FootballPour la Suisse, c’est de plus en plus compliqué de rêver
Soyons honnêtes, le football a pas mal changé depuis les épopées du FC Bâle en Champions League. YB en est le parfait exemple.
- par
- Robin Carrel Berne
L’après-match entre les Young Boys et le Sporting du Portugal (1-3) a commencé par une touche de lucidité. «On connaissait la puissance de l’adversaire et on savait qu’il aurait fallu faire le match parfait pour obtenir un résultat positif, a analysé le portier David von Ballmoos. Mais nous n’avons pas réussi. Chacun d’entre nous a commis l’une ou l’autre faute de trop. Mais on n’a pas été si mauvais que ça.» Bon, ça, ça se discute. Simplement, il y avait une ligue ou deux d’écart entre les deux formations à l’affiche de ce barrage et les Bernois ont fait ce qu’ils ont pu. Avec leurs moyens, surtout.
Sandro Lauper, un des rares au niveau au milieu, espère quant à lui encore (un peu): «A Lisbonne, jeudi prochain, on voudra montrer de quoi on est vraiment capables.» Ensuite, ça a été au tour de Raphaël Wicky de s’exprimer et on n’est pas vraiment sûr qu’il ait vu le même match depuis le bord de la pelouse que nous quelques mètres plus haut dans la tribune… «C’est une défaite malheureuse, a expliqué le coach valaisan. Nous avons eu des occasions, on a bien bougé. Mais ça a été un match finalement difficile, surtout avec ces buts encaissés. Nous allons essayer de faire mieux à Lisbonne la semaine prochaine.»
Oui, YB a presque fait illusion en début de rencontre. Mais l’écart était tel entre ces deux formations que seul un miracle aurait permis aux champions de Suisse de voyager au Portugal la semaine prochaine avec un score favorable. Ou un nul. Ou une courte défaite. Parce qu’à part très éventuellement Ugrinic, avant sa blessure malheureuse sur le 1-2, et Lauper, très précieux à la récupération, aucun joueur bernois ne pourrait rêver s’asseoir à la table du contingent du Ruben Amorim.
C’était mieux avant
C’est ainsi, le football en 2024. Avant, le FC Bâle pouvait représenter un joli tremplin en Europe pour des joueurs qu’il repérait en Afrique ou en Amérique du Sud. Aujourd’hui, avec les bases de données hallucinantes de toutes les formations des sept ou huit plus grands championnats, il faudrait un sacré concours de circonstances pour qu’une «pépite» soit découverte par un club helvète. Et si jamais un élément en or était découvert, il se sentirait de toute façon un peu seul.
Regardez simplement comment est construit le club bernois, qui domine outrageusement le pays depuis huit ans. D’un côté, des Suisses révélés ailleurs et qui n’ont pas trouvé de club étranger de pointe, des Helvètes qui ont échoué à l’étranger et qui viennent s’y relancer, et puis des mercenaires de seconde voire troisième zone. Ce n’est pas un reproche, c’est juste que le marché des footballeurs, de nos jours, ne laisse pas trop d’autres choix.
Mohamed Camara, le défenseur central expulsé jeudi soir, jouait à l’Hapoel Raanana avant de venir à YB. Cheikh Niasse, le milieu de terrain, était en échec à Lille. Le Polonais Lukasz Lakomy, tout de même assez intéressant contre le Sporting, est arrivé du Zaglebie Lubin. Meschack Elia, la star offensive des Young Boys, avait débarqué en 2020 du Tout Puissant Mazembe et il serait déjà parti depuis longtemps s’il avait vraiment été exceptionnel. Silvere Ganvoula, arrivé gratuitement de Bochum en 2e division allemande, n’a jamais été titularisé depuis cet été.
Voilà pour quelques exemples qui font mal, si on prend bêtement ce que le grand FCB de l’époque arrivait à recruter, de Julio Hernan Rossi à Mohamed Salah, en passant par Christian Giménez, Ivan Ergic, Timothée Atouba et Marcelo Diaz. Arthur Cabral, passé par le coude du Rhin entre 2019 et 2022, est quant à lui l’exception récente qui confirme la règle. Car les Bâlois non plus n’arrivent plus à attirer directement des joueurs qui feraient la différence au plus haut niveau européen. Et pourtant, Dieu sait qu’ils essaient avec leurs wagons de recrues à chaque mercato.
Heureusement que l’UEFA a inventé la Conference League. Là, on est à notre niveau et les pauvres peuvent y rêver entre eux.