Politique – La droite espagnole met fin à sa crise interne avec un virage au centre

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PolitiqueLa droite espagnole met fin à sa crise interne avec un virage au centre

Fragilisé, le Parti populaire espagnol va confier, samedi, ses rênes à une figure de la droite modérée, pour retrouver de l’élan face au gouvernement de gauche et à la poussée de l’extrême droite.

Alberto Núñez Feijóo (à gauche) devrait sans surprise succéder à Pablo Casado (en arrière-plan) à la tête de la principale formation de droite en Espagne.

Alberto Núñez Feijóo (à gauche) devrait sans surprise succéder à Pablo Casado (en arrière-plan) à la tête de la principale formation de droite en Espagne.

AFP

En prise avec une des pires crises de son histoire, le Parti populaire (PP) espagnol va confier, samedi, ses rênes à une figure de la droite modérée. Alberto Núñez Feijóo, 60 ans, président de la région de Galice, est le seul candidat à la présidence lors du congrès extraordinaire de la formation, qui se tiendra vendredi et samedi à Séville. Une candidature unique qui marque la volonté du parti de mettre de côté ses divisions, après des mois de guerre entre son patron sortant, Pablo Casado, 41 ans, et la présidente de la région de Madrid, Isabel Díaz Ayuso, étoile montante du PP, âgée de 43 ans.

Réputé modéré et pragmatique, Alberto Núñez Feijóo est depuis treize ans à la tête de la Galice, où il a remporté quatre élections consécutives avec la majorité absolue, devenant un baron unanimement respecté du PP. Parvenu à empêcher le parti d’extrême droite Vox, en plein essor en Espagne, de s’ancrer dans son fief, il a aussi réussi à éteindre l’incendie après la publication, en 2013, de photos révélant son amitié avec un trafiquant de drogue, dont il a affirmé ne pas connaître les activités.

«Nous aspirons à être la référence pour tous les Espagnols qui nous ont fait confiance et ceux qui ne l’ont jamais fait», a-t-il tweeté avant le congrès.

L’avantage de l’expérience

Son expérience, unanimement saluée, apparaît comme un avantage pour mettre un terme à la crise interne du PP, qui a éclaté mi-février, lorsque Isabel Díaz Ayuso a accusé Pablo Casado de manœuvrer pour la «détruire» après l’avoir fait espionner par certains de ses proches. Elle était soupçonnée, par l’entourage du second, de trafic d’influence dans le cadre d’un contrat d’achat de masques, signé en avril 2020 par la région de Madrid et pour lequel son frère Tomas, représentant d’une entreprise vendant du matériel sanitaire, a touché une commission.

Cette crise a fini par emporter Pablo Casado, déjà très critiqué par les barons du parti pour son manque de leadership. «Le moment est venu d’entamer une nouvelle étape», a assuré Esteban González Pons, député européen du PP chargé d’organiser ce congrès.

Législatives de 2023 dans le viseur

L’arrivée d’Alberto Núñez Feijóo survient à un moment clé pour le PP, qui entend regagner du terrain face au Premier ministre socialiste Pedro Sanchez, dans la perspective des prochaines élections législatives, prévues fin 2023. Le panorama national «peut se compliquer» pour le socialiste, souligne Ana Sofía Cardenal, professeure de sciences politiques à l’Université ouverte de Catalogne, pour qui «la hausse des prix», accentuée par la guerre en Ukraine, va fortement peser sur «le budget des Espagnols». Dans ce contexte, Alberto Núñez Feijóo, «qui est dans une position plus centriste» que Pablo Casado, «pourrait gratter des voix au centre, voire au centre gauche», estime-t-elle.

Contrer la montée de l’extrême droite

(AFP)

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