Maltraitance animaleUne commission refuse d’interdire le foie gras
La commission de la science du Conseil des États préfère, comme le Conseil fédéral, imposer une déclaration obligatoire plutôt que prononcer une interdiction.
Nouvel épisode dans l’affaire du foie gras au Parlement. En effet, la Commission de la science, de l’éducation et de la culture du Conseil des États (CSEC-E) a refusé par 9 voix contre 3 une motion du conseiller national Martin Haab (UDC/ZH) qui voulait interdire son importation. Celui-ci rappelait que «de plus en plus de pays ‘civilisés’ n’acceptaient plus que des animaux subissent des souffrances aussi indescriptibles qu’inutiles pour le ‘plaisir’ discutable de certains». Le National l’avait soutenu en mars 2022.
Mais la commission des États considère, elle, qu’interdire l’importation du foie gras provenant d’animaux ayant subi de mauvais traitements reviendrait à interdire purement et simplement la consommation de ce produit, puisque aucune alternative équivalente n’existe, précise-t-elle mercredi. Elle estime donc qu’une interdiction serait incompatible avec les engagements de la Suisse relevant du droit commercial international.
Comme le Conseil fédéral
Néanmoins, elle veut permettre aux consommateurs de mieux identifier les produits provenant d’animaux ayant subi de mauvais traitements. Elle soutient donc l’introduction d’un régime de déclaration obligatoire, écrit-elle.
La commission rejoint ainsi le Conseil fédéral. On se souvient que début avril, il avait donné suite à cette motion. Mais il avait refusé lui aussi d’interdire le foie gras. Il préférait lui aussi une déclaration obligatoire «pour les produits d’origine animale obtenus sans anesthésie», comme «les cuisses de grenouilles ou des produits issus d’animaux castrés sans anesthésie», ou les «produits issus du gavage des oies et des canards».
L’Alliance Animale Suisse, qui a lancé une initiative pour interdire le foie gras, a immédiatement réagi. Elle juge la décision de la commission «incompréhensible» et surtout «désolante pour les 400'000 canards et 12'000 oies gavés de force et maltraités chaque année pour fournir notre pays en foie gras». Selon elle, il est parfaitement possible de produire du foie gras sans recourir au gavage forcé des animaux.
Peaux de serpents et noix de coco aussi balayées
Tout comme le Conseil fédéral, la CSEC-E ne veut pas non plus d’une motion socialiste visant à introduire une obligation de déclarer les peaux de reptiles. Selon elle, une obligation de déclaration n’est pas nécessaire, car la majeure partie des produits répondent déjà à des normes reconnues à l’échelle internationale en ce qui concerne l’abattage des animaux, et que ces produits sont rarement vendus en Suisse. La commission balaie aussi une autre motion qui voulait rendre obligatoire la déclaration de la provenance des produits à base de noix de coco lorsque des singes ont participé à la production.