Football: La Fédération espagnole réclame la démission de Luis Rubiales

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FootballLa Fédération espagnole réclame la démission de Luis Rubiales

Les présidents des Fédérations régionales du football espagnol ont demandé lundi la démission immédiate de Luis Rubiales. Ce dernier fait, par ailleurs, l’objet d’une enquête préliminaire du Parquet espagnol.

Luis Rubiales avait refusé de démissionner de ses fonctions lors de l’assemblée extraordinaire tenue par sa fédération vendredi.

Luis Rubiales avait refusé de démissionner de ses fonctions lors de l’assemblée extraordinaire tenue par sa fédération vendredi.

AFP

Les présidents des Fédérations régionales du football espagnol, convoqués par le président par intérim de la Fédération, ont demandé lundi la démission immédiate de Luis Rubiales, qui fait l'objet d'une enquête préliminaire pour agression sexuelle après avoir donné un baiser forcé à l'internationale Jenni Hermoso. Sur le plan judiciaire, le parquet espagnol a annoncé plus tôt dans la journée l'ouverture d'une enquête préliminaire pour «agression sexuelle».

«Après les récents événements et les comportements inacceptables qui ont gravement porté atteinte à l'image du football espagnol, les présidents demandent à Luis Rubiales de présenter immédiatement sa démission en tant que président de la RFEF», écrit la Fédération dans un communiqué.

L'appel a été diffusé à l'issue d'une réunion des présidents régionaux de la fédération, convoquée dans l'urgence par Pedro Rocha, qui assure la présidence par intérim de la RFEF depuis que Luis Rubiales a été suspendu de ses fonctions par la FIFA, l'instance internationale du football. Ils se prononcent aussi pour «une restructuration profonde et sans délai des postes stratégiques de la Fédération afin d'ouvrir la voie à une nouvelle étape de la gestion du football espagnol».

Enquête ouverte

La pression n'a cessé de monter et s'est intensifiée ces derniers jours, depuis que Rubiales (46 ans) a annoncé à la surprise générale, vendredi dernier, qu'il refusait de démissionner. Après la décision de la FIFA de le suspendre samedi «de toute activité liée au football au niveau national et international» pendant 90 jours, il est désormais sous le coup d'une enquête préliminaire pour agression sexuelle. Cette enquête porte sur «des faits qui pourraient être constitutifs d'un délit d'agression sexuelle», a indiqué, dans un communiqué, le parquet espagnol, qui invite la joueuse à le contacter «dans un délai de 15 jours» afin d'être «informée de ses droits en tant que victime» et de «déposer plainte» si elle le souhaite.

Selon le parquet, une plainte de Jenni Hermoso est indispensable au lancement d'éventuelles poursuites à l'encontre du président de la RFEF, a précisé une porte-parole à l'AFP. D'autres plaintes ont déjà été déposées contre M. Rubiales mais aucune n'émane de la joueuse.

Saisi par le gouvernement espagnol, le Tribunal administratif des sports (TAD) s'est réuni pour sa part lundi pour trancher sur la plainte de l'exécutif de gauche contre Luis Rubiales. Si le TAD ouvre une procédure, le Conseil supérieur des sports (CSD), un organisme gouvernemental dont le président doit s'exprimer à 18h30, pourra alors suspendre le dirigeant le temps que l'affaire soit jugée sur le fond.

Critiqué de toutes parts

L'affaire, déjà surnommée le «#MeToo du foot espagnol» et qui a éclipsé le sacre mondial de la Roja féminine, a entraîné une vague d'indignation en Espagne mais aussi à l'étranger. Plusieurs équipes de football masculines et féminines du pays ont exhibé des banderoles ou des T-shirts avec l'inscription #SeAcabo («Finissons-en») pour demander la fin de l'impunité envers les actes sexistes et les violences sexuelles, un slogan devenu viral sur les réseaux sociaux.

Les condamnations ont dépassé le monde du football, avec la légende du basket espagnol Pau Gasol, et du sport avec l'actrice israélo-américaine Natalie Portman.

Dans un pays considéré comme très avancé en matière de droits des femmes, le gouvernement du socialiste Pedro Sanchez est particulièrement virulent contre Luis Rubiales. «Face à un baiser non consenti», qui peut constituer une agression sexuelle selon le Code pénal espagnol, «le gouvernement a l'obligation d'agir», a estimé lundi la ministre de l'Egalité, Irene Montero. «Il est très important que Rubiales ne reste pas en poste», a-t-elle ajouté.

La No 3 du gouvernement, Yolanda Diaz, a elle annoncé le dépôt d'une autre plainte devant le CSD pour exiger que la fédération respecte la loi sur la parité hommes-femmes dans ses organes de direction, qui est une «clé contre le machisme structurel».

Refus de démissionner

Quelques minutes après la victoire de la Roja en finale de la Coupe du monde face à l'Angleterre le 20 août, Rubiales a plongé le football espagnol dans le chaos en embrassant sur la bouche Jenni Hermoso lors de la cérémonie de remise des médailles à Sydney.

Son refus, contre toute attente, de démissionner vendredi malgré d'intenses pressions a choqué, tout comme son discours violent contre un supposé «faux féminisme». L'ancien défenseur martèle que ce baiser était «consenti». Une version catégoriquement démentie par la championne du monde, qui a dit s'être sentie «vulnérable et victime d'une agression […] sans aucun consentement de ma part».

Dénonçant le «harcèlement», dont serait victime Luis Rubiales, sa mère a entamé une grève de la faim dans une église de Motril (sud), a indiqué à la presse Vanessa Ruiz Bejar, une cousine du président de la fédération.

En plein processus de candidature à l'organisation de la Coupe du monde 2030 avec le Portugal et le Maroc, la RFEF a convoqué lundi après-midi une réunion extraordinaire des présidents des fédérations régionales. L'instance est sous pression alors que les 23 joueuses de la Roja refusent de jouer sous la direction actuelle et que six membres de l'encadrement de la sélection féminine ont démissionné samedi. 

Plusieurs voix ont par ailleurs appelé les dirigeants de la fédération ayant applaudi vendredi le discours de Luis Rubiales à démissionner. «Ceux qui applaudissent une agression sexuelle présumée […] ne devraient pas pouvoir se maintenir à leurs postes», a notamment lancé Yolanda Diaz.

(AFP)

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