France: Eau douce jetée dans une saline en période de sécheresse

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FranceDe l’eau douce jetée dans une saline sème le trouble avec la sécheresse

Nourrie par la fonte des neiges, l’eau est détournée pour produire de l’électricité. Électricité de France a le droit de rejeter l’équivalent de 300’000 piscines. Face au gaspillage, des pistes sont explorées.

C’est à la centrale de Saint-Chamas que l’eau douce, une fois turbinée, finit sa course déversée dans l’étang de Berre. EDF a le droit d’y rejeter jusqu’à 1,2 milliard de m3 par an, soit plus de 300’000 piscines olympiques.

C’est à la centrale de Saint-Chamas que l’eau douce, une fois turbinée, finit sa course déversée dans l’étang de Berre. EDF a le droit d’y rejeter jusqu’à 1,2 milliard de m3 par an, soit plus de 300’000 piscines olympiques.

AFP

En France, dans une Provence frappée par des épisodes de sécheresse liés au réchauffement climatique, le rejet «comme un déchet» de centaines de millions de mètres cubes d’eau douce dans une lagune salée interroge sur une meilleure valorisation de cette précieuse ressource. Non polluée, cette eau provient de la Durance, nourrie des neiges alpines. Électricité de France (EDF) dérive une partie de cette rivière pour produire de l’électricité, via une chaîne de centrales allant des Alpes à Saint-Chamas, en Provence.

«Face au changement climatique, c’est incroyable de balancer un milliard de m3 d’eau douce comme un «déchet», alors qu’à une dizaine de kilomètres, on manque d’eau.»

Philippe Picon, Syndicat mixte d’aménagement de la vallée de la Durance

C’est là que l’eau douce, une fois turbinée, finit sa course, déversée dans l’étang de Berre, la plus grande lagune méditerranéenne de France. EDF a le droit d’y rejeter jusqu’à 1,2 milliard de m3 par an, soit plus de 300’000 piscines olympiques.

«Face au changement climatique, c’est incroyable de balancer un milliard de m3 d’eau douce comme un «déchet», alors qu’à une dizaine de kilomètres, on manque d’eau», dénonce Philippe Picon, directeur ressource en eau du Syndicat mixte d’aménagement de la vallée de la Durance.

«Peut-on encore accepter de gaspiller cette quantité?»

Après 2022 et sa sécheresse historique, État, élus, agriculteurs, défenseurs de l’environnement et EDF planchent sur des scénarios pour mieux valoriser cette eau, tout en maintenant la production électrique. D’autant qu’avec le changement climatique, la ressource devrait diminuer de 15% d’ici 2050 dans tout le bassin de la Durance, qui alimente en eau potable trois millions de personnes, permet d’irriguer 100’000 hectares de terres agricoles et fait tourner des industries, rappelle Philippe Picon.

«Peut-on encore accepter de gaspiller cette quantité?» s’interroge le maire de Saint-Chamas, Didier Khelfa. Avec d’autres élus du Groupement d’intérêt public pour la réhabilitation de l’étang de Berre, il s’implique depuis des années pour diminuer ces rejets. Car cette eau douce perturbe l’écosystème lagunaire, jusqu’à asphyxier la faune et la flore, comme en 2018.

EDF a dû maintenir sa production

En 2022, EDF – qui rejette de fait entre 650 et 960 millions de m3 selon les années – était prête à réduire la quantité turbinée. Mais «sont intervenues la guerre en Ukraine et les tensions sur le marché de l’énergie», et l’électricien a voulu maintenir sa production, rappelle le préfet Christophe Mirmand. Des pistes sont désormais étudiées.

En attendant, élus, gouvernement, ONG et EDF rejettent cette «aberration». «La seule destination acceptable de l’eau, c’est de la donner là où on en a besoin dans la région», résume René Benedetto, président de l’association écologiste L’étang nouveau.

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(AFP)

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