Voile«Maxi Edmond de Rothschild», monstre favori de la Transat
Mené par Charles Caudrelier et Erwan Israël, le géant des mers de l’écurie Gitana est attendu en vainqueur en Martinique dans la classe des Ultim.
- par
- Grégoire Surdez
Ils sont tellement larges et longs qu’ils ne rentrent pas dans le bassin Paul Vatine du Havre où patientent les 89 autres bateaux de la Transat Jacques Vabre. Les cinq trimarans de la classe Utlim ont droit à leur espace lounge personnel. «SVR Lazartigue» (François Gabart), «Banque Populaire» (Armel Le Cléac’h), «Sodebo Ultim» (Thomas Coville), «Actual Ultim 3» (Anthony Marchand) et «Maxi Edmond de Rothschild» (Charles Caudrelier) déploient leurs 32 mètres de longueur et leurs 23 mètres de largeur sous le regard émerveillé des passants. Il faut sans doute venir voir, une fois, un de ces bijoux de tout près, pour en mesurer toute la puissance.
Monstre parmi les monstres, «Edmond de Rothschild» est sans doute le plus abouti des trimarans de la classe Ultim. Gitana, l’écurie de course de la famille Rothschild, a toujours cultivé l’art de développer des bateaux qui sortent de l’ordinaire. Des premiers vapeurs du Léman de Julie de Rothschild au «Maxi Edmond de Rothschild» 140 plus tard, toute une histoire s’est écrite entre la Suisse et la Bretagne, entre Genève et Lorient où le trimaran a posé sa base de travail. «Derrière toute belle aventure technologique, il y a des hommes qui sortent de l’ordinaire, explique le skipper Charles Caudrelier. Il y a eu la vision de Benjamin de Rothschild qui voulait un bateau différent. Avec Cyril Dardashi, notre Team Manager, ils ont été les premiers à croire au vol sur les courses au large. Ils ont surtout eu le courage de persévérer lorsque c’était compliqué. On peut donc dire que nous avons été les pionniers chez Gitana.»
Des pionniers du vol
Les deux premières années du Maxi ont été très compliquées avec leur lot inévitable de soucis techniques. Mais la voile évolue presque aussi vite que le vent. Les systèmes de contrôle de vol, les pilotes automatiques capables de gérer la marche du bateau, tout s’est mis en place pour que les Ultim puissent désormais défier le temps. «Nous avions logiquement un temps d’avance sur la concurrence, estime Erwan Israël, co-skipper sur cette Transat Jacques Vabre. Mais il est évident que nos adversaires ont eux aussi fait de sacrés progrès. Les dernières confrontations nous ont montré que les écarts de performance sont minimes. Ce sont les équipages qui vont faire la différence sur cette très longue transat.»
Avec une traversée du golfe de Gascogne, une descente dans l’Atlantique Sud jusqu’à l’Île de l’Ascension, et une remontée jusqu’en Martinique, le menu sera très copieux. Avec en guise de dessert, deux traversées de la redoutée et redoutable zone du Pot au noir où les conditions peuvent varier du calme plat à l’orage furieux en moins de deux. «C’est un parcours très sympa et varié, dit Erwan Israël, un marin bien connu sur le Léman, victorieux à deux reprises du Bol d’Or. Il nous emmènera dans des coins, notamment vers cette marque de parcours de l’Ascension, où nous ne naviguons pas très souvent.»
Départ en boulet de canon
Mais tout cela est encore bien lointain. Ce dimanche, c’est à un départ en boulet de canon que l’on devrait assister. Les cinq Ultim seront les premiers à franchir la ligne à 13 h 05. Dans un flux de plus de Sud-ouest de 25 à 30 nœuds. «Des conditions musclées, pas forcément très agréables», admet Charles Caudrelier. Mais le dernier vainqueur du Route du Rhum en 2022 en a vu d’autres. «C’est un peu le lot de toutes les courses qui partent de France en novembre et nous savons faire avec ça. Nous, ce qui nous préoccupe davantage, c’est la zone de calme que nous allons devoir franchir au sud du Portugal pour passer sous l’anticyclone et attraper les premiers alizés.»
La traversée devrait durer deux semaines pour arrivée groupée avec les leaders des autres classes qui ont tout un parcours différent. «L’idée de faire que tout le monde arrive plus ou moins en même temps est plutôt sympa, admet Charles Caudrelier. Il y a deux ans, avec Franck Cammas, nous étions arrivés après un Muti 50 sans que cela ne me dérange le moins du monde. Chacun a ainsi droit à sa part d’attention médiatique.»
Le maxi Edmond de Rothschild y est même habitué depuis plusieurs saisons…