SlovénieLa population aux urnes sur fond d’inquiétude pour l’État de droit
Les Slovènes se prononcent dimanche pour la reconduction ou non du Premier ministre Janez Jansa adepte du style autoritaire du Hongrois Viktor Orban.
Les Slovènes ont commenté à voter dimanche pour élire leurs députés, avec en jeu la reconduction ou non du Premier ministre conservateur Janez Jansa, accusé de copier le style autoritaire du Hongrois Viktor Orban. Il est donné au coude-à-coude avec le candidat libéral Robert Golob, ex-entrepreneur dans l’énergie solaire récemment converti à la politique. Pour cet ingénieur de 55 ans, ce vote est «un référendum sur la démocratie en Slovénie», où 1,7 million d’électeurs sur une population de 2 millions sont attendus.
Choc des visions
Au cours de ces deux années, son gouvernement «s’est livré à des atteintes répétées à l’État de droit et aux institutions démocratiques», note l’influente ONG américaine Freedom House dans son rapport annuel publié cette semaine, citant «les attaques» contre l’appareil judiciaire et les médias. Admirateur assumé de l’ancien président américain Donald Trump et allié de l’ultra-conservateur Orban, Janez Jansa a privé pendant des mois de fonds publics l’agence de presse nationale STA, au ton jugé trop critique. Et face aux avertissements de la Commission européenne, il a étrillé des «bureaucrates surpayés», multipliant les passes d’armes avec Bruxelles.
Uros Esih, commentateur politique du grand quotidien Delo, voit dans ce scrutin «un combat entre les forces libérales et illibérales». Il craint qu’une victoire de Janez Jansa ne rapproche la Slovénie de la Hongrie, où M. Orban, largement réélu début avril, a muselé les institutions. La Slovénie, «auparavant perçue comme un modèle en Europe de l’Est», est devenue «un des plus gros semeurs de troubles, avec des libertés qui se restreignent» chaque jour davantage, selon l’analyste Valdo Miheljak.
Retour à la «normalité» pour le challenger
S’il est élu, M. Golob promet de renouer avec la «normalité». D’après les dernières estimations, son Mouvement de la liberté recueillerait 27,7% des suffrages. Il peut en outre compter sur le soutien de plusieurs formations du centre-gauche pour réunir une majorité au sein du Parlement de 90 sièges. Pas très loin derrière avec 24% des voix, le Parti démocratique slovène (SDS) de Janez Jansa pourrait au contraire avoir du mal à bâtir une coalition.
Pas de divergence sur l’Ukraine
Si dans la Hongrie voisine, la campagne des récentes législatives avait été dominée par la guerre en Ukraine, elle n’a pas influé sur les débats en Slovénie, où les différents partis s’accordent tous sur un soutien à Kiev. Janez Jansa, farouchement antirusse, s’est rendu mi-mars sur place avec ses homologues polonais et tchèque, première visite de dirigeants étrangers dans la capitale ukrainienne assiégée. Mais le sujet a vite été relégué au second plan et pour convaincre, les médias pro gouvernement ont privilégié l’argument de la continuité.
Participation en hausse
Les sondages prédisent une participation en hausse (autour de 60%, contre 52% en 2018), sous l’effet de la mobilisation de nombreux bénévoles qui ont parcouru le pays à la rencontre des jeunes. «Ce sont les élections les plus importantes depuis l’indépendance» en 1991 de cette nation issue de l’ex-Yougoslavie, assène Jansa Jenull, un des chefs de file du mouvement de contestation. Les bureaux ferment à 19 h 00 (17 h 00). Les sondages de sortie des urnes sont attendus dans la foulée.