ConsommationPlainte contre Coop et Denner pour vente d’alcool aux ados
La Croix Bleue a engagé des poursuites contre les deux distributeurs après avoir constaté que les mineurs pouvaient facilement acheter de l’alcool en ligne.
- par
- Michel Pralong
Aujourd’hui, il est difficile pour des mineurs d’acheter de l’alcool en magasin. Vendeurs et vendeuses sont formés pour veiller à contrôler leur âge en cas de doute, affirme la Croix Bleue, et les tests d’achat par des mineurs échouent dans la plupart des cas. Mais ce n’est pas du tout la même chose lorsqu’il s’agit de commander par internet. L’organisation qui vient en aide aux personnes dépendantes a, de février à avril dernier, fait commander de l’alcool online par des jeunes âgés entre 13 et 17 ans.
Ils ont passé ces commandes auprès de huit boutiques en ligne, dont celles de Coop, Denner ou de fournisseurs alimentaires comme Uber Eats. 83% des commandes en ligne ont été acceptées, pareil pour 48 des 49 fournisseurs alimentaires. Pour passer commande, les jeunes n’ont eu dans la plupart des cas qu’à fournir un compte Twint ou une carte de crédit prépayée et à mentir sur leur âge. Six des huit boutiques en ligne n’ont aucune mesure stricte pour vérifier l’âge du client. Ce n’est pas le cas de Galaxus, contrairement à sa société mère Migros, qui demande d’entrer un code de sa carte d’identité ou de passeport. Les tentatives de commande d’alcool par des mineurs ont toutes échoué chez ce distributeur.
Du gin livré à un enfant de 11 ans
Les livreurs ne contrôlent pas non plus l’âge de la personne à qui ils amènent de l’alcool. La Croix Bleue l’a vérifié dans un autre test, un enfant de 11 ans s’étant notamment fait remettre une bouteille de gin. Mercredi dernier, la Fondation Addiction suisse a publié une étude qui arrive aux mêmes conclusions: 94% des jeunes concernés ont pu commander illégalement de l’alcool sur internet et 89% des jeunes de 13 ans se sont vus remettre l’alcool directement par le livreur.
La Croix Bleue avait publié ses résultats mi-mai, espérant que cela ferait réagir les détaillants. Mais cela n’a pas été le cas. Du coup, l’organisation passe à la vitesse supérieure et a engagé cette semaine des poursuites pénales contre deux des plus gros vendeurs d’alcool, Coop et Denner, filiale de Migros, nous apprend la «NZZ». La loi sur l’alcool prévoit des amendes jusqu’à 40 000 francs pour celui qui vend de l’alcool aux mineurs et le Code pénal une peine de prison pouvant aller jusqu’à 3 ans.
Denner et Coop disent vouloir agir
Denner et Coop ont réagi en répondant au journal qu’ils comptaient mettre rapidement en place de nouveaux processus de vérification de l’âge du client. Mais aucune date précise n’est avancée.
La NZZ précise en outre que l’un des vendeurs d’alcool a carrément menacé la Croix Bleue de poursuites judiciaires contre elle. L’organisation n’a pas voulu dire de qui il s’agissait, mais il l’accuse d’avoir incité des jeunes à commettre un crime et d’avoir fait des faux en mentant sur leur âge.