Football: Le devoir de mémoire de la Suisse M21

De quelle façon la Suisse éteindra-t-elle ses deux bougies d’anniversaire? Par le souffle d’une inarrêtable tempête ou par les larmes d’un grand gâchis? C’est le football qui a fait du 28 juin une date très spéciale dans l’esprit de tant de Suisses. Certains se rappelleront éternellement où ils se trouvaient lorsque Kylian Mbappé a raté son penalty face à Yann Sommer et que l’équipe nationale s’est qualifiée pour les quarts de finale de l’Euro 2021.

Même si cette soirée n’est pas près d’être égalée en termes d’émotions, c’est une fois de plus le football qui peut donner au 28 juin un caractère encore un peu plus spécial dans le cœur d’un pays. Ce sera ce mercredi soir, peut-être, au moment où les M21 tenteront d’imiter leurs glorieux aînés.

Le devoir de mémoire est partout pour les espoirs helvétiques. Dans le nom et le prestige de leur adversaire français. Dans la possibilité de rejoindre les quarts de finale de l’Euro (M21) en cas de victoire (mais pas que). Dans le peu de certitudes acquises par la troupe de Patrick Rahmen depuis le début de la compétition, comme celle de Vladimir Petkovic en son temps. Dans l’espoir qu’elle se veut capable de générer malgré les conditions défavorables.

L’engouement du public suisse, en revanche, n’aura rien à voir quoi qu’il arrive. Il est encore un peu tôt dans le tournoi sans doute pour que Monsieur et Madame Tout-le-Monde s’identifient à cette équipe de Suisse M21. Ce qui ne ferme absolument pas la porte à la possibilité d’une magnifique histoire populaire à venir. En atteignant la finale de l’Euro en 2011, une autre équipe nationale M21 l’avait prouvé. En devenant champions du monde 2009, les M17 aussi.

À cette heure, il existe mille et un scénarios possibles. C’est une autre différence: le Suisse – France de ce mercredi soir à Cluj (coup d’envoi à 20h45 heure suisse) ne constitue pas un match à élimination directe. Une défaite peut très bien qualifier Zeki Amdouni et ses partenaires, un nul peut ne pas suffire, un succès sera nécessairement gage de quart de finale.

Ça ne ressemble pas à un excès de confiance, mais l’Association suisse de football est parée dans le cas où ce dernier scénario serait retenu. Rien d’étonnant: elle assène depuis des semaines qu’elle n’a d’yeux que pour une qualification pour les prochains Jeux olympiques. Ce qui signifie se hisser parmi les trois premiers à l’Euro, éventuellement dans le top 5 si la France (qualifiée comme pays-hôte) et l’Angleterre (qui ne pourra y participer) terminent devant la Suisse.

Dans ce cas de figure, l’UEFA pourrait organiser un duel entre les deux meilleurs quart-de-finalistes (déterminés via leurs résultats lors de la phase de groupes) pour décerner le troisième ticket en vue des JO.  Voilà qui ne manquera pas d’ajouter encore un peu d’intérêt à ce Suisse – France.

La totalité des sélectionneurs nationaux suisses se trouvent en Roumanie actuellement. Y compris Murat Yakin, présent lors de l’entraînement de mardi. La raison? Ils apportent leur soutien au staff dans l’analyse des adversaires potentiels à partir des quarts de finale. La procédure avait d’ailleurs déjà été entreprise lors du Mondial au Qatar en fin d’année dernière.

Y voient-ils clair à quelques heures du dénouement de la phase de poules? Moyennement. Reste qu’en fin de compte, il existe trois possibilités. La première, c’est que la Suisse ne se qualifie pas. Auquel cas, c’est simple, elle rentre à la maison. La deuxième, c’est qu’elle se hisse à la 2e place du groupe. Dans ce scénario, son adversaire en quarts s’appellera l’Espagne et le duel se déroulera samedi à Bucarest. La troisième, c’est qu’elle chipe la 1re place à la France, ce qui prolongerait son séjour à Cluj de quelques jours. Soit jusqu’à dimanche et une rencontre contre l’Ukraine. Son destin lui appartient.