Commentaire - Le Conseil fédéral part gagnant avec la loi Covid-19

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CommentaireLe Conseil fédéral part gagnant avec la loi Covid-19

Avec bientôt 64% de la population qui a reçu au moins une dose, on voit mal une majorité se dessiner contre la politique du Conseil fédéral et sa loi Covid-19. La rogne contre le certificat suffira-t-elle?

Eric Felley
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Eric Felley
Les deux Romands du Conseil fédéral, le président Guy Parmelin et le chef de la Santé Alain Berset, se présentent en tandem pour défendre la loi Covid-19 le 28 novembre prochain.

Les deux Romands du Conseil fédéral, le président Guy Parmelin et le chef de la Santé Alain Berset, se présentent en tandem pour défendre la loi Covid-19 le 28 novembre prochain.

AFP

Lundi, lors de leur conférence de presse sur la votation du 28 novembre, Guy Parmelin et Alain Berset ont voulu montrer qu’ils abordaient sereinement ce rendez-vous concernant les adaptations de la loi Covid-19 intervenues en mars dernier. Dans leur attitude, c’est d’abord un message qu’il faut retenir: le Conseil fédéral ne se laissera pas intimider par la rue et les mouvements qui contestent bruyamment, voire violemment, sa politique.

Rappelons qu’au mois de juin, la loi Covid-19 a été acceptée par 60% des voix, ce qui était finalement un peu en dessous des attentes du côté de Berne. La surprise est venue de l’opposition de huit cantons et demi-cantons: Uri, Schwytz, Obwald, Nidwald, Glaris, les deux Appenzell et Thurgovie. C’est là que se situe le noyau dur de la résistance aux décisions du Conseil fédéral en matière de lutte contre l’épidémie. Et c’est là aussi que l’épidémie est la plus forte actuellement.

Le bébé et l’eau du bain

Cette première partie de la loi Covid-19 concernait les aides économiques. La seconde, attaquée par un référendum massif doté de 187 000 signatures, concerne des aides supplémentaires (RHT, allocations de chômage, aide à la culture), le dépistage, mais aussi et surtout le certificat sanitaire qui est la cible des mécontents. «Il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain», a prévenu Guy Parmelin. Autrement dit, il faut regarder l’ensemble de cette loi. Si un aspect ne nous plaît pas, une pesée des intérêts s’impose.

Dans la campagne, le Conseil fédéral ne manquera pas de rappeler que le certificat est essentiel pour voyager. En cas de refus de la loi, il n’y en aura pas d’autre, a-t-il dit aujourd’hui. Ce sera une de ses bonnes cartes à jouer. La meilleure est sans doute le fait que près de 64% de la population est aujourd’hui vaccinée avec au moins une dose (dont 55% avec deux doses). Il serait étrange que dans les urnes, ces personnes disposant d’un certificat sanitaire refusent en grand nombre de suivre la stratégie du Conseil fédéral.

Une population discriminée

Cependant, deux semaines après l’extension du certificat aux établissements publics, il est difficile d’évaluer comment ces nouvelles contraintes sont perçues. D’un côté, ces mesures ont permis de faire repartir la vaccination qui stagnait. De l’autre, elles isolent une population - de plus en plus réduite mais importante quand même - qui se sent discriminée par la situation. Beaucoup de ces gens se considèrent comme de bonne foi, car le Conseil fédéral a toujours dit que la vaccination ne serait jamais obligatoire. Pour obtenir le certificat, il leur reste soit à tomber malade, soit à faire des tests, qui seront bientôt payants.

Les camps en présence

Au final, le 28 novembre, la décision du citoyen se fera aussi en fonction des camps en présence: le Conseil fédéral, les cantons et le monde politique (à l’exception de l’UDC) d’un côté, et de l’autre l’UDC et une constellation de groupements, davantage présents en Suisse alémanique, qui se retrouvent sous la bannière de la liberté, érigée en valeur suprême. Ces mouvements ont remplacé cette année dans les rues de Berne les activistes du climat. Ils regroupent des personnes d’horizons très divers, pacifiques pour la grande majorité, mais qui se font déborder par des éléments ou des groupuscules violents. Ce qui affaiblit leur cause dans l’opinion.

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