États-UnisL’ouragan Ian va coûter des dizaines de milliards
Alors qu’il a retouché terre en Caroline du Sud, vendredi, on sait déjà qu’Ian va peser sur l’économie du pays durant dix jours. Sans compter que de nombreux sinistrés n’ont pas d’assurance.
Maisons soufflées ou sous l’eau, infrastructures endommagées, entreprises et exploitations agricoles à l’arrêt: l’ouragan Ian va peser sur la croissance américaine, coûter des dizaines de milliards de dollars aux assureurs en Floride et laisser en difficultés de nombreux propriétaires non assurés. Après avoir touché terre mercredi à l’ouest de la Floride, Ian a charrié sur son passage des vents violents et des pluies torrentielles, transformant parfois des rues en véritables canaux.
L’évaluation de l’ampleur de la dévastation est encore très préliminaire. Mais il est d’ores et déjà établi que «l’ouragan devrait fortement perturber l’activité économique sur dix jours, avec les coupures d’électricité, les annulations de vols, la suspension de la production énergétique, l’impact sur les exploitations agricoles, en particulier les oranges», énumère Gregory Daco, économiste pour le cabinet EY-Parthenon.
Le plus coûteux depuis Andrew
Ian devrait au final peser sur le produit intérieur brut de la Floride, à hauteur de 6% au troisième trimestre, et sur celui des États-Unis, à hauteur de 0,3%, estime le spécialiste. Comme pour tous les désastres naturels, cet impact économique s’amoindrira progressivement, surtout quand sera engagé «un effort de reconstruction en matière d’infrastructures portuaires, routières, résidentielles». Mais cet effet «se déroule sur plusieurs années».
À plus court terme, les pertes liées au vent sur les propriétés résidentielles et commerciales devraient atteindre, pour les assureurs, entre 22 et 32 milliards de dollars, tandis que les pertes liées aux inondations pourraient coûter de six à quinze milliards de dollars, a calculé le cabinet spécialisé CoreLogic. «Il s’agit de la tempête la plus coûteuse en Floride depuis que l’ouragan Andrew a touché terre, en 1992», a commenté un responsable de CoreLogic, jeudi.
L’agence de notation Fitch évalue de son côté les pertes assurées entre 25 et 40 milliards de dollars en Floride, un montant qui pourrait s’élever en fonction de l’impact d’Ian sur les États plus au nord. Son homologue S&P Global Rating avance un chiffre de 30 à 40 milliards de dollars. Pour le cabinet Moody’s Analytics, les pertes pour les assureurs pourraient atteindre 45 à 55 milliards de dollars, et l’activité économique perdue en Floride s’élever entre sept et dix milliards.
En prenant une estimation moyenne et ajustée de l’inflation (46 milliards), il entrerait dans le top 10 des ouragans les plus coûteux aux États-Unis, selon les calculs du cabinet, derrière notamment les ouragans Katrina (160 milliards), en 2005, Harvey (124 milliards) ou Maria (111 milliards), en 2017.
Très peu d’assurances inondation
Ces premières estimations ne prennent pas en compte les bâtiments n’ayant pas d’assurance inondation, qui représentent la grande majorité de l’immobilier en Floride. Selon des données du cabinet Milliman, seulement 18,5% des maisons dans les comtés soumis à un ordre d’évacuation à l’approche de l’ouragan possèdent une assurance souscrite auprès de l’organisme public chargé d’apporter ce genre de couverture. Très peu d’assurances privées proposent cette option.
L’État fédéral vient parfois au secours de ces non-assurés en payant pour un hébergement temporaire ou des réparations basiques, mais l’aide reste limitée. Les cotisations pour les assurances habitation en Floride étaient déjà plus élevées qu’ailleurs et la situation ne devrait pas s’arranger.