Commentaire: L’UDC, une campagne raciste en toute impunité

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CommentaireL’UDC, une campagne raciste en toute impunité

À l’UDC, le racisme entretient les troupes et contribue à la progression du parti, malgré les dénonciations.

Eric Felley
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Eric Felley
Le visuel choisi par l’UDC pour dénoncer un Syrien qui a dévalisé une femme.

Le visuel choisi par l’UDC pour dénoncer un Syrien qui a dévalisé une femme.

UDC Suisse

L’UDC a dépensé plus de 11 millions des francs pour ces élections fédérales. Dans le flot de ses publications, la campagne «Nouvelle normalité?» a été dénoncée par la Commission fédérale contre le racisme et fait l’objet de deux plaintes en Suisse alémanique pour incitation à la haine et à la discrimination. Mais pour l’UDC, cette réaction de la Commission contre le racisme a été du pain bénit. Elle a pu hurler à la censure et en remettre une couche dans les médias.

Les alliés bourgeois de l’UDC, le PLR et Le Centre, n’ont pas réagi à cette campagne. La présidente de la Commission, Martine Brunschwig Graf, est pourtant une ancienne élue du PLR à Berne. Mais son propre parti a fait semblant d’oublier qu’elle existait. Et quand les sympathisants de l’UDC réclament que l’on supprime cette commission, personne ne réagit non plus.

Condamné au TF

L’UDC n’est pas raciste, certes, mais tous les racistes votent pour elle. C’est l’objectif de sa campagne «Nouvelle normalité?» et ses visuels visant les Syriens, les Algériens, les Serbes, les Roumains et même un Suédois bagarreur. En 2010, lors de la votation sur les «criminels étrangers», le même type de visuel avait été utilisé avec «Ivan S, violeur et bientôt suisse». En 2017, les représentants de l’UDC avaient été condamnés au Tribunal fédéral à cause de leur slogan «Des Kosovars poignardent des Suisses» pour violation de la norme pénale antiraciste.

L’affiche avait été publiée en 2011 et il avait fallu attendre 6 ans pour que le TF tranche. L’UDC ne reconnaît de toute façon pas la norme pénale antiraciste et se moque des condamnations. Elle a un électorat «fidèle et loyal», auquel il faut redonner les mêmes émotions en rééditant à chaque fois des affiches xénophobes. Que ce soit légal ou non, il faut entretenir cette méfiance de l’étranger criminel, comme on entretient un feu, en y remettant des bûches à coups de faits divers.

Potentiel criminel

L’UDC a posé d’abord le concept d’une criminalité étrangère spécifique, puis elle a réduit la population étrangère à son potentiel criminel. C’est un choix stratégique qui lui apporte ce surplus d’électeurs qui en fait le plus grand parti de Suisse. L’UDC ne fait jamais de publications positives sur les étrangers. Pourtant 26% de la population suisse est étrangère et contribue grandement à la réussite de son économie. D’ailleurs, qui se retrouvera bientôt sur les chantiers pour construire les autoroutes d’Albert Rösti?

La progression de l’UDC de dimanche normalise un peu plus ce «racisme structurel» en Suisse. En mars dernier, le Service lutte contre le racisme, rattaché au Département fédéral de l’intérieur, avait publié une synthèse des études sur le racisme structurel en Suisse. Le problème étant que les individus «n’y voyant rien d’anormal», ne le remettent pas en question. Tout est dit. L’UDC revendique ce racisme structurel comme faisant partie intégrante de l’ADN du pays et couvert par la liberté d’expression.

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