Arc jurassienHaro sur la pub jugée sexiste dans l’espace public
Après Yverdon et Neuchâtel, c’est à Bienne que l’on entend bannir la publicité à caractère sexiste.
- par
- Vincent Donzé
«Combattre les stéréotypes, ce n’est pas de la pudibonderie», prévient le député bernois Mohamed Hamdaoui. Dans une intervention déposée au Grand Conseil avec la socialiste autonome Maurane Riesen, cet élu centriste entend bannir la publicité à caractère sexiste dans l’espace public, sur le modèle neuchâtelois. Une demande soutenue désormais par le gouvernement bernois, même si une modification de la législation n’est pas à l’ordre du jour.
La Berne cantonale veut d’abord observer l’effet de mesures similaires prises dans d’autres cantons. Interdire une affiche ou la décoller après l’avoir jugée inconvenante, ce n’est pas le même procédé: il s’agit d’inscrire les restrictions dans les contrats établis avec les sociétés d’affichage. Il s’agit aussi d’en venir à un discernement «clair et exhaustif» des formes de contenus sexistes.
Un autocontrôle
Le gouvernement bernois fait sienne la définition de la commission suisse pour la loyauté, une institution de la branche de la communication ayant pour objectif de garantir un autocontrôle.
Cette fondation indépendante qualifie de discriminatoire toute campagne où l’un des deux sexes est représenté comme objet d’asservissement, de même si quelqu’un est utilisé «dans l’unique fin d’une accroche visuelle», ou dans le cas où aucun lien évident entre la personne immortalisée et le produit promu ne serait décelé.
Tenir un marteau
Dans «Le Journal du Jura», Mohamed Hamdaoui a pris pour exemple les pubs pour la lessive et celles pour le bricolage: «À croire que les dames ne savent pas tenir un marteau et que les messieurs ne nettoient jamais le linge», a-t-il observé.
Sexistes ou non, il y aura moins d’affiches publicitaires l’année prochaine à Neuchâtel. Le Conseil communal entend réduire l’affichage commercial dans les rues, en particulier dans le centre historique. Le commerce en souffrira, mais la culture en profitera.
Une concession
L’an dernier, les redevances des panneaux d’affichage ont rapporté 220 000 francs à la Ville de Neuchâtel. Selon «ArcInfo», la commune a lancé un appel d’offres pour la gestion de l’affichage public sur son territoire, une prestation assurée jusqu’ici par la Société générale d’affichage (SGA), au bénéfice d’une concession depuis un siècle. Idem à La Chaux-de-Fonds.
À Yverdon (VD), la Municipalité étudiera une suppression pure et simple de l’affichage commercial. L’idée calquée sur Le Mont-sur-Lausanne, c’est d’attribuer les panneaux aux institutions locales, conformément au postulat «Libérons la ville du royaume de la consommation» accepté par 48 oui et 42 non. À Genève, l’initiative «Zéro pub» est gelée par un référendum.