ArchéologieCanton de Berne: une amphore est tombée à l’eau… au Ier siècle!
Un vase antique découvert dans les sédiments de l’ancienne Thielle provient vraisemblablement de la cargaison d’un bateau.
![Vincent Donzé](https://media.lematin.ch/4/image/2023/10/25/751d7ea0-c3b6-4a27-8383-dcc473c55bb5.jpeg?auto=format%2Ccompress%2Cenhance&fit=crop&w=400&h=400&rect=0%2C0%2C2048%2C1536&fp-x=0.5&fp-y=0.5&crop=focalpoint&s=5391b0d5c1ef3f2e4412468145cfbd47)
![L’amphore après la restauration. L’amphore après la restauration.](https://media.lematin.ch/4/image/2023/11/10/e01c9dd6-8ede-47ab-9e4a-8924a339c739.jpeg?auto=format%2Ccompress%2Cenhance&fit=max&w=1200&h=1200&rect=0%2C0%2C2048%2C1142&fp-x=0.5&fp-y=0.5&s=33e86df0bb588d654c268cc46df00191)
L’amphore après la restauration.
Service archéologique du canton de Berne, Philippe JonerOn n’est pas en l’an 50 avant J.-C., comme dans Astérix, mais Uderzo aurait pu prendre comme modèle l’amphore découverte par une archéologue, lors de travaux d’excavation entrepris à Aegerten: ce vase antique enfoui dans une couche naturelle de sédiments de l’ancienne Thielle est vieux de 2000 ans!
«Ce vase antique provient vraisemblablement de la cargaison d’un bateau. À l’époque romaine, les fleuves et les rivières étaient les voies de communication les plus empruntées», indique le Service archéologique du canton de Berne.
L’objet a été extrait des sédiments, documenté et ses fragments ont été mis à l’abri. «L’amphore en céramique antique à deux anses est quasiment complète», se réjouit le service archéologique. Haut de 73 cm et large de 50 cm, le vase a été restauré.
65 litres
L’amphore avait une contenance de 65 litres et devait peser dans les 80 kilos, une fois remplie. Après sa reconstitution, elle a pu être datée du Ier siècle de notre ère. «Les amphores de ce type servaient à transporter de l’huile d’olive en provenance du sud de l’Espagne, de la province romaine de Baetica, la région entourant la vallée du Guadalquivir en Andalousie», précise le Service archéologique bernois.
Leur aire de diffusion allait de l’ouest de l’espace méditerranéen à la Bretagne, en passant par les couloirs rhodanien et rhénan. «La présence de ces conteneurs utilisés pour le transport reflète l’adoption de la culture romaine par la population celte sur le Plateau suisse: à l’époque déjà, l’huile d’olive, importée depuis une province distante de plus de 1500 km, était prisée par les Helvètes», relatent les archéologues dans un communiqué.
![L’amphore sur son lieu de découverte dans la couche sédimentaire. L’amphore sur son lieu de découverte dans la couche sédimentaire.](https://media.lematin.ch/4/image/2023/11/10/4e36cb64-58f7-48b8-b594-26cbed68b7de.jpeg?auto=format%2Ccompress%2Cenhance&fit=max&w=1200&h=1200&rect=0%2C0%2C1969%2C1476&fp-x=0.500253936008126&fp-y=0.5&s=5d8dbf04ea3c8d7d8617df8dd11ff9b2)
L’amphore sur son lieu de découverte dans la couche sédimentaire.
Service archéologique du canton de Berne, Sébastien DénervaudGrâce à des inscriptions, on sait que les Romains utilisaient le réseau fluvial du Rhin, de l’Aar, de la Thielle et des lacs du pied du Jura pour transporter des marchandises. Ils exploitaient d’ailleurs des installations portuaires à proximité du lieu de la découverte à Aegerten et à Studen/Petinesca.
Pour le service archéologique, il est possible que l’amphore soit tombée d’un bateau de transport ou ait été jetée dans la Thielle. «On ne peut pas s’empêcher d’imaginer l’amphore et son précieux contenu tombant à l’eau pendant son transbordement – et l’énervement que cette perte a pu causer au capitaine», conclut le Service archéologique bernois.