En cas d’attaque contre l’UkraineBiden menace Poutine de sanctions «comme il n’en a jamais vues»
Le président des États-Unis a cependant précisé que l’envoi de troupes américaines pour défendre l’Ukraine n’était «pas envisagé» à l’heure actuelle.
![Le président russe Vladimir Poutine assiste à une réunion virtuelle avec le président américain Joe Biden, le 7 décembre 2021. Le président russe Vladimir Poutine assiste à une réunion virtuelle avec le président américain Joe Biden, le 7 décembre 2021.](https://media.lematin.ch/4/image/2023/11/08/a54a4ea3-9849-4b72-a291-01fdba4f1eb0.jpeg?auto=format%2Ccompress%2Cenhance&fit=max&w=1200&h=1200&rect=0%2C0%2C2048%2C1293&fp-x=0.5&fp-y=0.5003866976024749&s=6156ddf4009484c5db697303889bae7d)
Le président russe Vladimir Poutine assiste à une réunion virtuelle avec le président américain Joe Biden, le 7 décembre 2021.
AFPLe président américain Joe Biden a agité mercredi la menace de sanctions comme Vladimir Poutine «n’en a jamais vues» en cas d’invasion de l’Ukraine, son homologue russe jugeant lui que Moscou avait «le droit» de se défendre. «J’ai été très clair, si en effet il envahit l’Ukraine», il y aura des «conséquences économiques comme il n’en a jamais vues», a déclaré Joe Biden devant des journalistes à la Maison-Blanche, au lendemain d’un entretien de deux heures avec Vladimir Poutine.
Si le président démocrate a pour l’heure écarté l’envoi de troupes américaines car Kiev n’est pas membre de l’Otan, la pression diplomatique s’accentue sur le Kremlin, accusé de masser des dizaines de milliers de soldats à la frontière avec l’Ukraine, en vue d’attaquer le pays.
Kiev a reçu le soutien du nouveau chancelier allemand Olaf Scholz, qui a menacé mercredi de «conséquences» pour le gazoduc controversé Nord Stream 2 reliant la Russie à l’Allemagne en cas d’invasion. «Notre position est très claire, nous voulons que l’inviolabilité des frontières soit respectée par tous», a-t-il déclaré dans sa première interview après sa prise de fonction.
«Absolument prioritaire»
La Maison-Blanche n’a pas dit clairement si Joe Biden avait évoqué ce moyen de pression devant Vladimir Poutine, mais le conseiller pour la sécurité nationale, Jake Sullivan, a insisté sur cette option «absolument prioritaire».
Le secrétaire d’État américain Antony Blinken et le président du Conseil européen Charles Michel ont convenu mercredi, lors d’un appel, «de la nécessité d’imposer des sanctions rapides et sévères à la Russie» si l’escalade militaire s’intensifiait.
Le Royaume-Uni et la France ont aussi rejoint le concert de voix européennes appelant Vladimir Poutine à la retenue. À Paris, le ministère des Affaires étrangères a ainsi averti la Russie des «conséquences stratégiques et massives» qu’aurait une agression à l’encontre de l’Ukraine.
«Moyens de défense»
De son côté, la Russie nie toute velléité belliqueuse envers son voisin, dont elle a annexé la péninsule de Crimée en 2014, mais s’oppose catégoriquement à l’adhésion de Kiev à l’Otan.
Vladimir Poutine a affirmé mercredi que Moscou avait «le droit de protéger sa sécurité», estimant que laisser l’Otan s’approcher de ses frontières sans réagir serait «criminel». «Nous ne pouvons qu’être préoccupés par l’éventualité d’une admission de l’Ukraine au sein de l’Otan, car cela s’accompagnerait sans aucun doute d’un déploiement de contingents militaires, de bases et d’armements qui nous menacent», a-t-il ajouté.
Lors de son entretien avec l’hôte de la Maison-Blanche, le chef de l’État russe a notamment demandé des «garanties juridiques sûres» qui empêcheraient l’Ukraine de rejoindre l’Otan.
À Washington, Joe Biden a jugé que «l’obligation sacrée» qui le lie aux pays de l’Alliance atlantique «ne s’étend pas à l’Ukraine», excluant pour l’instant une intervention militaire. Mais il a prévenu qu’une attaque russe en Ukraine entraînerait un renforcement de la présence militaire américaine sur les territoires des membres de l’Otan en Europe de l’Est. Le président américain a aussi «clairement indiqué à l’Ukraine» que, dans ce cas de figure, les États-Unis fourniraient des «moyens de défense».
L’Ukraine recevra déjà des «armes légères et des munitions», envoyées cette semaine dans le cadre d’un plan de soutien approuvé par Joe Biden, a annoncé mercredi le porte-parole du Pentagone, John Kirby.
Avions français interceptés
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky, qui appelle depuis plusieurs mois ses alliés occidentaux à le soutenir davantage, a jugé mercredi «positives» les discussions entre Joe Biden et Vladimir Poutine. «Nous voyons maintenant une véritable réaction personnelle (…) du président Biden dans la résolution du conflit», s’est-il félicité. Les présidents américain et ukrainien doivent s’entretenir au téléphone jeudi.
Malgré ces déclarations, la situation reste volatile sur le terrain. Ainsi, le ministère russe de la Défense a annoncé que des avions de combat de Moscou avaient intercepté et «escorté» trois appareils militaires français au-dessus de la mer Noire mercredi, affirmant avoir «empêché toute violation» de sa frontière. Paris n’avait pas réagi dans l’immédiat à l’incident.
Les tensions réveillent le spectre d’une nouvelle confrontation militaire en Ukraine, pays pauvre d’Europe orientale déchiré depuis 2014 par une guerre entre Kiev et des séparatistes prorusses dans l’est. Kiev accuse la Russie de soutenir les séparatistes, ce que nie Moscou. Le conflit a fait plus de 13’000 morts.
Biden se concertera jeudi avec neuf pays d’Europe de l’Est sur l’Ukraine
Joe Biden aura une conversation téléphonique avec «les dirigeants du groupe des neuf de Bucarest, composé des alliés de l’Otan du flanc oriental, pour leur résumer son entretien avec le président Poutine, entendre leurs avis sur la situation sécuritaire actuelle, et souligner l’engagement des Etats-Unis pour la sécurité transatlantique», selon un communiqué.