Football: Comme l’Espagne, la sélection féminine de Slovénie est secouée par un scandale

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FootballComme l’Espagne, la sélection féminine de Slovénie est secouée par un scandale

Les joueuses de l’équipe de Slovénie ont fait remonter des comportements inappropriés du staff auprès de leur fédération. Contesté, leur sélectionneur a démissionné.

Brice Cheneval
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Brice Cheneval
Les méthodes de Borut Jarc (au centre) à la tête de l’équipe féminine de Slovénie étaient largement contestées par ses joueuses.

Les méthodes de Borut Jarc (au centre) à la tête de l’équipe féminine de Slovénie étaient largement contestées par ses joueuses.

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L’Espagne ne détient pas le monopole de la crise gouvernementale dans le football féminin. Si le pays des championnes du monde est profondément secoué par les répercussions de l’affaire Luis Rubiales, la Slovénie traverse également une période agitée. Mi-juillet, bien avant la polémique mondiale du «baiser forcé», son équipe nationale féminine s’était fendue d’une lettre ouverte en forme d’appel à l’aide, adressée à la Fédération slovène de football. 

Signé par 31 joueuses, le texte dénonçait l’environnement néfaste qui gangrénait la sélection, instauré par le staff technique. À commencer par l'entraîneur principal, Borut Jarc, nommé en 2018. «Nous pensons que notre difficulté à nous qualifier pour les grands tournois n’est pas simplement dû à la malchance, mais plutôt à la stagnation dans le processus de travail et le manque de construction sur des bases solides», est-il écrit en préambule.

Harcèlement moral

Les joueuses dénombrent plusieurs dysfonctionnements dont une mauvaise entente entre le groupe et le staff, des entraînements «monotones» ainsi qu’une préparation et une analyse des matches «non professionnelles». Mais elles pointent surtout un harcèlement moral né de comportements et commentaires déplacés. «L’approche de l’entraîneur est très dépassée et autocratique, assènent-elles. Nous avons vécu des conversations au cours desquelles nous avons été psychologiquement harcelées et maltraitées.» Borut Jarc aurait proféré à ses ouailles des propos tels que «Vous jouez comme des cochons sauvages» ou «La c***** à votre mère». 

«Le staff a poussé des joueuses à un tel point que certaines d’entre nous ont eu besoin d’une aide psychologique professionnelle»

Les joueuses de l’équipe de Slovénie dans une lettre adressée à leur fédération

Les Slovènes relèvent notamment une séquence, qui s’est déroulée devant l’ensemble du groupe et du staff, vécue comme un «traitement dégradant»: «À un moment, on nous a demandé d’évaluer notre poids par un pouce levé ou un pouce baissé. En tant que femmes, nous sommes particulièrement vulnérables lorsqu'il s'agit de notre corps, ce qui rend ce geste très irrespectueux. Le staff a poussé des joueuses à un tel point que certaines d’entre nous ont eu besoin d’une aide psychologique professionnelle.»

Staff intrusif

Un staff qui, selon la lettre, avait un penchant pour la consommation d’alcool – «Une constante pendant les activités de l’équipe nationale» – et «s’immisce aussi dans nos vies personnelles, y compris concernant nos choix de partenaires, conduisant à des commentaires inappropriés, homophobes, voire racistes», poursuivent les signataires.

Parmi les multiples agissements néfastes recensés, il y a par ailleurs celui de Vladimir Sergas, l’entraîneur des gardiennes. «Il a envoyé des messages inappropriés à plusieurs joueuses via les réseaux sociaux. Bien que ce problème ait été abordé à de nombreuses reprises avec le sélectionneur, il n’y a eu aucun changement.»

Cette sortie, qui a fait grand bruit en Slovénie, a eu le don de faire bouger les choses. Dans l'œil du cyclone, Borut Jarc a démissionné de ses fonctions ce mardi. «Après mûre réflexion, je suis parvenu à la conclusion que, dans ces circonstances, je ne pouvais plus poursuivre avec succès mon travail», justifie-t-il, tout en niant «catégoriquement toutes les accusations» à son encontre. «Je tiens à souligner que j'ai toujours agi moralement et conformément aux principes éthiques», assure-t-il enfin.

En Espagne et ailleurs, nombreux sont ceux à espérer la même issue pour Luis Rubiales, pour l’heure seulement suspendu provisoirement.

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