiter à une grosse mise à jour de la voiture, que nous alignons ce week-end.»
Si les cinq premières courses de la saison ne constituaient que l’apéritif avant le plat principal de la saison 2022, qui début ce week-end, les points qui y ont été marqués comptent tout de même! Charles Leclerc se présente ainsi avec 19 points d’avance sur Max Verstappen avant ce Grand Prix d’Espagne.
Fernando Alonso content de son âge!
Après la retraite de Kimi Räikkönen, à la fin de la saison dernière, Fernando Alonso se pose comme le plus âgé des pilotes de F1 en activité - il fêtera ses 41 ans en juillet prochain.
Ce qui ne l’empêche pas de se sentir encore en plein état de marche! «L’âge n’est pas un facteur important en F1», commente-t-il dans le paddock de Barcelone. «Dans les autres sports, c’est différent, tout dépend de vote condition physique. Mais pas en sport automobile. Je préférerais avoir un nouvel aileron arrière que trois ans de moins!»
Ça tombe bien, l’aileron, il l’a. À Barcelone, Alpine aligne plusieurs modifications dont des ailerons retouchés.
Avec l’âge, un pilote peut évidemment se montrer plus expérimenté, mais les circonstances peuvent aussi le pousser à commettre davantage d’erreurs. À Miami, il y a deux semaines, Fernando Alonso a heurté la voiture de Pierre Gasly en tentant un dépassement trop audacieux. «Je n’aurais peut-être pas commis la même erreur il y a dix ans, quand je jouais le championnat», poursuit l’Espagnol. «Mais ça n’est pas une question d’âge: c’est plutôt que lorsque l’on cherche à devenir champion, on fait plus attention à ne pas être éliminé. Quand je lutte pour la septième place, je pense que je peux me permettre des actions plus risquées.»
Pour le reste, Fernando Alonso pense rester en F1 deux ou trois saisons supplémentaires. Pour l’instant, il n’a aucun contrat pour 2023, et affirme vouloir attendre l’été pour prendre une décision.
Sotchi ne sera pas remplacé
Après l’annulation du Grand Prix de Russie suite à l’invasion de l’Ukraine, il a longtemps été question d’une reprise de la date du 25 septembre par le Qatar, ou par une deuxième course d’affilée à Singapour, ou par un Grand Prix en Allemagne sur le circuit de Hockenheim.
Finalement, tant pour des raisons logistiques que de coûts, la direction sportive de la F1 renonce à remplacer cette date.
Cette saison, tout comme l’an dernier, il n’y aura donc que 22 Grands Prix. Liberty Media, qui détient les droits commerciaux de la F1, vise toujours les 25 courses en 2023 – avec le Qatar et Las Vegas en plus des 23 courses prévues cette année.
La FIA renforce sa structure de direction
Après le scandale de la course d’Abu Dhabi, en fin de saison dernière, la Fédération Internationale de l’automobile (la FIA) a décidé de revoir entièrement la façon dont les Grands Prix sont dirigés.
Elle a déjà remercié le directeur de course de l’époque, Michael Masi, pour le remplacer par un tandem constitué de Niels Wittich et Eduardo Freitas.
Deux hommes qui sont déjà controversés, notamment pour avoir refusé d’écouter les pilotes et d’installer de nouvelles protections sur les circuits de Djeddah et de Miami, mais aussi pour leur décision de renforcer la surveillance du règlement – jamais appliqué depuis 2005 – qui interdit aux pilotes de porter des bijoux et des piercings. Une affaire qui n’est pas terminée, et qui est censée rebondir à Monaco, le week-end de l’Ascension, lorsque Lewis Hamilton sera en théorie obligé d’enlever ses piercings ou de renoncer à piloter!
En attendant, à Monaco toujours, la FIA mettra en place un homme de plus pour s’assurer que la direction de course fait convenablement son travail: le Français François Sicard, ancien patron de l’écurie Dams – celle qui fait courir Sébastien Buemi en Formule E, la formule électrique.
François Sicard débutera son rôle de directeur sportif, une fonction nouvelle créée par la FIA pour superviser la direction de course. Celle-ci a été elle-même renforcée par un sous-directeur - le Britannique Michael «Herbie» Blash, 73 ans, un ancien patron de l’écurie Brabham - et par une structure de contrôle située à Genève qui suit les courses et contrôle chaque décision en direct.