SyrieSoixante prisonniers libérés dans le cadre d’une amnistie inédite
Une soixantaine de prisonniers accusés de «terrorisme» ont retrouvé la liberté. Certains ont passé au moins dix ans derrière les barreaux.
Les autorités syriennes ont libéré une soixantaine de détenus depuis dimanche, dans le cadre d’un nouveau décret d’amnistie. Il s’applique aux crimes liés au «terrorisme», a indiqué lundi, une ONG syrienne. Le président syrien Bachar el-Assad avait déjà annoncé plusieurs amnisties depuis le début de la guerre en 2011.
«Plus de 60 détenus ont été libérés depuis dimanche, dans plusieurs régions syriennes, dont certains qui ont passé au moins dix ans» dans les prisons du régime, a indiqué l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). Le décret prévoit «d’accorder une amnistie générale pour les crimes terroristes commis par des Syriens» avant le 30 avril 2022, «à l’exception de ceux ayant entraîné la mort d’un être humain et ceux prévus par la loi antiterroriste», a indiqué samedi, la présidence syrienne.
Un «abattoir humain»
Ce nouveau décret, publié samedi est considéré par des militants des droits humains comme le plus complet. Selon le directeur de l’OSDH, «des dizaines de milliers de détenus» sont éligibles, dont beaucoup sont accusés de crimes liés au «terrorisme». Rami Abdel Rahmane qualifie cette accusation de «vague» pour «condamner les détenus arrêtés arbitrairement».
L’avocate Nora Ghazi, directrice de l’organisation «No Photo Zone» qui apporte une assistance juridique aux détenus, aux disparus et à leurs familles, a estimé que ce décret avait le cadre «le plus large depuis le début de la révolution syrienne». «Beaucoup de gens sont attendus, mais cela prendra beaucoup de temps», dit-elle. D’après une liste de 20 noms diffusée par des militants sur les réseaux sociaux, certains détenus ont passé des années dans la prison de Sednaya, qu’Amnesty International a qualifié d’«abattoir humain».
Depuis le début du conflit, près d’un demi-million de personnes sont entrées dans les prisons du régime et plus de cent mille d’entre elles sont mortes sous la torture ou à la suite de conditions de détention épouvantables, selon l’OSDH. Le régime syrien est également accusé de torture dans les prisons, de viols et d’agressions sexuelles, ainsi que d’exécutions extrajudiciaires.