Hockey sur glace – Ajoie: la relation d’appartenance change, l’identité demeure

En obtenant le droit de monter en National League le 28 avril dernier, le HC Ajoie, après plusieurs saisons faites de succès et ponctuées de deux titres en Swiss League et d’une Coupe de Suisse, savait qu’il devrait désormais «apprendre à perdre». Une notion vide de sens, à tout bien y réfléchir, car on n’acquiert pas une pratique qui nous assure de la défaite.

L’accepter et la gérer, cela fait par contre partie de l’apprentissage du néo-promu jurassien. Un chapitre important de son éducation dans lequel il se trouve plongé aujourd’hui. «Et cela n’est pas facile, car on n’y est pas habitué», reconnaît Jordane Hauert.

C’était néanmoins à prévoir. Après les neuf points récoltés de haute lutte lors des neuf premières journées de compétition, Ajoie a obtenu un zéro pointé lors des cinq suivantes. «Cela n’a pas été notre ADN, notre identité durant six ans. On est confronté à une difficulté, on ne va pas s’arrêter là-dessus, on doit s’adapter. Comme dans tout apprentissage, cela prend du temps», poursuit le numéro 93.

Lui le sait sans doute mieux que quiconque. Durant ses six dernières années en tant que capitaine en Swiss League, Jordane Hauert a terminé chaque exercice – saison régulière et play-off compris – avec un plus/minus largement favorable, soit entre +11 et +35. Après 14 rondes, il ferme actuellement la marche du classement de NL avec son –12, en compagnie de son coéquipier d’attaque Dario Rohrbach.

Une identité nouvelle? En réalité, c’est avant tout la relation d’appartenance qui change. Dorénavant, le HCA est confronté au quotidien a plus fort, plus doué, plus riche que lui. Son identité propre, elle, demeure. Elle est basée sur le travail et l’humilité. Après deux décennies de bons et loyaux services au club présidé par son papa Patrick, «captain Jo», qui fêtera ses 35 ans dans une grosse semaine, sait toute la complexité de sa mission actuelle. Rebondir, se relancer, alors que la 10^e place, occupée actuellement par Lausanne, s’éloigne déjà, à huit longueurs.

Oui, mais comment? « Une saison à ce niveau de jeu, ce n’est pas un match de Coupe de Suisse une fois par mois. On a fini la dernière le 28 avril, on est passé de 3,5 millions à 7 millions de budget en trois mois. On est et restera tout l’hiver le petit. On sait ce qu’on a, on sait surtout ce qu’a à faire. Travailler, encore et toujours. »

L’homme aux 952 matches joués avec le maillot à la Vouivre le répète: «Cela prendra du temps.» Et cela passera par d’autres soirées difficiles, comme les deux de cette fin de semaine. «Je n’ai pas souvenir d’avoir vu une équipe fermer la marche au classement et être portée pareillement par son public. Samedi, on perd 5-0 après avoir pris un 9-3 la veille à Langnau, un adversaire censé être d’un niveau proche. Et là, on a 4000 personnes qui continuent de nous applaudir, de nous pousser. Je ne connais pas métier plus gratifiant.»

Alors que le HC Ajoie n’a disputé jusqu’à présent qu’un seul match entier avec quatre renforts étrangers – c’était en ouverture de saison, le 7 septembre face à Bienne –, que le duo à la bande Sheehan/Léchenne est contraint depuis de bricoler avec les moyens à disposition, il pourrait bénéficier à nouveau prochainement – dès samedi contre Lausanne? - de quatre «importés» avec l’engagement samedi après-midi du Suédois Sebastian Wännström (l’attaquant de 30 ans débarquera en Suisse ce dimanche) et les probables retours au jeu des Québécois Guillaume Asselin et Jérôme Leduc avant la fin du mois.

Une nécessité si Ajoie entend sortir de cette spirale négative.