Etats-Unis: Joe Manchin, un sénateur démocrate clé, ne se représentera pas

Joe Manchin, sénateur américain aussi gênant que nécessaire pour le président Joe Biden, a annoncé jeudi qu’il ne se représenterait pas en 2024, une menace pour la fragile majorité démocrate au Sénat.

Élu de Virginie-Occidentale, Joe Manchin est un démocrate centriste qui n’a eu de cesse d’être un poil à gratter pour Joe Biden. Le président démocrate a dû batailler à de nombreuses reprises pour emporter son vote crucial au Sénat et faire ainsi adopter des réformes-clés de son programme.

«J’ai pris l’une des décisions les plus difficiles de ma vie et décidé que je ne me représenterai pas au Sénat des États-Unis», a déclaré Joe Manchin dans un communiqué. Avec son positionnement à la droite du Parti démocrate, il était à même de maintenir son siège dans un État minier et traditionnellement républicain. Son retrait pour 2024 rend plus probable l’élection d’un républicain à sa place, menaçant plus encore la très fine majorité démocrate à la chambre haute.

Les démocrates disposent actuellement de 51 sièges sur 100 au Sénat. Un tiers d’entre eux seront renouvelés en novembre 2024, quand le pays votera, au même moment, pour élire son président. Les républicains contrôlent eux la Chambre des représentants.

Joe Biden a salué dans un communiqué la carrière politique de Joe Manchin, estimant avoir travaillé depuis des années à ses côtés pour aider «les familles qui travaillent dur».

Joe Manchin n’a cependant pas annoncé la fin de sa carrière politique -- alimentant même les spéculations sur une possible candidature à l’élection présidentielle. «Je vais me rendre partout dans le pays et parler pour voir s’il y a un intérêt dans la création d’un mouvement pour mobiliser au centre et rapprocher les Américains», a-t-il déclaré, sibyllin, dans une vidéo.

Grand défenseur des énergies fossiles dans son État des Appalaches, il a grandement limité la portée des ambitions climatiques de Joe Biden. S’il a permis l’adoption, en 2022, de l’immense plan d’investissement dans la transition bas-carbone de l’économie («Inflation Reduction Act», IRA), il l’a fait en négociant, dans la douleur, un compromis avec Joe Biden, qui souhaitait un texte bien plus important.

Faiseur de rois des démocrates, il tenait toujours à défendre les mineurs de charbon en Virginie-Occidentale, rural, pauvre et frappé par la désindustrialisation. Il en a été le gouverneur avant d’être élu au Sénat en 2010.