FranceDistribution de carburant toujours perturbée par une grève
La plupart des raffineries françaises étaient toujours en grève jeudi, un mouvement qui affecte fortement la distribution de carburant à travers le pays et pousse le gouvernement à décréter des réquisitions de grévistes.
Les pénuries de carburant touchaient jeudi de nombreuses régions de France, mettant les nerfs des automobilistes à vif. Selon le ministère français de la Transition énergétique, 30% des stations-services étaient bloquées au niveau national jeudi, plus encore dans le nord du pays. La plupart des raffineries françaises étaient en effet toujours en grève. Jeudi, néanmoins, les grévistes de la raffinerie de l’américain Esso-ExxonMobil de Fos-sur-Mer, dans le sud-est de la France, ont décidé de lever le mouvement, ont annoncé à l’AFP la CGT et la direction du groupe, quelques jours après un accord entre la direction et deux syndicats majoritaires.
Au total, désormais, cinq des sept raffineries de France sont touchées par des grèves, pour réclamer des hausses de salaires: les quatre du groupe français TotalEnergies et une d’ExxonMobil. Selon le ministère de la Transition énergétique, sept gros dépôts de carburant sont aussi touchés sur environ 200.
La fédération CGT de l’énergie a appelé jeudi à «l’élargissement de la grève» dans toutes les entreprises du secteur. Plusieurs centrales nucléaires ont été touchées mercredi par des mouvements portant là aussi sur des revendications salariales. Devant les menaces d’élargissement du conflit, le gouvernement a fait pression sur TotalEnergies pour qu’il «augmente ses salaires».
Le ministre de l’Economie Bruno Le Maire a souligné que le géant français, qui a engrangé quelque 10,6 milliards de bénéfices au premier semestre grâce à la hausse des prix de l’énergie sur fond de guerre en Ukraine, avait «la capacité» et «donc le devoir» de le faire.
Bonus exceptionnel
Dans ce contexte, TotalEnergies a annoncé jeudi matin un bonus exceptionnel équivalent à un mois de salaire pour ses salariés du monde entier, doublé d’une proposition d’augmentation de 6% en 2023 pour les salariés français en grève depuis 17 jours dans les raffineries. La CGT doit «se saisir de la main qui a été tendue» pour négocier, a par ailleurs affirmé Bruno Le Maire.
Le patronat s’est inquiété cette semaine des conséquences de cette grève sur la vie économique du pays. D’autant qu’elle s’ajoute à l’augmentation des prix de l’électricité et du gaz qui fait courir «un risque majeur» à l’industrie française, a estimé M. Le Maire, selon lequel la production industrielle française devrait baisser de 10% au 4e trimestre par rapport au 4e trimestre 2021. La pénurie de carburant «est une catastrophe», souligne Enzo Rougès, chef d’entreprise dans l’automobile. «J’ai le problème de ne pas pouvoir ouvrir mon magasin tant que je ne suis pas au boulot. J’ai les salariés à la porte, j’ai tout le monde qui m’attend».
Mercredi, le gouvernement a mis à exécution ses menaces de réquisitions chez Esso-ExxonMobil, au dépôt de carburant de la raffinerie de Port-Jérôme/Notre-Dame-de-Gravenchon (nord-ouest), sommé de rouvrir les vannes. Jeudi, il a lancé la réquisition du personnel du dépôt de TotalEnergies de Flandres (nord), bloqué par des grévistes.
Sur le terrain, les réquisitions ont été très mal reçues par les grévistes. «On assiste à la dictature macronienne», a réagi auprès de l’AFP Benjamin Tange, délégué syndicat central de la CGT du raffinage. «Ce qui se passe, c’est la colère de plusieurs mois, plusieurs années et d’une rupture du dialogue social».