Ski alpinIls nous auront fait rêver tout au long de la saison
La saison de Coupe du monde est désormais terminée. Des athlètes comme Mikaela Shiffrin ou Marco Odermatt ont fait rêver. D’autres ont impressionné. Par où commencer, après une telle saison?
- par
- Rebecca Garcia
Une saison remplie de petites victoires et de cruelles désillusions s’est achevée dimanche. Les finales de Coupe du monde de Soldeu ont permis à certains, comme Tessa Worley ou Johan Clarey, de faire un dernier tour de piste. Pour les autres, rendez-vous à l’année prochaine. D’ici là, impressions à chaud.
Des larmes à la joie
Tout s’est terminé au plus haut niveau d’excitation, avec la victoire d’un Ramon Zenhäusern rayonnant à Soldeu. Le Haut-Valaisan possède un capital sympathie qui en fait un athlète très apprécié du public, et ce dernier lui le rend bien. S’il avait déjà remporté un slalom à Chamonix il y a un peu plus d’un mois, gagner la dernière course de la saison a de quoi prouver qu’il va définitivement mieux. Car il faisait peine à voir la saison dernière tant il était acculé par sa blessure à l’épaule.
Le constat est similaire pour Marc Rochat. Le Vaudois fait preuve d’une sincérité parfois touchante. Sa fierté et son bonheur après les bons résultats de cette année – et cette quatrième place en Andorre – se comprennent d’autant plus qu’il avait admis en début de saison qu’il était enfin débarrassé de ses problèmes physiques. Cette fois-ci, il y croyait. Et cela aurait été un véritable crève-cœur que son corps ne lui joue des tours à nouveau.
«C’est malfait», c’est peut-être le mot le plus à propos pour qualifier Corinne Suter avant les Mondiaux de Courchevel/Méribel. La Schwytzoise souffrait, et cela se voyait sur son visage. Pour celle qui avait habitué ses fans à briller à chaque grande occasion, arriver à la plus grande compétition de l’année en étant diminuée avait de quoi frustrer. Pourtant, elle est quand même repartie de Méribel avec une médaille autour du cou. Mieux que ça: elle a vu son amie Jasmine Flury se parer d’or. Une autre belle histoire.
Le phénomène Lucas Braathen
Les plus patriotes seront déçus de voir un Suisse comme Daniel Yule ou Ramon Zenhäusern, à portée, rater le globe au profit d’un Norvégien. Mais Lucas Braathen a tout d’un bon vainqueur. À 22 ans seulement, «Pinheiro» donne un petit coup de fouet au cirque blanc. Il détonne mais ne déplaît pas, et cette impression est encore renforcée par les nombreux athlètes qui l’ont félicité dimanche.
«En vrai», Lucas Braathen est aussi un personnage tout en relief. C’est celui qui fait sonner la cloche reçue à Adelboden en salle de presse. C’est celui qui est DJ à ses heures perdues et qui se plaît à parler de ses voyages et de ses découvertes entre les entraînements qui lui permettent de devenir le meilleur slalomeur de la planète.
Le «monstre ordinaire» Shiffrin
Il y a des journalistes qui ont demandé à Marco Odermatt de se comparer à Mikaela Shiffrin. Le Nidwaldien n’a jamais accepté d’entrer dans ce jeu-là. Il le sait, ce que fait l’Américaine est absolument impressionnant. «C’est la meilleure skieuse du moment», glissait-il aux Mondiaux de Courchevel/Méribel.
Le constat n’a pas changé, non. Il s’est tout au plus renforcé, avec une Mikaela Shiffrin toujours plus ancrée dans les livres de records du ski alpin. Sans perdre de sa spontanéité, puisqu’elle semblait être n’importe quelle nana amoureuse et un peu gênée au moment d’être interviewée par son compagnon Aleksander Aamodt Kilde, dimanche.
Au passage, cette domination de Mikaela Shiffrin rend d’autant plus satisfaisantes les deux victoires de Wendy Holdener en slalom.
Les coups de gueule qui passent bien
Lara Gut-Behrami, qui côtoie les sommets depuis plus de 15 ans. La Tessinoise l’a dit, elle pense tenir encore deux saisons avant de tirer sa révérence. Toujours compétitive, toujours capable de briguer un podium en géant, en descente ou en super-G (où elle a remporté le globe), elle a atteint un palmarès rare à l’âge de 31 ans.
Ses performances manqueront à la Suisse. Ses coups de gueule aussi. Ils font du bien dans un circuit où certains discours ont tendance à se lisser. Quand Lara Gut-Behrami pestait et refusait de passer aux interviews après sa quatrième place au géant des Mondiaux, elle mettait en exergue une question intéressante: qu’est-ce qu’elle a de pertinent à dire cinq minutes après une course? Pas grand-chose.
Difficile de vraiment lui en vouloir. Car c’est vrai que l’exercice est parfois un peu plat, et que voir un skieur manquer le podium est presque toujours suivi d’un: «Je ne suis pas allé assez vite, j’aurais dû davantage attaquer.» Elle n’est d’ailleurs pas la seule à dénoncer une discussion. Peut-être serait-il intéressant d’essayer de poser quelques questions autrement la saison prochaine.