FOOTBALLMais qu’est-ce qui cloche au Lausanne-Sport?
Favori No 1 à la promotion, le club vaudois n’en finit pas d’accumuler les déboires sportifs. Cela tient autant à la construction de l’effectif qu’à une Challenge League plus piégeuse que jamais.
- par
- Nicolas Jacquier
Une ultime victoire en déplacement remontant au 12 août déjà (1-0 sur la pelouse de Xamax), une attaque désespérément muette à l’extérieur depuis 408 minutes (avec un dernier but inscrit contre SLO le 8 octobre), un deuxième tour de championnat indigne (seul Schaffhouse a fait pire jusqu’ici), etc. Ces statistiques inquiétantes sont à tout le moins celles d’une équipe en crise.
Or cette équipe, c’est le Lausanne-Sport, présenté pourtant comme l’épouvantail de la Challenge League au coup d’envoi de la saison 2022-2023. À l’époque, la seule question qui importait était de connaître l’identité du deuxième qui l’accompagnerait en Super League…
Quatre mois plus tard, la déception est inversement proportionnelle aux ambitions claironnées. Loin de dominer son sujet, ce LS est devenu quelconque. Le voici même qui, éjecté du podium, se retrouve relégué derrière le Stade Lausanne Ouchy (coleader) et Yverdon (3e), les deux autres représentants vaudois. Une situation qui provoque aujourd’hui l’incompréhension et la colère de ses fans.
S’il parvient, certes, à faire illusion à la Tuilière (avec 20 points obtenus sur 24 possibles), le club historique de la capitale olympique voyage toujours aussi mal. Ce dimanche, face à l’«européen» Vaduz, les protégés de Ludovic Magnin ont concédé leur sixième défaite, 1-0, de l’exercice tout en livrant peut-être leur meilleure prestation. Cela reste malgré tout largement insuffisant, eu égard au budget du club.
Comment ce LS qui devait supposément marcher sur la Challenge League en est-il arrivé à se traîner pareillement? Plusieurs facteurs peuvent l’expliquer.
1. Un contexte particulier
En premier lieu, il y a le contexte lui-même. La Challenge League se présente d’abord comme une ligue de combat dans laquelle l’intensité et les duels priment sur la qualité du jeu. Cela n’absout bien sûr pas le LS, qui ne parvient pas à imposer ses atouts. Mais démontre combien cette catégorie de jeu peut se révéler piégeuse, surtout quand on se retrouve systématiquement dans le rôle de l’équipe à battre.
La réalité, c’est que ce LS-là, malgré les moyens investis, ne fait pas la différence. À ce rythme, la promotion en mai 2023, seul objectif envisageable, n’est pas gagnée d’avance.
2. Des joueurs pas au niveau
Quand une formation ne répond pas suffisamment (par rapport à ce qu’on en espérait), il y a lieu de s’interroger sur les joueurs qui la composent. «Il n’y a pas de crack dans cette équipe, estimait récemment Gabet Chapuisat, consultant de Blue Sport. Je suis surpris qu’Ineos n’ait pas construit une équipe plus compétitive.» Cela revient à s’interroger sur la qualité du recrutement.
LS aurait certes raison d’invoquer les nombreuses blessures (à commencer par celle de son capitaine, Kukuruzovic) qui ont décimé son effectif, il n’en demeure pas moins vrai que personne ne ressort du lot. «On est une bonne équipe de Challenge League, mais ça reste une équipe de Challenge League.» Remontant à quelques semaines, l’aveu est signé Ludovic Magnin dans les colonnes de «24heures», interrogé alors sur le manque de rendement de son équipe loin de la Tuilière. Les faits ne lui ont hélas pas donné tort depuis. Pour son dernier match de l’année, Lausanne sera confronté dimanche au FC Aarau à domicile. Presque de quoi pousser un ouf de soulagement…
3. Un entraîneur pas assez entouré
Au moment d’analyser la première partie de saison ratée du club vaudois, il y a bien sûr également la question de l’entraîneur. Ludovic Magnin a eu les mains libres pour construire le LS 2022-2023 à sa guise. De par sa personnalité rayonnante, on se souvient que son arrivée cet été sur le banc du LS avait provoqué une vague d’enthousiasme et un nouvel élan à travers tout le canton, voire au-delà. Une sympathie naturelle qui, faute de se traduire sur la pelouse, ne devait pas rejaillir sur le comportement de ses joueurs. À quelques rares exceptions, tous déçoivent.
Cumulant plusieurs casquettes (dont celle de directeur sportif), l’ancien international se retrouve isolé dans l’organigramme du LS. Pas assez entouré et livré à lui-même, peut-être souffre-t-il de l’absence d’un contradicteur de nature à le challenger d’une semaine à l’autre. S’il demeure plus que jamais l’homme de la situation aux yeux de ses dirigeants, Ludovic Magnin devra absolument faire progresser son groupe dès la reprise, tout en sachant que sa marge de manœuvre demeure étroite au niveau des transferts possibles à Noël.