FootballNathanaël Saintini: «Pour réussir en tant que guadeloupéen, il faut donner deux fois plus»
Avec Wylan Cyprien, le FC Sion a ramené un troisième Guadeloupéen en Valais. L’un d’eux, Nathanaël Saintini, auteur d’un excellent début de saison, livre sa sensibilité sur le sujet.
- par
- Florian Vaney
Nathanaël Saintini ne veut trahir aucun secret. Il ne le dit pas, mais ça s’entend. Sans doute pourrait-il passer des heures à parler de son pote Dimitri Cavaré. L’équipier avec qui il fait la paire au milieu de la défense du FC Sion, l’ami avec lequel il passe une bonne partie du temps libre que lui offre sa vie de Valaisan. Mais son discours reste sobre. Teinté de beaucoup de respect, mais sobre. «Je m’appuie sur lui, sur son expérience. Il m’aide énormément. Comme il n’est pas défenseur central de métier, j’essaie parfois de lui rendre quelques conseils. Si nos familles se réunissent pour regarder nos matches ensemble? Non, non. Ça ne va pas jusque-là.»
La question découle d’une coïncidence en train de faire le bonheur de Sion. Il fallait une part de chance évidente pour que deux footballeurs issus d’une île aussi étroite que la Guadeloupe (environ 400 000 habitants) se retrouvent collés l’un à l’autre sur un terrain de Super League. Le monde est tellement petit que le club valaisan annonçait jeudi la signature de Wylan Cyprien… leur compatriote. Un sacré coup, rendu possible notamment grâce aux affinités entre ce dernier et Dimitri Cavaré.
L’hypothèse des valeurs communes
Le raccourci serait d’y voir un lien des origines, plus solide que bien d’autres. Peut-être qu’il existe. Nathanaël Saintini n’y croit pas. Ou disons qu’il affine la théorie. «Quand on vient de Guadeloupe et qu’on veut réussir dans le foot, on prend très vite conscience qu’il faudra en faire deux fois plus que les autres. Parce qu’en termes d’infrastructures, de moyens, de suivi, on est très loin de ce qu’il existe ici.» L’hypothèse des valeurs communes pour expliquer la connexion.
La paire Cavaré/Saintini, c’est la personnification sur le terrain de cette connexion. Depuis deux matches, la complémentarité du duo fait merveille. Les occasions concédées sont rares, les buts inexistants. Ils incarnent évidemment une réussite collective. Mais ils l’incarnent bien. À eux deux, ils forment la bonne surprise sédunoise du début de saison. Il y a la demi-surprise Dimitri Cavaré, latéral replacé dans l’axe avec succès. Et la demi-surprise Nathanaël Saintini (22 ans), vrai talent dont la montée en puissance commençait à être attendue avec impatience.
Au Luxembourg pour se recentrer
Parce que oui, l’arrivée à Tourbillon de l’homme aux 6 sélections avec son équipe nationale date un peu. C’était début 2019, en provenance de Cholet et avec de jolies promesses dans ses bagages. Il a d’abord fallu passer par la case réserve, en Promotion League. «C’est normal, je n’étais pas prêt.» Puis par le Luxembourg, une saison en prêt. «Celle qui m’a permis de me recentrer, de m’écarter des ondes négatives, de grandir.» Il revient à Sion pour un exercice 2021-2022 correct, sans plus. En dents de scie.
La différence avec ses dernières sorties? «La confiance que le coach a pour moi. Aujourd’hui, je la sens vraiment.» Les limites des espoirs que Paolo Tramezzani place en lui dépendront évidemment de sa capacité ou non à rester au niveau qu’il affiche en ce moment. «Je sais qu’il faut que je progresse dans l’utilisation du ballon», concède-t-il volontiers. À Zurich dimanche lorsqu’il était sous pression, on l’a vu plusieurs fois choisir la voie du long dégagement plutôt que celle de la passe courte. La marge de progression débute ici. Elle renvoie l’idée que ce FC Sion déjà bien dans ses baskets peut encore faire mieux,