FootballNeymar blessé, grosse tuile ou grande chance pour le PSG?
La blessure du Brésilien a d’abord été considérée comme un coup dur pour les Parisiens, qui affrontent le Bayern, mercredi, à Munich. Et si c’était l’inverse?
- par
- Simon Meier
Le Paris Saint-Germain, plus joueur que jamais, remet sa saison sur le tapis, ce mercredi soir à Munich. S’il parvient à renverser le Bayern, vainqueur 1-0 au Parc des Princes voici trois semaines du 8e de finale aller de la Ligue des champions, le ciel s’éclaircira jusqu’au prochain orage. Mais si le club de la capitale échoue, son exercice pourra d’ores et déjà être considéré comme un nouvel échec - malgré la très probable conquête d’un nouveau titre national ce printemps. Et l’habituelle avalanche de questions existentielles retombera sur la place publique, avec toujours la même en tête de liste: ce club est-il gérable?
Bref, le PSG joue très gros et, une fois de plus, ce sera sans Neymar, la tête de gondole qui ne fait plus rire grand-monde. Touché le 19 février contre Lille, contractant ainsi sa 19e blessure depuis son arrivée de Barcelone en 2017, le Brésilien a été opéré de la cheville droite. Il est «out» jusqu’à la fin de la saison. «Grosse tuile pour le PSG», a vite titré la majeure partie du paysage médiatique français. Ces derniers jours, une autre thèse, diamétralement opposée, a fait son bonhomme de chemin entre les lignes et sur les ondes: et si la défection du «Ney» constituait une bénédiction pour l’entraîneur Christophe Galtier?
«Je suis ravi pour le PSG que Neymar soit blessé, a lancé Christophe Dugarry, ex-international français, au micro de RMC. Je trouve que c’est une chance incroyable pour Christophe Galtier. A un moment, il aurait dû avoir le courage de le sortir, c’était la seule solution. Cette équipe est bien mieux équilibrée à cinq derrière, avec trois milieux de terrain et Mbappé-Messi devant.» Plus loin, histoire d’affiner - et clore - l’analyse: «Je ne peux plus voir Neymar, je n’y arrive plus, tranche le champion du monde 1998. Je le trouve insupportable dans ses dribbles, son attitude. Je ne veux plus le voir sur le terrain, il me fatigue.»
Christophe Galtier a lui aussi l’air fatigué, ces derniers temps. Mardi, en conférence de presse, il a été branché concernant l’éventuel bienfait du forfait du Brésilien. Le technicien a versé dans le oui et non: «Quand je lis tant mieux, je dis non, parce qu’il est gravement blessé. C’est un joueur qui, depuis que je suis au club, a toujours été très professionnel, a déclaré le Marseillais. Il a eu une période post-Coupe du monde difficile. Est-ce que l’équipe est plus équilibrée sans lui? Oui, de par le profil des milieux de terrain. Mais est-ce que c’est mieux comme ça? Avoir Ney dans l’effectif, c’est un atout supplémentaire pour marquer des buts.»
L’ex-prodige de Santos a compilé 18 buts et 17 passes décisives en 19 apparitions sous le maillot parisien cette saison. «Quand je regarde les résumés de ces six derniers mois, je constate que Neymar, sur le plan offensif, a réussi des actions assez extraordinaires, a convenu Thomas Müller, pilier du Bayern, mardi, en conférence de presse. Donc son absence constitue une grosse perte pour Paris, à première vue.»
Un deuxième regard dit d’autres choses. Il affirme tout d’abord que Paris a l’habitude de devoir composer sans sa vedette auriverde puisqu’en cinq ans et demi, Neymar a manqué 130 des 303 matches du PSG, pour un total cumulé de plus de 500 jours d’absence. Ce deuxième regard raconte aussi que l’incontestable talent individuel de l’oiseau ne s’accorde pas toujours avec le bon fonctionnement collectif de la basse-cour.
Le Brésilien s’est notamment fait l’auteur, récemment, de mouvements d’humeur envers ses coéquipiers du milieu Vitinha et Fabian Ruiz, ainsi fragilisés. Surtout, on constate que le ménage à trois avec Kylian Mbappé et Lionel Messi n’a jamais marché. Et chacun sait, sans toutefois toujours pouvoir le dire, que trois attaquants qui n’assurent pas le moindre repli défensif, ça fait trop pour une équipe qui se voudrait solide au plus haut niveau.
L’absence de Neymar a l’avantage de laisser libre cours au couple Mbappé-Messi. Depuis l’arrivée de l’Argentin à Paris à l’été 2021, lorsque les deux hommes ont été associés sans le Brésilien, ils n’ont jamais connu la défaite (douze victoires et trois nuls). Et le schéma de jeu, dans un 5-3-2 à assise défensive renforcée, correspond mieux à la philosophie naturelle de Christophe Galtier, un coach qui a le plus souvent misé par le passé sur une stratégie de rupture que de construction. Or, la rupture, quand on possède la fusée Mbappé dans son effectif, peut constituer en permanence une arme fatale pour l’adversaire.
Le PSG a-t-il davantage de chances de franchir l’obstacle bavarois sans l’une de ses principales divas? Son entraîneur n’est diplomatiquement pas autorisé à répondre que oui; mais on ne peut pas exclure qu’il le pense très fort.