LondresBoris Johnson veut «continuer» malgré les démissions
Déterminé à rester, le Premier ministre britannique défend son poste au Parlement, lors de la séance hebdomadaire de questions qui lui sont adressées.
Le Premier ministre britannique, Boris Johnson, a affirmé, mercredi, sa détermination à «continuer» le mandat qui lui a été confié, malgré les démissions en cascade au gouvernement qui l’affaiblissent sur fond de scandales à répétition. «Nous allons continuer à remplir le mandat qui m’a été confié», a déclaré le chef du gouvernement lors d’une séance hebdomadaire de questions au Parlement, particulièrement électrique.
Déterminé à rester au 10 Downing Street, Boris Johnson a défendu l’action de son gouvernement, vantant des baisses d’impôt devant les députés lors de la séance hebdomadaire de questions au Premier ministre. Mais des rires ont fusé lorsqu’il a dit s’être entretenu mercredi matin avec des membres du gouvernement, alors que les démissions se succèdent depuis mardi soir.
Premiers à partir, les ministres de la Santé Sajid Javid et des Finances Rishi Sunak ont annoncé à quelques minutes d’intervalle leur démission mardi soir, lassés des scandales à répétition qui secouent le gouvernement depuis des mois.
Cascade de démissions
Dans la foulée, d’autres membres du gouvernement moins haut placés ont eux aussi jeté l’éponge, dont trois secrétaires d’État mercredi, portant le nombre total de départs à plus d’une quinzaine.
Ignorant les moqueries, Boris Johnson, dont l’étoile a pâli depuis son accession triomphante au pouvoir en 2019, a affirmé que «le travail d’un Premier ministre dans des circonstances difficiles, quand un mandat colossal lui a été confié, est de continuer, et c’est ce que je vais faire». Le chef de l’opposition travailliste, Keir Starmer, a fustigé un «spectacle pathétique» tandis que le leader du parti nationaliste écossais SNP à la chambre des communes, Ian Blackford, a exigé la tenue d’élections anticipées. Deux députés conservateurs ont demandé à Boris Johnson de démissionner lors de la séance de questions hebdomadaire.
«Total manque de confiance»
Dans son camp conservateur, les démissionnaires ont eu des mots durs pour le chef du gouvernement, mettant en cause son honnêteté. L’un des partants, le secrétaire d’État aux Finances John Glen, a sèchement motivé sa démission par un «total manque de confiance» dans le Premier ministre.
Les deux démissions-chocs de mardi soir ont été annoncées alors que le Premier ministre venait de présenter des excuses, après un énième scandale, reconnaissant avoir fait une «erreur» en nommant en février dans son gouvernement Chris Pincher, «whip» en chef adjoint chargé de la discipline parlementaire des députés conservateurs. Ce dernier a démissionné la semaine dernière, après avoir été accusé d’attouchements sur deux hommes. Après avoir affirmé l’inverse, Downing Street a reconnu, mardi, que le Premier ministre avait été informé dès 2019 d’anciennes accusations à l’encontre de M. Pincher mais qu’il les avait «oubliées» en le nommant.
Pour le secrétaire d’État aux Écoles, Robin Walker, qui a démissionné mercredi, les «grandes réalisations» du gouvernement ont été «éclipsées par des erreurs et des interrogations sur l’intégrité».
Intégrité en question
Un point également soulevé par M. Javid, 52 ans, qui a jugé que les Britanniques étaient en droit d’attendre «de l’intégrité de la part de leur gouvernement». Le départ de son collègue des Finances, Rishi Sunak, 42 ans, intervient dans un contexte économique particulièrement difficile, en pleine crise du coût de la vie au Royaume-Uni. Boris Johnson a rapidement remplacé les deux démissionnaires en nommant son ministre de l’Éducation, Nadhim Zahawi, aux Finances, et Steve Barclay, jusque-là chargé de la coordination gouvernementale, à la Santé.
Des ministres loyaux lui ont réaffirmé leur soutien, comme Nadine Dorries, en charge de la Culture. Il est parfois «facile de s’en aller», mais «beaucoup plus difficile» de mettre en œuvre des réformes pour le pays, a affirmé Nadhim Zahawi, mercredi, sur Sky News.
Malgré ces marques de soutien, Boris Johnson pourra-t-il survivre à cette énième crise, lui qui a toujours refusé d’envisager la démission? Dans le «Telegraph», l’ancien secrétaire d’État chargé du Brexit, David Frost, parti en décembre, l’a appelé à démissionner, car «s’il s’accroche, il risque d’entraîner le parti et le gouvernement avec lui». Déjà considérablement affaibli par le scandale des fêtes organisées à Downing Street pendant la pandémie, M. Johnson a survécu il y a quelques semaines à un vote de défiance de son propre camp.