TunisieL’UGTT appelle à la formation d’un gouvernement de «sauvetage»
Alors que le président Kais Saied s’est octroyé les pleins pouvoirs, la centrale syndicale tunisienne UGTT réclame la nomination rapide d’un Premier ministre.
La puissante centrale syndicale tunisienne UGTT a appelé mercredi le président Kais Saied, qui s’est octroyé les pleins pouvoirs il y a dix jours, à nommer rapidement un Premier ministre et former un gouvernement de «sauvetage» afin d’éviter un «vide» politique.
Depuis qu’il a suspendu le Parlement le 25 juillet pour 30 jours, M. Saied, a nommé trois nouveaux ministres. Après avoir écarté le ministre de la Défense et la ministre de la Justice, M. Saied a démis lundi soir de leurs fonctions celui de l’Économie, à qui il a reproché de ne pas décrocher son téléphone, et celui des Technologies de communication.
Ce dernier a été implicitement accusé par M. Saied d’avoir mis des informations détenues par son ministère à disposition de partis à des fins électorales, sans que le président ne donne plus de détails. M. Saied a nommé à la tête du ministère de l’Économie et des Finances une haute fonctionnaire spécialiste de la fiscalité, Sihem Boughdiri Nemsia, et au ministère des Technologies de communication un haut fonctionnaire spécialiste de la sécurité informatique, Nizar Ben Neji.
«Nous appelons à accélérer la nomination d’un chef de gouvernement et d’un gouvernement de sauvetage réduit et harmonieux», a déclaré l’UGTT dans un communiqué publié mardi soir. Tout retard dans la formation du nouveau gouvernement risque d’approfondir le «vide» politique dans le pays et de «rendre difficile la sortie de crise sociale et économique» actuelle, a estimé le syndicat, qui dit aussi apporter son soutien au président.
Le 25 juillet, le président Saied a annoncé un ensemble de mesures exceptionnelles. Outre le gel des activités du Parlement durant 30 jours, il a dit lever l’immunité parlementaire et limoger le Premier ministre Hichem Mechichi, également ministre de l’Intérieur.
Un président toujours soutenu
Pour l’UGTT, ces mesures «exceptionnelles» répondent aux revendications du peuple et sont «une solution définitive à la complexité de la crise que traverse le pays en l’absence de toute autres solutions». Mardi soir, M. Saied a également limogé le gouverneur de Sfax et l’ambassadeur de la Tunisie à Washington, sans explication.
Depuis ses mesures d’exception dans un pays endetté et paralysé depuis des mois par une crise politique, le président bénéficie toujours d’un certain soutien de la population. Son principal adversaire, le parti d’inspiration islamiste Ennahdha, dénonce quant à lui un «coup d’État».