Conférence sur le climat: La COP27 se termine sur un bilan contrasté

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Conférence sur le climatLa COP27 se termine sur un bilan contrasté

À Charm el-Cheikh, un texte très disputé sur l’aide aux pays pauvres affectés par le changement climatique a été adopté, mais pas une baisse des gaz à effet de serre.

Après deux semaines de négociations, la COP27 s'achève sur un bilan contrasté.

Après deux semaines de négociations, la COP27 s'achève sur un bilan contrasté.

KEYSTONE/AP/Peter Dejong

Après des négociations longues et difficiles, la COP27 s’est terminée dimanche à l’aube sur un bilan contrasté. 

Ouverte le 6 novembre à Charm el-Cheikh en Egypte, la conférence de l’ONU sur le climat a pris fin à l’aube avec plus d’un jour de retard, devenant l’une des COP les plus longues de l’histoire. «Ca n’a pas été facile», mais «nous avons finalement rempli notre mission», a souligné son président égyptien Sameh Choukri.

Une déclaration finale fruit de nombreux compromis a été finalement adoptée, appelant à une réduction «rapide» des émissions mais sans ambition nouvelle par rapport à la COP de Glasgow en 2021. «Nous devons drastiquement réduire les émissions maintenant, et c’est une question à laquelle cette COP n’a pas répondu», a regretté le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres. L’Union européenne s’est dite elle «déçue».

La conseillère fédérale Simonetta Sommaruga a également considéré que cette COP «n’est pas un succès» si l’on regarde les mesures concrètes. Le Premier ministre britannique Rishi Sunak a quant à lui appelé à en «faire plus».

Une résolution «historique»

Cette édition a en revanche été marquée par l’adoption d’une résolution qualifiée d’historique par ses promoteurs, sur la compensation des dégâts causés par le changement climatique déjà subis par les pays les plus pauvres.

La question des «pertes et dommages» climatiques des pays pauvres avait failli faire dérailler la conférence, avant de faire l’objet d’un texte de compromis de dernière minute. Même si le texte laisse de nombreuses questions en suspens, il acte le principe de la création d’un fonds financier spécifique.

«Les pertes et dommages dans les pays vulnérables ne peuvent désormais plus être ignorés même si certains pays développés avaient décidé d’ignorer nos souffrances», a salué la jeune militante ougandaise Vanessa Nakate.

Le ministère sud-africain de l’Environnement a salué un «progrès» mais réclamé «une action urgente» pour «assurer le respect des obligations des pays développés».

Trajectoire de +2,4 degrés

Le texte sur les réductions d’émissions a été également très disputé, de nombreux pays dénonçant un recul sur les ambitions définies lors de précédentes conférences. Notamment sur l’objectif le plus ambitieux de l’accord de Paris, contenir le réchauffement à 1,5°C par rapport à l’ère pré-industrielle, toutefois réaffirmé dans la décision finale.

Les engagements actuels des pays signataires ne permettent pas de tenir cet objectif, ni même celui de contenir l’élévation de la température à 2°C par rapport à l’ère pré-industrielle, quand les humains ont commencé à utiliser en masse les énergies fossiles responsables du réchauffement climatique.

Ces engagements, en admettant qu’ils soient intégralement tenus, mettraient au mieux le monde sur la trajectoire de +2,4°C à la fin du siècle et, au rythme actuel des émissions, sur celle d’un catastrophique +2,8°C.

Catastrophes à répétition

Or, à près de 1,2°C de réchauffement actuellement, les impacts dramatiques se multiplient déjà. L’année 2022 en a été l’illustration, avec son cortège de sécheresses, méga-feux et inondations dévastatrices, impactant récoltes et infrastructures.

Les coûts s’envolent également: la Banque mondiale a estimé à 30 milliards de dollars le coût des inondations qui ont laissé un tiers du territoire pakistanais sous l’eau pendant des semaines et fait des millions de sinistrés.

Les pays pauvres, souvent parmi les plus exposés mais généralement très peu responsables du réchauffement, réclamaient depuis des années un financement des «pertes et dommages».

Remis à la COP28

Accusé par certains de manque de transparence dans les négociations, l’Egyptien Choukri a affirmé qu’il n’y avait eu «aucune mauvaise intention»et qu’il était «parvenu à éviter qu’une partie ou une autre ait à reculer".

La bataille ne s’achèvera toutefois pas avec l’adoption de la résolution de Charm el-Cheikh puisque celle-ci reste volontairement vague sur certains points controversés. Les détails opérationnels doivent être définis pour adoption à la prochaine COP, fin 2023 aux Emirats arabes unis, promettant de nouveaux affrontements. Notamment sur la question des contributeurs, les pays développés, Etats-Unis en tête, insistant pour que la Chine en fasse partie.

L’émissaire américain pour le climat John Kerry a annoncé travailler à faire grimper la contribution américaine à 11 milliards de dollars, ce qui ferait de Washington «le premier contributeur unique de l’économie du climat». Un porte-parole du département d’Etat a cependant souligné que l’accord ne mentionnait aucun point contraignant.

Déception

Autre sujet qui a secoué la COP: les ambitions de réductions d’émissions. De nombreux pays ont estimé que les textes proposés par la présidence égyptienne constituaient un retour en arrière sur les engagements d’en relever régulièrement le niveau pris à Glasgow.

«Cette COP a affaibli les obligations pour les pays de présenter des engagements nouveaux et plus ambitieux», a regretté Laurence Tubiana, architecte des accords de Paris de 2015.

Sans compter la question de la réduction de l’usage des énergies fossiles, à l’origine du réchauffement mais à peine mentionnées dans les textes sur le climat. Le Britannique Alok Sharma, président de la COP26, a affirmé qu’un point sur les fossiles avait été «édulcoré au dernier moment». Le charbon avait été cité en 2021 après de rudes échanges mais à Charm el-Cheikh les «suspects habituels», selon l’expression d’un délégué, s’y sont une nouvelle fois opposés pour le pétrole et le gaz. Arabie saoudite, Iran ou Russie sont les plus souvent cités.

La ministre allemande des Affaires étrangères Annalena Baerbock s’est dite déçue que la réduction des émissions et la phase de sortie des énergies fossiles aient été «éludées par certains gros émetteurs et producteurs de pétrole».

Le développement des renouvelables fait cependant l’objet d’une mention inédite aux côtés des énergies à «basses émissions», expression généralement appliquée au nucléaire.

(ATS)

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