FootballLa réponse du tac au tac de Gregor Kobel
Alors que Yann Sommer et Jonas Omlin sont blessés, le portier du Borussia Dortmund a rappelé mardi que la Suisse est bien servie en gardien. Face à Manchester City, le Zurichois de 24 ans a arrêté un penalty.
- par
- Valentin Schnorhk
Gregor Kobel aurait préféré que ce soit Erling Haaland qui se dresse face à lui. «Je m’étais réjoui qu’il puisse tirer un penalty, mais malheureusement, il n’était plus sur le terrain», a-t-il regretté mardi soir. Mais l’aurait-il arrêté, comme il a magistralement stoppé celui que Riyad Mahrez a pris? Peut-être pas.
Même si le gardien du Borussia Dortmund connaît bien celui qui était encore son coéquipier il y a quelques mois: «C’est un super mec et à l’entraînement, nous nous livrions toujours à l’un ou l’autre duel. C’était toujours un défi, mais il était sympa à relever.» En attendant, c’est bien Kobel qui a été le héros de la qualification du BvB pour les 8es de finale de Ligue des champions, obtenue grâce au 0-0 gardé contre Manchester City.
Cette prestation, qui se conjugue aussi avec deux autres arrêts durant la partie, met en valeur le Zurichois de 24 ans. Bien plus que sa boulette d’il y a dix jours en Bundesliga, lorsqu’il avait offert un but sur un plateau à l’Union Berlin, après une glissade au moment de vouloir renvoyer le ballon. Risée un jour, héros le reste du temps? Avec Kobel, c’est un peu ça. On lui prête en tout une certaine solidité, même s’il est encore soumis à la réalité du haut niveau et son exigence de régularité, lui qui est dans sa seconde saison au Borussia Dortmund.
Parcours cohérent
Tout est allé assez vite pour ce gardien longiligne (1,94 m), très tôt érigé comme un grand talent. Il n’avait pas encore 18 ans lorsque Hoffenheim était venu chercher le talentueux portier, alors à Grasshopper. D’abord aligné avec les juniors, il est promu doublure d’Oliver Baumann lors de la saison 2017-18, sous les ordres de Julian Nagelsmann.
Mais c’est à l’hiver 2019 que tout se débloque: prêté à Augsburg pour la deuxième partie de saison, il goûte une première fois à la Bundesliga en tant que titulaire. Son niveau fait peu de doute et tout juste relégué en 2e Bundesliga, le VfB Stuttgart le débauche pour mener l’opération remontée. Mission accomplie. Il confirme la saison suivante, sa première complète en tant que titulaire dans l’élite. De quoi attirer l’attention de Dortmund, qui le signe pour une quinzaine de millions de francs l’été dernier et en fait un titulaire devant ses deux compatriotes Marwin Hitz (aujourd’hui à Bâle) et Roman Bürki (qui a depuis rejoint la MLS et Saint-Louis City).
Problème: les bons gardiens suisses sont presque légion. Et il n’est qu’un parmi d’autres. On peut garder les cages du Borussia Dortmund toute l’année et n’être que numéro trois en sélection. Kobel a certes été rapidement identifié: appelé une première fois en 2017 par Vladimir Petkovic, il a ensuite été numéro quatre ou cinq dans la hiérarchie durant plusieurs années (ce qui lui a permis de suivre le dernier Euro depuis le banc, après la blessure d’Omlin).
Futur numéro un en sélection?
Depuis l’arrivée de Murat Yakin en septembre 2021, il fait partie du trio de base, passant devant Yvon Mvogo. C’est d’ailleurs à l’occasion du premier match du sélectionneur actuel qu’il a fêté sa première sélection, contre la Grèce (victoire 2-1). Avant de disputer deux autres matches: contre le Kosovo (1-1) en mars et lors de la déroute (4-0) au Portugal en juin dernier. Sans jamais réaliser de grosses prestations.
Si bien que si Yakin ne l’a jamais formulé comme tel, il semble figurer derrière Jonas Omlin dans la hiérarchie, loin derrière l’intouchable Yann Sommer. Question d’expérience (le portier de Montpellier a près de quatre ans de plus que lui), mais aussi de performances. Il y a toutefois là un certain luxe: à l’heure où tant Sommer qu’Omlin sont touchés à la cheville, le fait de devoir recourir à Kobel aurait de quoi rendre jaloux passablement de sélections (sans oublier que le portier de Salzbourg Philpp Köhn est également un réserviste).
Reste que le destin de Gregor Kobel semble probablement le mener vers un poste de futur numéro un en équipe nationale. Quand? Cela dépendra du temps que voudra encore s’arroger Yann Sommer, lui qui fêtera ses 34 ans le 17 décembre. Cela dépendra aussi du niveau de compétitivité de Jonas Omlin sur la durée. Mais à vrai dire, ce n’est sans doute qu’une question de patience pour l’avènement de Kobel. Surtout après des prestations comme celle de mardi.