Publicité électoraleLa Poste ignore l’autocollant «Stop à la pub» et ça rapporte gros
Les Suisses reçoivent dans leur boîte aux lettres de la propagande électorale, même s’ils refusent expressément la publicité. Ce qui permet à La Poste de gagner beaucoup d’argent.
- par
- Christine Talos
Élections fédérales du 22 octobre obligent, il n’y a pas un jour sans que le facteur dépose dans nos boîtes aux lettres de la propagande politique. Et ce même si de nombreux ménages ont apposé un autocollant «pas de publicité, merci».
En effet, La Poste ignore ces demandes à dessein. Elle se justifie en expliquant traiter les prospectus et flyers électoraux de la même manière que le matériel électoral ordinaire ou les lettres officielles. En clair: elle les considère comme un «envoi officiel». Et dans ce cas, l’autocollant n’est pas valable, explique la «SonntagsZeitung». Le géant jaune affirme aussi que les Suisses ne souhaitent en fait pas renoncer aux envois «importants ou intéressants» non adressés, comme les «informations de partis politiques».
Trois fois plus de gain
La vraie raison serait surtout financière. Car la publicité politique rapporte bien plus au géant jaune, relève le journal. Qui a fait ses calculs. Si un client privé veut distribuer un flyer commercial à un maximum de ménages en Suisse, La Poste lui propose de l’envoyer en tenant compte de l’autocollant «Stop à la pub». Le flyer atterrira alors chez 1,7 million de foyers pour un prix de 256’000 francs. Mais si un parti veut distribuer un même flyer dit politique, La Poste peut alors l’envoyer à 4,5 millions de foyers, en passant outre l’autocollant. Et elle gagne ainsi 667’000 francs.
Pour l’association de protection des consommateurs alémaniques SKS, il n’y a aucun doute: «La Poste veut gagner plus d’argent en distribuant des envois publicitaires à davantage de ménages. Elle veut ainsi sauver son activité de courrier», affirme sa responsable Sarah Stalder. Pour rappel, le géant jaune a déjà été épinglé en mai par la FRC pour tenter d’inciter les Suisses à accepter les prospectus dans leurs boîtes aux lettres.
La Poste, elle, se défend en s’appuyant sur un accord de plus de 20 ans conclu avec les associations de protection des consommateurs. Un accord qui stipule que le géant jaune puisse ignorer l’autocollant en cas de propagande électorale. Mais Sarah Stalder se montre aujourd’hui dubitative: «Nous ne sommes plus entièrement convaincus que les souhaits de nombreux clients en matière de publicité politique puissent tout simplement être ignorés.»