Prix Nobel de médecine: «Il m’a demandé s’il pouvait le dire à sa femme»

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Prix Nobel de médecine«Il m’a demandé s’il pouvait le dire à sa femme»

Le Suédois Svante Pääbo a reçu le Prix Nobel de médecine pour le séquençage du génome de l’homme de Néandertal et la fondation de la paléogénomique.

Le scientifique de 67 ans a été honoré lundi.

Le scientifique de 67 ans a été honoré lundi.

AFP

Le Prix Nobel de médecine a couronné lundi le pionnier de la paléogénomique, le Suédois Svante Pääbo. Il est récompensé pour le séquençage complet du génome de l’homme de Néandertal et la fondation de cette discipline qui remonte à l’ADN du fond des âges pour éclairer nos gènes d’aujourd’hui. «En révélant les différences génétiques qui distinguent tous les humains vivants des hominidés disparus, ses découvertes ont donné la base à l’exploration de ce qui fait de nous, humains, des êtres aussi uniques», a salué le jury Nobel.

Grâce au séquençage d’un os retrouvé en Sibérie en 2008, il a également permis de révéler l’existence d’un autre hominidé distinct et inconnu jusqu’alors, l’homme de Denisova, qui vivait dans l’actuelle Russie et en Asie. Âgé de 67 ans et installé en Allemagne depuis des décennies – il travaille au prestigieux Institut Max-Planck – Svante Pääbo a découvert en 2009 qu’un transfert de gènes de l’ordre de 2% avait eu lieu entre ces hominidés disparus, comme Néandertal, et l’Homo sapiens.

Le scientifique, ici en 2010.

Le scientifique, ici en 2010.

AFP

Ce flux ancien de gènes vers l’homme actuel a une pertinence physiologique aujourd’hui, par exemple en affectant la façon dont notre système immunitaire réagit aux infections. Ses travaux avaient ainsi récemment montré que les malades du Covid-19 portant un segment d’ADN de Néandertal hérité d’un croisement avec le génome humain il y a quelque 60’000 ans, sont plus à risque de complications sévères de la maladie.

«Il habite Leipzig, donc c’était facile de le joindre»

«Les différences génétiques entre Homo sapiens et nos plus proches parents aujourd’hui éteints étaient inconnues jusqu’à ce qu’elles soient identifiées grâce aux travaux de Pääbo», a salué le comité Nobel dans sa décision. Le chercheur suédois a su surmonter les difficultés posées par la dégradation de l’ADN dans le temps: après des milliers d’années, seules des traces demeurent, de surcroît largement contaminées par des bactéries ou des traces humaines modernes.

Pääbo, natif de Stockholm, avait été considéré comme nobélisable depuis longtemps. Mais il avait disparu de la liste des favoris ces dernières années. «Il habite Leipzig, donc c’était facile de le joindre, il ne dormait pas», a plaisanté Thomas Perlmann, le secrétaire du comité Nobel chargé de décerner le prix. «Il était sans voix, très heureux, il m’a demandé s’il pouvait le dire à sa femme, j’ai dit d’accord. Il était incroyablement content».

La récompense est dotée de 10 millions de couronnes (environ 910’000 francs). Remporter seul un Nobel scientifique fait figure d’exploit de plus en plus rare: la dernière fois pour la médecine remonte à 2016. Le millésime Nobel se poursuit à Stockholm mardi avec la physique et mercredi avec la chimie, avant les très attendus Prix de littérature jeudi et de la paix vendredi, seule récompense décernée à Oslo. Le plus récent Prix d’économie clôt le millésime lundi prochain.

(AFP)

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