FootballQuel numéro 9 pour le Servette FC?
La reprise sonne une semaine plus tard que prévu pour les Grenat, avec la réception de Sion dimanche (16h30). Chris Bédia, Enzo Crivelli et Ronny Rodelin postulent pour le rôle d’attaquant.
- par
- Valentin Schnorhk
C’est un serpent de mer. Les mois et les années passent, les matches et les saisons aussi, mais jamais encore la réponse n’a semblé s’imposer au Servette FC: qui est le numéro 9 titulaire dans le 4-3-3 auquel se fie depuis longtemps Alain Geiger? Souvent contraint par les blessures (Bedia et Crivelli, notamment), l’entraîneur des Genevois a écoulé passablement de solutions. Depuis le début de saison, Chris Bedia, Enzo Crivelli, Ronny Rodelin et même Boubacar Fofana ont été alignés à ce poste.
Mais dimanche (16h30), pour la réception de Sion dans le derby du Rhône, Geiger aura l’embarras du choix: le technicien a l’entièreté de son groupe à disposition, et en particulier ses éléments offensifs. Bedia et Crivelli, revenus de blessure au début du mois, ont pu profiter de la semaine supplémentaire sans compétition (après le renvoi du déplacement à Winterthour dimanche passé) pour s’affûter encore un peu plus.
Qui donc Geiger alignera-t-il à la pointe de l’attaque, sachant que Dereck Kutesa et Miroslav Stevanovic devraient vraisemblablement animer les ailes? L’entraîneur ne voit que deux solutions évidentes: Bedia et Crivelli. «Je les imagine partager ce rôle, bien que ce soient deux profils différents», a confirmé l’entraîneur servettien vendredi. Rodelin, lui, n’entre a priori pas dans le calcul, bien que ce soit lui qui ait été utilisé le plus souvent dans ce rôle lors de l’automne. Il ne faudra toutefois pas l’écarter sur la durée.
Au contraire de Fofana, dont l’alignement en pointe s’apparentait surtout à du dépannage, Dias Patricio ou encore Chaïbi (dans le contingent des M21, même s’il a participé au stage au Portugal), qui ne devraient être sollicités qu’en cas de force majeure.
Chris Bedia (26 ans)
Arrivé il y a un an à Servette, Chris Bédia ne s’est pas encore véritablement fait sa place. Il a certes inscrit 3 buts au printemps dernier, mais une blessure au pied l’a empêché d’enchaîner. Il n’a disputé que les trois premières rencontres de la saison. De retour, il espère enfin pouvoir exister dans la continuité sous le maillot grenat.
«C’est un attaquant qui s’exprime notamment à travers sa puissance», cadre Alain Geiger. Moins connecté au jeu que ses concurrents, comme en atteste le faible total de passes qu’il reçoit, le Franco-Ivoirien a pour rayon d’action principal la surface. Il peut être la cible d’un Servette qui passerait essentiellement par les ailes, afin de centrer. S’il n’est sans doute pas un buteur exceptionnel, le gaucher a le mérite d’être plus productif que les autres attaquants grenat, en termes de tentatives.
Sauf que voilà, cette saison, Bédia n’a toujours pas tiré la moindre fois au but. Avant sa blessure, il avait traversé les trois premières rencontres du championnat (contre Saint-Gall, à Bâle et à Sion) sans aucune frappe à son actif. Il faut dire que ce Servette du début de saison était particulièrement attentiste et se créait des occasions en contre-attaque. Une filière qui correspond peut-être un peu moins au numéro 29 grenat.
Enzo Crivelli (27 ans)
Jamais encore Enzo Crivelli n’a été titulaire en Super League. Débarqué à la fin du mercato d’été en provenance d’Istanbul Basaksehir, le Français a d’abord laissé entrevoir une grosse promesse, en marquant dès son premier match sous le maillot grenat: à Lucerne début septembre, lors d’un succès 2-0. C’est aussi son unique but en championnat jusqu’ici (il a également marqué en Coupe de Suisse à La Chaux-de-Fonds). Au total, il n’a participé qu’à cinq matches, enchaînant les pépins physiques.
On le dit désormais requinqué, et prêt à jouer. Alain Geiger y voit un profil différent de celui de Bédia: «Lui, il est plus dans la préparation du jeu, même s’il peut aussi être un registre d’attaquant assez puissant.» Crivelli n’est pas vraiment un attaquant de surface, mais plutôt de projection: partir de loin, pour terminer dans les 16 mètres adverses.
Ainsi, Servette ambitionne de pouvoir le toucher plus bas dans le terrain, pour participer à la remontée du ballon. Même si, pour tout dire, son faible temps de jeu jusqu’ici n’a pas véritablement permis de l’entrevoir. Reste qu’il faut imaginer un attaquant qui cherche à jouer en appui-remise, avant d’enchaîner avec un appel en profondeur. Un profil qui peut correspondre au Servette 2022-23.
Ronny Rodelin (33 ans)
Lui-même le dit et Alain Geiger n’a jamais eu vraiment de peine à le reconnaître: Ronny Rodelin n’est pas un numéro 9. Et pourtant, à quelques exceptions près, c’est lui qui a assumé le rôle de remplaçant de Bedia dès lors que ce dernier a été blessé durant la première partie de saison. Même si, avec Rodelin, Servette joue avec un 9 qui n’a rien de tel.
C’est le profil du Français: un joueur d’association avant tout. Pas vraiment dans l’intensité, surtout dans la réflexion et dans l’orientation. Avide de liberté, Rodelin contribue à faire avancer le jeu, qu’importe le poste qui lui est assigné, lui qui a aussi bien évolué sur l’aile ou dans un rôle plus reculé depuis sa signature à Servette à l’été 2021.
D’ailleurs, les chiffres racontent aussi cet attaquant complètement différent: il reçoit beaucoup plus la balle que ses concurrents, la touche moins dans la surface et tire surtout dans des positions peu avantageuses. Ce n’est d’ailleurs pas tout à fait un hasard que son seul but de la saison soit sa fameuse demi-volée de 45 mètres en ouverture de saison contre Saint-Gall.
Est-ce à dire qu’il ne faut pas compter sur lui? Non. Et si la fragilité de Bédia et Crivelli devait se confirmer, il fait peu de doute que Geiger pensera notamment à Rodelin. Même si cela suggère à ses coéquipiers de s’adapter: la présence dans la surface devra venir d’ailleurs.