Près de la moitié des infectés souffrent ensuite de Covid long

Pour comprendre les effets à long terme du Covid, l’Écosse a entrepris en mai 2021 une vaste étude appelée Long-CISS (Long Covid in Scotland Study). Un questionnaire a été envoyé à 33’281 personnes testées positives au Covid, questions renouvelées 6, 12 et 18 mois après la date de l’infection. Les mêmes questionnaires ont été envoyés à 62’957 personnes jamais infectées pour savoir si certains symptômes ressentis étaient dus au Covid ou pas.

Première constatation, dans les résultats publiés le 12 octobre dans «Nature Communications», les personnes infectées qui n’ont eu aucun symptôme (asymptomatiques) continuent à n’avoir aucun effet indésirable par la suite. En revanche, sur les 31’486 personnes ayant présenté des symptômes, 6% (1856) n’avaient pas guéri lors de leur dernier questionnaire (donc entre 6 et 18 mois après l’infection) et 42% (13 350) ne l’étaient que partiellement.

Les personnes qui n’ont pas du tout guéri se retrouvent surtout chez celles qui avaient été hospitalisées suite au Covid, chez les personnes âgées, davantage chez les femmes que chez les hommes, chez celles atteintes de maladie respiratoires, dépression et comorbidités, ainsi que chez les personnes socialement défavorisées.

Au fil des questionnaires, la majorité des personnes ont vu une amélioration constante de leur état, 4% aucune évolution, 11% une détérioration et 13% une amélioration, mais qui n’a débuté que tardivement.

Les symptômes persistants les plus courants sont la fatigue, les maux de tête et les douleurs et faiblesses musculaires. Mais ces symptômes se retrouvent également fréquemment chez les personnes qui n’ont pas été infectées par le Covid. Ce sont d’autres symptômes qui se retrouvent essentiellement chez les personnes infectées, en premier lieu la perte d’odorat et du goût, suivi des symptômes cardiovasculaires (essoufflement, douleurs thoraciques et palpitations) et de la confusion. De plus, si certains symptômes sont communs aux infectés et non infectés, les personnes qui ont eu le Covid ont bien plus de risques de présenter plusieurs symptômes, qui engendrent une moins bonne qualité de vie et une altération étendue de leurs activités quotidiennes. Ce qui ne peut s’expliquer par la confusion avec des maux qui ne seraient pas dus au Covid.

«L’inclusion d’un groupe de comparaison non infecté nous a permis de démontrer que les résultats n’étaient pas dus à une confusion. Il s’agit d’une force majeure de notre étude par rapport à d’autres études de cohorte de population», écrivent les auteurs.

Si la perte de goût et d’odorat est l’un des symptômes qui diminue le plus entre 6 et 12 mois, en revanche celui de toux sèche augmente entre 6 et 18 mois. Si peu de personnes avaient eu une vaccination complète avant l’infection, bon nombre avaient reçu au moins une dose. Il a été constaté chez les vaccinés un moins grand risque de développer certains symptômes, principalement la perte de goût et d’odorat, des problèmes d’audition, un manque d’appétit, des problèmes d’équilibre, de la confusion et de l’anxiété et dépression.

«Notre étude est importante car elle ajoute à notre compréhension du Covid long dans la population générale, pas seulement chez les personnes qui doivent être hospitalisées après avoir été infectées, a déclaré le directeur de l’étude, le professeur Jill Pell, de l’Université de Glasgow, dans un communiqué. En comparant les symptômes avec ceux qui ne sont pas infectés, nous avons pu faire la distinction entre les problèmes de santé dus au Covid-19 et les problèmes de santé qui se seraient produits de toute façon».

Cette étude complète et affine de précédentes recherches, dont l’une menée à Genève qui avait déjà lié les symptômes de Covid long à l’infection principalement.