Cinéma«Les gardiens de la galaxie – volume 3»: sous l’emprise du cool
James Gunn clôt les aventures de sa bande de bras cassés sur un divertissement boursoufflé qui hurle à chaque séquence «regardez comme je suis brillant». En salle mercredi 3 mai.
- par
- Jean-Charles Canet
Excroissance de l’univers étendu Marvel au cinéma, la saga «Les gardiens de la galaxie» se compose désormais de trois parties toutes réalisées par le trublion James Gunn, sous la permissive supervision de Kevin Feige, le grand chef du tout et du reste. Les trois longs métrages ont ceci de particulier d’occuper dans cette famille nombreuse la place du cousin turbulent et parfois grossier mais qu’on tolère parce que c’est un bon gars au fond.
Après avoir été rattaché lâchement à l’arc Thanos, le malthusien qui voulait résoudre d’un claquement de doigts la surpopulation qui menaçait l’univers, «Les gardiens de la galaxie» prenait pleinement son indépendance avec le «volume 2» en se consacrant à la résolution d’un conflit père fils nécessitant de faire sauter un cœur de planète (et la planète entière avec, ne chipotons pas). On a même été jusqu’à engager Kurt Russell pour jouer le rôle du père de Peter Quill (Chris Pratt).
Le «Volume 3» met cette fois en avant Rocket, le raton laveur génétiquement modifié, puisqu’on va faire la connaissance du «Grand évolutionnaire» (Chukwudi Iwuji), l’homme qui a transformé ce membre éminent de l’équipe des Gardiens en rongeur intelligent. Pourquoi? Dans quel but? Suspense.
Soudain, Rocket tombe au feu
Tout commence par un Rocket grièvement blessé mais qui ne peut être soigné car ses organes, appartenant au laboratoire, sont verrouillés comme pourrait l’être un programme informatique. Star Lord et ses bras cassés vont donc tenter de pénétrer la base du détenteur des droits pour substituer la clé pendant que Rocket, mal barré, bave dans son respirateur. C’est du James Gunn tout cuit, mais on a connu pire comme départ de films Marvel avec un nouvel antagoniste tout en ambiguïté. S’ensuivent un certain nombre de péripéties que les fans des «Gardiens» se feront un plaisir de découvrir 2 h 30 durant.
Pour notre part, on a retrouvé dans «Les gardiens de la galaxie - Volume 3» tout ce qu’on avait aimé et détesté à la vision des deux précédents films. On aime globalement le grand n’importe quoi, le petit vent de folie qui souffle dans la tête de James Gunn. De l’humour, de la méchanceté light et puis quelques passages tire larmes parce que la galéjade, ça va un moment. On déteste en revanche… tout le reste. Surtout le fait que Gunn n’arrive jamais à raconter une histoire.
On rêve ne serait-ce qu’une fois de le voir exprimer une idée sans recourir à de longs tunnels dialogués, juste par le brio d’un mouvement d’appareil et d’une direction d’acteurs subtile. On rêve qu’il parvienne à tirer une larme à ses spectateurs sans recourir aux techniques les plus éculées pour faire pleurer Margot. On rêve d’une scène d’action qui ne se résume pas à des jetés de créatures numériques indestructibles au travers de décors pensés comme des tranches de mille-feuilles à détruire. On rêve de pouvoir croire qu’un personnage court un véritable danger, que la possibilité de sa mort ne se passe pas comme si un scénariste avait décidé de le rendre subitement vulnérable comme on appuie sur un interrupteur.
Plan-séquence de la mort
On rêve enfin que Gunn cesse de vouloir prouver constamment qu’il est un cinéaste «cool». Le genre qui annonce par un clin d’œil appuyé que le prochain morceau de bravoure sera un long plan-séquence au ralenti, avec le fond musical qui va bien, et dans lequel nos héros virevoltants trucident un régiment d’ennemis génériques.
Le paradoxe dans tout cela est que les productions Marvel, se trouvant actuellement dans un tel état de d’essoufflement, «Les gardiens de la galaxie – Volume 3» passe pour le premier de la classe.
En 2022, James Gunn est devenu pour DC Films (Superman, Batman, Flash, Aquaman, Wonder Woman…) ce que Kevin Feige est pour Marvel: un producteur timonier chargé de superviser pour les studios Warner Bros la cohérence de l’univers étendu DC. Sans vouloir trop préjuger, on craint l’erreur de casting.
«Les gardiens de la galaxie – Volume 3», dans les salles romandes dès le 3 mai 2023.