ConflitUn labo ADN mobile aide les Ukrainiens à retrouver leurs morts
Près d’Izioum, dans l’est de l’Ukraine, une fosse commune a été découverte en septembre. Les corps peuvent être identifiés grâce à des prélèvements ADN, sans reconnaissance visuelle.
Un laboratoire d’analyse ADN offert par la France a été déployé à Izioum, dans l’est de l’Ukraine, où 450 corps ont été retrouvés sur un site d’inhumation de masse, afin d’aider des familles à retrouver des proches disparus, sans passer par l’éprouvant examen visuel. Une cinquantaine de personnes se sont présentées, vendredi, pour participer à cette campagne de prélèvement ADN, organisée sur le parking d’un local commercial.
«Je recherche mon père, Anatoly Matyshko. Selon ses voisins, il a été tué le 10 mars par un éclat d’obus et enterré dans son jardin. Il a été exhumé et emmené à la morgue de Kharkiv, mais un autre corps a été retrouvé dans le même jardin», a déclaré Inna Kupriyanova, ouvrière de 46 ans. «Je viens donc donner mon ADN pour être sûre qu’on identifie bien mon père et pour pouvoir l’enterrer comme il faut.»
Les personnes ayant un lien génétique avec le proche disparu ou possiblement exhumé passent quelques minutes dans le petit camion mobile blanc pour fournir un échantillon de salive, les autres un objet personnel, idéalement une brosse à dent de leur proche.
Un deuxième d’ici à la fin de l’année
Ce «LAB’ADN» est un dispositif projetable, développé par l’Institut de recherche criminelle de la Gendarmerie française, permettant de réaliser rapidement des analyses génétiques sur une grande quantité de prélèvements biologiques. Ce premier laboratoire a été offert en juillet par la France, qui doit en livrer un deuxième à l’Ukraine, d’ici à la fin de l’année, avait indiqué récemment l’ambassadeur de France en Ukraine, Étienne de Poncins.
Plusieurs centaines de tombes surmontées d’une croix et une fosse commune avaient été découvertes, mi-septembre, dans une forêt en lisière d’Izioum, ville qui a été sous occupation russe pendant près de six mois, avant d’être reprise par les forces ukrainiennes. Après exhumation, 450 cadavres ont été envoyés à la morgue de Kharkiv pour identification, a indiqué, vendredi, le porte-parole du bureau du procureur de la région de Kharkiv.
Depuis septembre, 750 exhumations
«On a entendu parler de ce laboratoire, alors on est venues», dit Louba Yaresheva, 57 ans, accompagnée de sa sœur. Elles espèrent la restitution du corps de leur neveu, Maksym, qui, redoutent-elles, fait partie des corps enterrés sous un numéro, dans la forêt d’Izioum. Jusqu’à l’arrivée de ce dispositif, les identifications des corps des fosses communes de la guerre devaient passer par de très éprouvants examens visuels à la morgue, comme ce fut le cas à Boutcha, près de la capitale Kiev, en avril.
Cette campagne de prélèvement «nous aide pour l’identification des corps exhumés, car ils n’y sont pas restés qu’une journée… Leurs proches ne sont souvent pas en mesure de les identifier», explique la responsable du laboratoire mobile, Viktoriya Bulavina. Selon le bureau du procureur de la région de Kharkiv, 750 corps ont été exhumés de différents sites d’enterrements, collectifs ou non, depuis la libération du secteur, en septembre.