Conseil nationalViolence contre les femmes: «De l’avis général, la situation est durablement tendue»
Avec 20 000 infractions de violence domestique en 2022, dont 25 décès, une majorité de centre gauche veut que la Confédération s’implique encore davantage pour venir en aide aux victimes.
- par
- Eric Felley
«Avec 20 000 infractions de violence domestique déclarées en 2022, dont 25 décès, les chiffres sont malheureusement en hausse». Marie-France Roth Pasquier (C/FR), au nom de la Commission de la science, de l’éducation et de la culture, a fait ce constat alarmant ce mercredi au Conseil national. Cette augmentation ressort également d’un rapport publié en juin 2022 par le Conseil fédéral sur la violence faite aux filles et aux jeunes femmes en Suisse.
Un des problèmes rencontrés par les organisations spécialisées est le manque d’offres d’hébergement adéquates. Plus profondément, il manque «des statistiques officielles ou d’études présentant des données fiables sur l’offre actuelle d’hébergement d’urgence pour les filles et jeunes femmes victimes de violences dans notre pays».
Une situation durablement tendue
Marie-France Roth Pasquier a cité également un rapport du Conseil de l’Europe sur la lutte contre la violence à l’égard des femmes. Celui-ci recommande de mettre en place «un nombre suffisant de centres d’aide d’urgence pour les victimes de viol ou de violences sexuelles, qui répondent à l’ensemble de leurs besoins à court, moyen et long termes». Après avoir entendu diverses organisations actives dans ce domaine: «de l’avis général, la situation est durablement tendue». La commission est persuadée que la Confédération doit agir encore plus en profondeur avec les cantons en fonction des problèmes spécifiques de chaque région. Par 108 voix à 78, le Conseil national a accepté un postulat dans ce sens.
Un travail déjà en cours
L’UDC et le PLR se sont opposés estimant que cette tâche revient principalement aux cantons. Le conseiller fédéral Alain Berset s’y est opposé aussi pour ne pas faire doublon. Selon lui, la situation est connue: «Dans le rapport de juin 2022 le Conseil fédéral avait déjà recensé les régions dans lesquelles des lacunes existent en matière de places d’accueil pour les filles et les jeunes femmes victimes de violences. Ce rapport d’il y a une année se base sur une étude qui démontre qu’il manque jusqu’à 36 places d’hébergement spécialisé supplémentaires pour couvrir les besoins - des besoins croissants d’ailleurs - au cours des cinq prochaines années».
Selon lui, les cantons sont en train de faire le travail: «L’opposition du Conseil fédéral à ce postulat n’est pas une opposition au contenu, mais c’est une opposition à la demande de réaliser une étude, alors que les cantons sont déjà en train de prendre des mesures dans leur domaine de compétence sur la base d’un précédent postulat».