Une Vaudoise est accusée d’avoir attaqué ses parents au couteau

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JusticeUne Vaudoise est accusée d’avoir attaqué ses parents au couteau

La jeune fille de 23 ans comparaîtra mercredi à Yverdon. La procureure la renvoie pour tentative de meurtre. 

Evelyne Emeri
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Evelyne Emeri
Le procès de la jeune détenue débutera mercredi matin au Tribunal correctionnel d’Yverdon (VD).

Le procès de la jeune détenue débutera mercredi matin au Tribunal correctionnel d’Yverdon (VD).

lematin.ch/Sébastien Anex

Un père qui doit peut-être la vie à un coussin. Une mère blessée à un bras. Et leur fille, 23 ans, en prison depuis plus d’un an, accusée de les avoir agressés avec un couteau à cran d’arrêt au soir du 23 août 2022. Les charges retenues par le Ministère public sont lourdes au point que la prévenue a été placée sous le régime de l’exécution anticipée de peine depuis le 1er juin 2023. La procureure Laurence Brenlla l’estime coupable de tentative de meurtre, subsidiairement de tentative de lésions corporelles graves, ainsi que de lésions corporelles qualifiées et d’infraction à la Loi fédérale sur les armes. Les parents ont déposé plainte contre leur enfant au lendemain de ce mardi noir.

Plaquettes de médicaments

Le procès de mercredi s’annonce particulièrement difficile et délicat pour toutes les parties en présence, mais surtout déchirant pour cette famille. L’acte d’accusation, qui a été soumis au Tribunal d'arrondissement de La Broye et du Nord vaudois, décrit une version accablante à l’encontre d’Emilie*.  Ainsi, le 23 août 2022 vers 21h, cette dernière serait rentrée au domicile de son père où elle vit (ndlr. les parents sont séparés) et se serait enfermée dans sa chambre. Lui affirme l’avoir entendue pleurer et vomir. Il aurait alors contacté son ex-femme pour la prévenir, puis aurait pénétré dans la chambre de leur fille avec un double des clés (ndlr. la porte était verrouillée). Il l’aurait retrouvée par terre à côté d’une bouteille de Tequila entamée à moitié et de plaquettes de médicaments vides.

Spray au poivre ou arme?

Dans l’intervalle, le 144 avait été alerté. Alors que le papa était précisément au téléphone avec un opérateur, Emilie se serait relevée et serait devenue agressive. Refusant une prise en charge médicale, elle se serait à nouveau enfermée dans sa chambre. Arrivée rapidement sur place, la maman aurait essayé de raisonner leur fille, sans succès. C’est là que tout semble avoir basculé. Le père était visiblement en train de confier à son ex-épouse sa souffrance en lien avec la situation de leur enfant. Emilie aurait ouvert sa porte et aurait capté leur échange. Elle se serait mise à hurler que c’était elle qui souffrait et aurait chargé son père avec un couteau à ouverture automatique, doté d’une lame de 7 cm.

Coussin salvateur

Le papa aurait d’abord pris le cran d’arrêt pour un spray au poivre avant de se retrouver coincé au salon face à sa fille, pointant sur lui un couteau. Il aurait alors eu le réflexe salvateur d’attraper un coussin sur le canapé pour protéger le haut de son corps d’éventuels blessures. Selon le parquet et l’objet sous séquestre, Emilie aurait planté son arme tranchante au moins une fois dans le coussin. Sa cible étant parvenue à s’échapper, elle l’aurait poursuivie à l’extérieur et aurait jeté sa lame dans sa direction, l’atteignant profondément au mollet gauche. Alors que le blessé saignait abondamment, son agresseuse présumée serait venue rechercher son couteau et serait rentrée dans la maison.

Pleinement responsable?

Sa mère, qui était à l’extérieur, aurait tenté de l’empêcher de fermer la porte d’entrée en la bloquant avec son pied et en passant son épaule gauche. Elle aurait alors reçu un coup de poing au visage et sa fille lui aurait asséné un coup de couteau dans le bras. La douleur lui aurait fait lâcher prise. Les rapports médicaux indiquent que les parents ont souffert, respectivement d’une profonde coupure au mollet (11 points de suture) et d’une petite entaille au coude (2 points de suture).

Emilie a été placée en détention provisoire deux jours après ce triste épisode, soit le 25 août 2022. En novembre 2022, elle a séjourné une semaine à l’établissement fermé de Curabilis avant de réintégrer sa cellule de détention préventive. Elle est en exécution anticipée de peine depuis quatre mois et demi. La jeune Vaudoise a été soumise à une expertise psychiatrique. Les débats d’Yverdon permettront d’apprendre si les praticiens estiment son degré de responsabilité pénale diminué, ou pas. 

*Prénom d’emprunt

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