France – Un réseau de passeurs de migrants devant la justice à Rennes

Publié

FranceUn réseau de passeurs de migrants devant la justice à Rennes

Quelque 10’000 personnes, dont des enfants, auraient été prises en charge par la filière, qui aurait collecté près de 70 millions d’euros entre 2018 et 2020.

24 prévenus, âgés de 22 à 53 ans, ont comparu jeudi au tribunal de Rennes pour trafic de migrants vers la Grande-Bretagne.

24 prévenus, âgés de 22 à 53 ans, ont comparu jeudi au tribunal de Rennes pour trafic de migrants vers la Grande-Bretagne.

AFP

Des aires d’autoroute du centre de la France étaient devenues le territoire d’un réseau de passeurs irakiens et le théâtre de règlements de comptes: 24 prévenus ont comparu jeudi devant la justice française pour trafic de migrants vers la Grande-Bretagne.

Bien structuré et doté d’une hiérarchie entre passeurs, selon les enquêteurs, ce réseau tenu par des Kurdes d’Irak utilisait comme points névralgiques des aires d’autoroutes du centre de la France pour brouiller les pistes, loin des campements du littoral nord du pays.

La présidente du tribunal de Rennes (nord-ouest) a évalué à quelque 70 millions d’euros le montant collecté par la filière entre 2018 et 2020 et à environ 10’000 le nombre de migrants pris en charge, dont des enfants. Les exilés, pour la plupart des Kurdes, étaient d’abord orientés vers la région de Dunkerque (nord), où ils étaient mis en relation avec des passeurs qui les redirigeaient ensuite vers des squats de fortune ou «zones d’attente» dans le centre. Parmi ces lieux, des appartements mais aussi une scierie abandonnée ou une caravane.

Le jour de leur passage, les clandestins étaient appelés par des hommes encagoulés qui les faisaient embarquer de nuit à bord de poids lourds stationnant sur des aires d’autoroute. Ceux qui montaient dans des camions réfrigérés risquaient leur vie.

Deux formules

Les clandestins avaient le choix entre deux «formules»: soit monter dans les camions à l’insu des chauffeurs moyennant 5000 livres (environ 6000 euros), soit choisir la formule «Intifakir» en kurde, ou «VIP», et embarquer avec la complicité des chauffeurs, la plupart originaires des pays de l’Est, moyennant 8000 à 11’000 euros.

Les prévenus sont âgés de 22 à 53 ans. Vingt-trois comparaissent détenus et l’un sous contrôle judiciaire. À la barre, ils ont rejeté toute implication dans l’organisation du trafic.

«Les Kurdes ont fui l’Irak dans les années 1990 à une époque où ils étaient persécutés. Cela a généré l’implication de certains dans des réseaux de passeurs entre l’Europe et la Grande-Bretagne», a rappelé la présidente. «Le caractère très lucratif de cette activité a donné lieu à des guerres de territoire, les aires d’autoroute étant devenues des enjeux entre passeurs», allant jusqu’au meurtre, a-t-elle ajouté.

Très structurée, la filière utilisait un nombre important de véhicules, ainsi que des armes. Une base arrière était située aux Pays-Bas. Les passeurs accédaient aux aires d’autoroute en faisant des trous dans le grillage. Pour se faire payer, les passeurs avaient recours à la «hawala», un système de paiement traditionnel informel, en dehors du circuit bancaire. Les mis en cause encourent 10 ans de prison. Le procès doit se tenir jusqu’au 25 mars.

(AFP)

Ton opinion