ImmigrationDes politiques bourgeois veulent ralentir l’accueil de réfugiés d’Ukraine
Berne est sous pression, notamment de la part de l’UDC, qui veut durcir les critères d’admission selon l’évolution du conflit et parce que trop de non-Ukrainiens profiteraient du statut de protection S.
«La grande solidarité envers les réfugiés d’Ukraine se fissure», écrit la «SonntagsZeitung», qui indique que des politiciens bourgeois commencent à remettre en question la culture de l’accueil de notre pays. Un mouvement de mécontentement mené par l’UDC, dont la conseillère nationale Martina Bircher (AG). Elle estime qu’avec actuellement quelque 51’000 réfugiés d’Ukraine, notre pays atteint ses limites, d’autant plus que le reste de la migration se poursuit à plein régime. Elle fait donc pression sur le Conseil fédéral par le dépôt d’une intervention. Objectif: adapter le statut de protection S en le limitant au niveau régional en fonction de l’évolution du conflit.
Adaptation du statut S au niveau européen
Concrètement, vu que la guerre en Ukraine se déplace vers l’est du pays, l’idée serait de n’accorder ce statut qu’aux personnes originaires de cette région. Une solution soutenue par le PLR. Son vice-président, Andrea Caroni (SG), approuve l’idée d’une telle «politique d’accueil flexible». Mais cette adaptation ne doit pas se faire tout de suite. Il s’agit d’observer l’évolution du conflit avant de réagir. Andrea Caroni estime par ailleurs que la Suisse ne peut pas faire cavalier seul dans ce domaine: «Une dynamisation du statut de protection est indiquée. Celle-ci doit toutefois être coordonnée au niveau européen.»
La Conférence des directeurs cantonaux des affaires sociales examine également la pertinence d’une limitation régionale du statut S et en discutera «en temps voulu», selon sa vice-présidente, la Glaronnaise Marianne Lienhard. La prochaine réunion des directeurs cantonaux se tient à fin mai.
Ne pas faire le jeu de Vladimir Poutine
L’idée d’une limitation régionale est cependant assez controversée, même du côté des politiciens qui ont une ligne plus dure en matière d’asile, note le journal dominical. Le président du Centre, Gerhard Pfister (ZG), estime ainsi que limiter le statut de protection S à une partie de l’Ukraine serait «anticiper les objectifs de guerre de la Russie. On fait ainsi le jeu de Poutine. Car on favorise ainsi la division de l’Ukraine.» Un signal que la Suisse devrait donc se garder d’envoyer pour des raisons de politique étrangère. En outre, adapter le statut S créerait deux classes d’Ukrainiens. «Cela ne va pas», lance le président.