Conflit: Parlementaires en Ukraine: «Je referais ce voyage sans hésiter»

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ConflitParlementaires en Ukraine: «Je referais ce voyage sans hésiter»

Une délégation du Conseil national est rentrée d’Ukraine après un bref séjour. Les parlementaires ont raconté jeudi à Berne leur voyage à la presse et répondu aux critiques.

Christine Talos
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Christine Talos
Les parlementaires de retour d’Ukraine et devant la presse à Berne.

Les parlementaires de retour d’Ukraine et devant la presse à Berne. 

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Une délégation parlementaire emmenée par la présidente du National Irène Kälin (Verts/AG) s’est rendue mercredi à Kiev pour une visite officielle et elle était de retour jeudi en Suisse. L’Argovienne mais aussi les conseillers nationaux Roger Nordmann (PS/VD), Yves Nidegger (UDC/GE) et Nik Gugger (PEV/ZH) se sont exprimés face à la presse.

«Même si les combats se poursuivent, nous avons ressenti le courage des Ukrainiens», a déclaré Irène Kälin. «Cette guerre nous concerne tous. Elle concerne nos valeurs communes et constitue une attaque contre les droits de l’homme et une grave violation du droit international», a-t-elle souligné. Elle est aussi la cause de milliers de morts, de l’exode de millions d’Ukrainiens, de l’augmentation du prix de l’essence et des difficultés d’approvisionnement, a-t-elle rappelé. 

Reconstruction

Pour elle, la Suisse doit jouer un rôle important pour aider à la reconstruction en Ukraine. «Recovery and reconstruction» sont d’ailleurs les mots le plus souvent entendus sur place, a-t-elle souligné. C’est aussi le souhait des Ukrainiens et du président Zelensky que la présidente du National a brièvement rencontré.  «Ce n’était pas une rencontre bilatérale mais plutôt une rencontre de travail avec d’autres participants connectés», a-t-elle toutefois précisé. La plupart des participants ont parlé en ukrainien et leurs propos n’ont pas été traduits.

Irène Kälin a précisé qu’elle avait répété sur place plusieurs fois qu’au vu de sa neutralité, «la Suisse ne peut pas, ne veut pas et n’allait pas livrer d’armes. Personne n’a critiqué cette position», a-t-elle souligné.

Réponses aux critiques

Les parlementaires se sont aussi défendus face aux critiques sur le bien-fondé de répondre à l’invitation d’un pays en guerre au regard de la neutralité helvétique. À l’image de l’UDC Yves Nidegger. Le Genevois a rappelé que les visites de délégations parlementaires en Ukraine ont été régulières ces dernières années. «Certes, la guerre donne une couleur particulière à celle-ci mais elle n’a rien de bizarre ni de surprenant», a-t-il lancé. En outre, «le fait d’être attaquée par son grand voisin ne fait pas de l’Ukraine un paria infréquentable», a-t-il ajouté. 

Le Vaudois Roger Nordmann a abondé: «C’était très important d’aller confirmer sur place la position officielle de la Suisse face à cette violation crasse du droit international», a-t-il dit en soulignant l’importance pour le moral des responsables d’être soutenus. Il a aussi répondu aux critiques de mise en scène et de manipulation. «Évidemment c’était une mise en scène. On allait justement là-bas pour montrer notre soutien. Cela aurait été désastreux que les médias ne le montrent pas.» Et d’ajouter: «Les critiques sont totalement déplacées.» Irène Kälin l’a souligné: «Je referais le voyage sans hésiter».

«Une polémique à côté de la plaque»

Le fait que l’Office fédéral de la police (FedPol) ait refusé d’assurer la sécurité des parlementaires et déconseillé à Irène Kälin de faire ce voyage, suscitant ainsi l’irritation de la présidente, a également été évoqué. L’UDC s’en était indignée sur Twitter, lui reprochant de faire du tourisme électoral. Roger Nordmann a balayé les critiques: «Nous étions en parfaite sécurité. Je trouve cette polémique à côté de la plaque.»

Quant à l’aide à apporter à l’Ukraine, les parlementaires auront leur mot à dire. «Notre rôle va être de voter des crédits pour aider à la reconstruction. Il faudra aussi consolider la position de la Suisse», a évoqué Roger Nordmann, qui a rappelé que l’Ukraine avait particulièrement apprécié que Berne ait repris les sanctions de l’UE à l’encontre de Moscou. «Mais la bataille promet d’être âpre au Parlement. Il y aura des questions très dures», a prévenu l’UDC Yves Nidegger, opposé comme son parti aux sanctions. «La question sera de savoir ce que nous voulons faire de notre neutralité. Car de tous les gouvernements du monde, un seul croit encore que la Suisse est neutre: c’est le Conseil fédéral.»

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