États-UnisL’ONU embarrassée par des accusations américaines d’espionnage
Après avoir expulsé 12 diplomates russes lundi, Washington a demandé mardi à l’ONU le départ d’un «agent de renseignement russe» travaillant pour l’Organisation.
Au lendemain de l’annonce de l’expulsion de 12 diplomates de la mission russe à l’ONU, les États-Unis ont révélé mardi avoir demandé à l’Organisation – un peu perplexe -, le départ d’un «agent de renseignement russe travaillant» au sein de son secrétariat général, sur fond de tensions extrêmes américano-russes liées à la guerre en Ukraine.
Cette double annonce a enveloppé le siège de l’ONU au bord de l’Est River à Manhattan d’un fort parfum de Guerre froide, même si le lieu est régulièrement décrit par des diplomates comme «un nid d’espions». «Le 28 février, les États-Unis ont lancé une procédure pour exiger le départ d’un agent de renseignement russe travaillant aux Nations Unies qui a abusé de ses privilèges de résidence aux États-Unis», a annoncé à l’AFP une porte-parole de la mission diplomatique américaine auprès de l’Organisation.
Interrogée pour savoir s’il s’agissait d’un homme ou d’une femme, la mission américaine s’est refusée à tout commentaire, rappelant que la politique traditionnelle des États-Unis dans ce genre d’affaire était de ne pas révéler les noms des individus concernés.
À la question de savoir si un lien était à établir avec la guerre en Ukraine, la mission a répondu, semblant vouloir distinguer ses demandes de départs de Russes de la riposte américaine à l’invasion de l’Ukraine: «Cette action, comme celle annoncée hier (lundi), était en préparation depuis des mois».
«Décision un peu difficile à comprendre»
Lors de son point presse quotidien, le porte-parole de l’ONU, Stéphane Dujarric, en confirmant la demande américaine liée à un employé travaillant au secrétariat général, a toutefois précisé que le contrat de l’employé concerné arrivait à échéance à la mi-mars.
«Ce qui rend cette décision un peu difficile à comprendre, c’est que le membre du personnel devait terminer sa mission le 14 mars», a-t-il dit, sans autre commentaire sur son poste exact, si il ou elle travaillait auprès du secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, au 38e étage du bâtiment de verre qui abrite ses bureaux.
En raison des droits liés à sa vie privée et de la nature «sensible» du dossier, «je ne ferai pas d’autre commentaire», a fait valoir le porte-parole. Interrogée sur sa réaction, la mission russe à l’ONU s’est bornée à répondre à l’AFP qu’il s’agissait d’«une situation entre l’ONU et l’employé» en question.
«Mauvaise nouvelle»
Lundi, les États-Unis avaient confirmé avoir pris la décision d’expulser avant le 7 mars douze membres de la mission diplomatique russe auprès de l’ONU, accusés «d’espionnage», révélée par l’ambassadeur russe à l’ONU, Vassily Nebenzia, de manière spectaculaire, en pleine conférence de presse après avoir pris un appel sur son téléphone portable.
«C’est une démarche hostile contre notre pays», avait alors réagi l’ambassadeur russe aux États-Unis, Anatoli Antonov, dans un communiqué publié sur Facebook, ajoutant que cet acte de l’administration américaine suscitait une «déception profonde et un rejet absolu» à Moscou.
L’ambassadeur russe adjoint, Dmitry Polyanskiy, a précisé ensuite à l’AFP que la décision d’expulsion ne concernait ni Vassily Nebenzia, ni lui-même, ni l’ambassadrice russe adjointe pour les Affaires africaines, Anna Evstigneeva. «C’est une mauvaise nouvelle», avait réagi devant les médias Vassily Nebenzia.